Ottawa maintiendra les Boeing Max au sol pour l'instant malgré la décision américaine. (CP)

Feu vert américain pour l’envol du Boeing 737 Max, mais pas au Canada

En autorisant l’envol de l’avion de Boeing impliqué dans deux accidents meurtriers, le directeur de l’administration fédérale américaine de l’aviation (FAA), Steve Dickson, est « confiant à 100 % » dans la sécurité du Boeing 737 Max ».

L’immobilisation au sol de cet avion dans le monde entier en mars 2019, suite à des tragédies en Indonésie et en Éthiopie qui ont tué 346 personnes, dont 18 Canadiens, n’est toutefois pas levée au Canada.

Le ministre canadien des Transports, Marc Garneau, affirme que les restrictions de vol dans l’espace aérien canadien ne seront pas levées tant que le gouvernement fédéral ne sera pas convaincu que toutes les préoccupations en matière de sécurité ont été effectivement prises en compte et que des procédures et une formation améliorées des équipes de pilotage sont réellement en place au Canada.

« Les experts en sécurité de Transports Canada poursuivent leur processus de validation indépendant afin de déterminer s’il faut approuver les changements proposés pour l’avion, a déclaré M. Garneau dans un communiqué. Nous nous attendons à ce que ce processus se termine très bientôt. Toutefois, il y aura des différences entre ce que la FAA a approuvé aujourd’hui et ce que le Canada exigera de ses opérateurs. Ces différences incluront des procédures supplémentaires sur le poste de pilotage et avant le vol, ainsi que des différences dans la formation. »

Les deux tragédies impliquant le Boeing 737 Max ont été causées par des capteurs d’air défectueux qui ont poussé le nez de l’avion vers le bas alors qu’il était en vol. Boeing avait mis au point un logiciel antidécrochage pour compenser la tendance de l’avion à basculer, mais ce système informatique a empêché les pilotes de reprendre le contrôle de l’appareil lorsque les capteurs ont mal fonctionné.

Pourquoi le feu vert de la FAA n’est pas l’équivalent d’un chèque en blanc au Canada

Traditionnellement, le leadership de la FAA en matière de sécurité aérienne suffisait à faire avancer les choses au Canada. Mais les tragédies aériennes du 737 Max ont révélé rapidement un certain laissez-faire au sein de l’agence de surveillance américaine qui avait l’habitude de s’en remettre largement à l’expertise de la compagnie pour évaluer la sécurité de ses avions et de ses guides d’entraînement des pilotes.

Des organismes gouvernementaux du monde entier, dont Transports Canada et l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne, ont donc procédé indépendamment depuis le début dans cette affaire à leurs propres examens pour décider s’il fallait certifier à nouveau l’avion.

Selon John Gradek, professeur à l’Université McGill et expert en aviation mondiale, lorsque le Max 737 a été approuvé pour la première fois, le Canada s’est probablement fié à l’approbation de la FAA pour sa propre certification plutôt que de mener un examen approfondi de son propre protocole puisque l’avion est fabriqué aux États-Unis.

« Je pense que le Canada a été brûlé la première fois, a dit M. Gradek. Je pense que le Canada veut vraiment s’assurer que le Max répond aux spécifications canadiennes, que le Canada veut vraiment exercer sa souveraineté sur la certification. »

Les écrasements de deux Boeing 737 Max en 2018 et 2019 ont déclenché des enquêtes, évincé des cadres, effrité le leadership américain dans l’aviation mondiale et coûté à Boeing quelque 20 milliards de dollars américains. (Fighterjetsworld)Boe

Réactions des compagnies aériennes au pays

Morgan Bell, porte-parole de la compagnie WestJet qui exploitait 13 Boeing Max 737 au moment des tragédies, estime que les avions de sa compagnie ne seront remis en service que lorsqu’il sera certain qu’ils sont sûrs.

« Le travail de Transports Canada et d’autres régulateurs indépendants dans le monde, combiné à notre propre préparation, nos processus et notre diligence raisonnable, nous donne confiance dans la remise en service de ces avions une fois que Transports Canada aura ouvert le ciel au Max », explique Morgan Bell.

Sunwing Airlines, une plus petite compagnie qui possède quatre appareils Boeing 737 Max, dit qu’elle va elle aussi travailler en étroite collaboration avec Transports Canada pour la remise en service des Max en toute sécurité.

Air Canada, qui possède 24 avions Max dans sa flotte, n’a pas immédiatement fait de commentaire. En mars dernier, la compagnie avait déclaré qu’elle annulerait une commande de 11 nouveaux appareils.

Les promesses américaines d’une plus grande sécurité

« Nous avons fait tout ce qui était humainement possible pour nous assurer que ce type d’accident ne se reproduise plus », a dit mercredi le chef de la FAA, Steve Dickson, à Reuters lors d’un entretien téléphonique de 30 minutes, notant que des changements de conception à l’appareil par Boeing « ont éliminé ce qui causait ces accidents particuliers ».

La FAA exige aussi une nouvelle formation des pilotes pour leur apprendre à gérer un système de sécurité clé appelé MCAS, qui a été défaillant pour les deux accidents mortels. Des modifications à ce logiciel ont également été apportées.

Dans un message vidéo diffusé mercredi, il a déclaré que l’examen de 20 mois était « long et épuisant, mais nous avons dit dès le début que nous prendrions le temps nécessaire pour y parvenir ».

Steve Dickson a cependant suggéré que Boeing avait plus à faire maintenant pour améliorer sa culture d’entreprise sur les questions de sécurité. « Ils ont pris certaines mesures, mais les changements culturels prennent beaucoup de temps à se concrétiser », a-t-il dit.

« Nous continuerons à travailler avec les autorités de réglementation du monde entier et avec nos clients pour remettre l’avion en service dans le monde entier », a affirmé Stan Deal, président et directeur général de Boeing, dans un communiqué.

La compagnie y révèle que plus de ses 50 000 ingénieurs ont été rassemblés dans une seule division qui comprend une nouvelle unité de sécurité des produits et services.

RCI avec CBC News, Reuters et La Presse canadienne

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