PHOTO : GETTY IMAGES / ELENA LEONOVA

Plus de 5 millions de voyageurs entrant au Canada exemptés de quarantaine

Depuis le début de la pandémie, les responsables des services frontaliers canadiens ont donné l’autorisation à plus de 80 % de toutes les personnes entrant au Canada de se soustraire à l’obligation d’effectuer une quarantaine de 14 jours. Leur nombre est très élevé et cela pourrait bien être un facteur important de transmission de l’épidémie.

Les Canadiens savaient que plusieurs catégories de travailleurs jugés essentiels étaient exemptées, dont ceux en santé et les camionneurs. Les chauffeurs de camion représentent à eux seuls près de la moitié du total des entrées au Canada. Mais peut-être les Canadiens n’avaient-ils pas eu avant aujourd’hui une idée claire de l’ampleur du phénomène.

Selon l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), plus de 5,3 millions de personnes ont été autorisées à passer outre la quarantaine de 14 jours mise en place lorsque le pays a fermé ses frontières aux voyages non essentiels fin mars. En d’autres termes, 80 % des 6,5 millions de personnes arrivées au Canada entre le 31 mars et le 12 novembre ont été exemptés de la quarantaine.

Ce chiffre de 5,3 millions n’est qu’une estimation, car le gouvernement fédéral n’a commencé à détailler tous les cas de dérogation qu’à partir du 31 juillet.

L’ASFC n’a pas expliqué pourquoi elle a attendu quatre mois après la fermeture de la frontière avant de commencer à recueillir les coordonnées de tous les voyageurs exemptés de quarantaine.

Une menace à la santé publique?

Selon les experts en santé, des tests de détection de COVID-19 de routine sur ces millions de travailleurs essentiels traversant les frontières auraient permis d’atténuer les risques de transmission du coronavirus.

Au cours des sept derniers mois, le pourcentage de cas liés à des voyages internationaux a varié de 0,4 % en mai à 2,9 % en juillet, avance l’Agence de la santé publique du Canada. Au cours des deux dernières semaines, 47 vols internationaux entrant au Canada se sont avérés avoir eu au moins un cas confirmé de COVID-19 à bord.

L’épidémiologiste Colin Furness, spécialiste dans le contrôle des infections et professeur à l’Université de Toronto, estime qu’idéalement, le gouvernement aurait dû suivre tous les voyageurs exemptés de quarantaine depuis le début de la fermeture de la frontière fin mars. « C’est un manque d’imagination et un manque de préparation », a-t-il dit.

L’épidémiologiste Raywat Deonandan, professeur à l’Université d’Ottawa, affirme pour sa part qu’il suffit d’un seul voyageur infecté pour déclencher une épidémie. « Il est possible qu’un voyageur se présente, se rende à une église ou dans un autre endroit et soit ensuite le déclencheur d’un événement de grande ampleur », a-t-il affirmé.

MM. Deonandan et Furness suggèrent que des tests rapides de COVID-19 sur tous les travailleurs essentiels traversant la frontière aideraient à atténuer les risques.

L’ASFC explore ce concept dans le cadre d’un projet pilote offrant des tests de COVID-19 aux voyageurs à deux postes frontaliers désignés en Alberta. Or, un rapport intermédiaire d’une étude de l’Université McMaster publié mardi révèle que 99 % des voyageurs se présentant à la frontière ont reçu un résultat de test négatif pour la COVID-19, et que 1 % ont obtenu un résultat positif.

Un projet pilote permet aux personnes arrivant à l’aéroport international de Calgary de subir un test de dépistage du virus qui cause la COVID-19 sur les lieux afin de réduire la durée de leur quarantaine de 14 à 2 jours. PHOTO : LA PRESSE CANADIENNE / JEFF MCINTOSH

Révélations dans un contexte politique tendu au Canada

Les statistiques de l’Agence des services frontaliers du Canada sont dévoilées alors que des voix s’élèvent un peu partout au pays pour limiter les déplacements entre certaines provinces ou entre certaines régions d’une même province.

THE CANADIAN PRESS/Darryl Dyck

Le premier ministre nouvellement élu de la Colombie-Britannique a demandé mercredi de limiter tous les déplacements non essentiels entre toutes les provinces. John Horgan exige que le gouvernement fédéral mette en place une « approche pancanadienne » pour les voyages non essentiels.

Bien qu’il n’y ait aucune restriction officielle sur les voyages entre la Colombie-Britannique et le reste du pays, M. Horgan a déclaré que les gens ne devraient pas voyager dans et hors de la province, sauf pour des affaires essentielles, et ce sera la ligne directrice de sa province pour les deux prochaines semaines « au moins ».

« Je demande au gouvernement fédéral de travailler avec nous et les autres provinces pour faire passer le message que si vous n’avez pas besoin de voyager entre les juridictions, vous ne devriez pas le faire », a-t-il dit.

La Colombie-Britannique envisage également une quarantaine obligatoire de 14 jours pour les voyageurs se rendant sur l’île de Vancouver. « Ce n’est pas le moment d’aller surveiller les tempêtes sur la côte ouest de l’île de Vancouver. Ce n’est pas le moment de prévoir un grand rassemblement d’amis pendant les vacances de Noël. Nous devons nous concentrer sur la façon de passer l’hiver, de traverser la deuxième vague », a-t-il déclaré.

« J’encourage le premier ministre canadien à saisir cette occasion avec nous tous. »

RCI avec CBC News et Radio-Canada

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, International, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.