Quel est le parent qui n’a pas publié sur Facebook ou sur Twitter une ou deux répliques de son enfant qui l’a surpris par sa spontanéité, sa lucidité ou son humour?
Guy A. Lepage, l’animateur de la célèbre émission de la télévision québécoise Tout le monde en parle, n’a pas dérogé à la règle.
(Écouter l’entrevue avec Guy A. Lepage)
Il y a quelques années, raconte-t-il en entrevue à Radio Canada International, «quand ma fille [Béatrice, NDLR] disait un mot que je trouvais amusant, je le notais et je le publiais sur Twitter et je mettais #Bébéatrice. Et très rapidement c’est devenu vraiment viral et très très populaire».
(L’entrevue avec Guy A. Lepage – Vidéo)
« Les enfants qui sont éveillés et qui ont 4, 5 ou 6 ans, avant qu’ils soient formatés par l’école et l’éducation, sont des esprits libres. Ils disent tout ce qui leur passe par la tête. Des fois, c’est poétique. D’autres fois, c’est complètement trash et odieux ou totalement mignon», dit Guy A. Lepage.
Ces tweets sont vite repérés par le caricaturiste Éric Godin, recruté par le journal Le Devoir plus tard, qui a réalisé quelques planches en utilisant les répliques de la petite Béatrice. Il lui propose d’en faire un livre.
Convaincu, le célèbre animateur embarque et l’aventure aboutit à un livre publié en 2015 aux Éditions La Presse qui porte la signature de la fille de l’animateur et qui est devenue ainsi «la plus jeune auteure au pays »!
L’aventure ne s’est pas arrêtée là. « Dès le lancement du livre, il y a des gens qui sont venus nous voir pour nous dire qu’on devrait en faire un dessin animé. Et c’est parti en vrille », ajoute Guy A. Lepage.
Le bilan après cinq ans de la sortie du livre a de quoi rendre l’auteur et son équipe fiers : la série d’animation en est à sa troisième saison et l’écriture de la quatrième est terminée.
Diffusée chaque dimanche depuis le 6 décembre sur ICI Télé, la télévision de Radio-Canada, jusqu’au 3 janvier prochain, la série est aussi disponible sur TOU.TV, le service web de vidéo sur demande du diffuseur public.
L’animateur explique qu’il avait la chance d’avoir une fille qui était « une mitraillette de répliques ». Elle en sortait « 25 par semaine ». Il n’avait pas jugé utile de les publier, car « comme tous les parents du monde entier, je trouvais ma fille charmante », explique-t-il.
Le déclic est venu le jour des attentats contre Charlie Hebdo, le journal satirique français. « Je regardais les nouvelles en direct pendant des heures et des heures en oubliant complètement que Béatrice était à côté de moi. Et à un moment, elle me lance : « Tu sais papa, quand on n’aime pas un dessin, il ne faut pas tuer les gens, on tourne la feuille de l’autre côté et l’on dessine de l’autre bord, c’est tout » », se rappelle Guy A. Lepage.
« Et là, je me suis dit, ok, elle, elle est dans les ligues majeures, à un autre niveau. Et à partir de là, j’ai dit oui », ajoute-t-il.
La troisième saison donne un peu plus de place à la diversité. Ainsi, on retrouve le personnage de Mme Julie, une personne transgenre, la grande amie de Bébéatrice.
Dans un autre épisode, la jeune héroïne vit sa première amourette éphémère avec le petit Tarek qui repart dans son pays. Ce qui lui cause sa première peine d’amour.
À Montréal, la diversité fait «partie de notre quotidien. je veux que mes enfants voient qu’on peut être heureux en étant modestement riche ou très riche. Et qu’on peut être heureux en étant un enfant qui a des parents séparés ou qui sont ensemble, qui sont du même genre ou non» dit-il.
L’absence de toute référence à la pandémie de COVID-19 dans la saison 3 de Bébéatrice est un choix des auteurs de la série. Les textes ont été écrits juste avant et, « dans 3 ou 4 ans, la COVID sera un mauvais souvenir et on n’aura pas le goût collectivement de regarder ça. Je ne veux pas que quelqu’un ne regarde pas Bébéatrice saison 3 parce que tout le monde portait un masque», conclut-il.
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