Six mois après que le gouvernement canadien a annoncé un plan de sauvetage environnemental de 1,7 milliard de dollars pour procéder au nettoyage de centaines de puits de pétrole et de gaz dans l’ouest du pays, l’opération semble s’être essoufflée avant même de s’être véritablement élancée.
La majorité des 1,7 milliard de dollars de fonds publics destinés au nettoyage de ces anciens puits n’a toujours pas été dépensée.
Cette opération devait non seulement assainir l’environnement, mais aussi fournir du travail dans le secteur pétrolier de l’Alberta et de la Saskatchewan durement touché par le ralentissement économique causé par la pandémie.
La situation dans le secteur énergétique albertain est critique. 2020 est la pire année jamais enregistrée pour le forage dans les champs de pétrole canadiens.
La crise du pétrole en Alberta provoque des fusions d’entreprises qui soulèvent à son tour de plus en plus d’inquiétudes quant au sort de centaines de puits de gaz acide, de pipelines et d’autres installations abandonnées.
Une mission de nettoyage difficile à gérer
Le gouvernement albertain, qui a reçu la plus large portion de la somme de 1,7 milliard et est chargé de distribuer les fonds aux équipes de nettoyage, affirme avoir été débordé lorsque des dizaines de milliers de demandes ont afflué.
Ce gouvernement a affecté davantage de personnel à l’administration du programme, mais l’initiative semble s’être embourbée dans les méandres de la bureaucratie.
Jusqu’à présent, le gouvernement de l’Alberta n’a approuvé la dépense que d’environ un quart du financement, qui est réparti entre les activités d’abandon des puits (179 millions de dollars) et les travaux de remise en état de l’environnement (85 millions de dollars).
Grande déception dans le secteur énergétique
« Je dirais que beaucoup d’entre nous sont à la fois déçus et frustrés », déclare Garnet Amundson, président de la société Essential Energy Services, basée à Calgary.
« Notre principal objectif devrait être de nettoyer les sites des puits et de remettre les gens au travail parce que nous sommes complètement désespérés », ajoute M. Amundson.
« En ce moment, je pense que presque tout le monde est malheureux. Les producteurs de pétrole et de gaz ne font pas nettoyer leurs puits, les agriculteurs et les propriétaires terriens sont mécontents, les sociétés de services pétroliers ne font pas travailler leur trésorerie, et les groupes environnementaux nous critiquent tous parce que nous ne faisons pas notre travail pour nettoyer ce gâchis. »
Les responsables gouvernementaux soulignent qu’ils essaient de distribuer l’argent rapidement, tout en précisant que le programme a été conçu pour que certaines phases de financement s’étendent jusqu’en 2021 et que les travaux ne doivent être achevés qu’à la fin de 2022.
« Les fonctionnaires de mon ministère travaillent 24 heures sur 24. Je ne peux pas dire assez de bonnes choses sur leur travail », dit à CBC News Sonya Savage, ministre de l’Énergie de l’Alberta.
Nettoyer les 100 000 puits de pétrole et de gaz abandonnés coûterait jusqu’à 70 milliards de dollars
Alors que la situation économique continue de s’aggraver, le nettoyage d’anciens puits de pétrole et de gaz improductifs dans la province de l’Alberta pourrait coûter jusqu’à 70 milliards de dollars, selon un rapport publié l’an dernier.
Produit par l’Alberta Liabilities Disclosure Project (ALDP), un consortium qui comprend des propriétaires fonciers et des scientifiques, le rapport estimait qu’un nettoyage complet coûterait en fait de 40 à 70 milliards.
La somme de 70 milliards est beaucoup plus élevée que l’estimation de l’Alberta Energy Regulator (AER), une agence gouvernementale qui supervise les activités de forage.
Cette agence évalue le coût prévu de l’assainissement de toutes les infrastructures pétrolières et gazières à 58,65 milliards. Les chiffres de l’AER comprennent les pipelines et autres installations, tandis que ceux de l’ALDP ne concernent que les puits de pétrole et de gaz.
Le nombre de puits orphelins gonfle
Les faillites liées à la baisse des prix mondiaux du pétrole sont responsables de la croissance exponentielle des puits orphelins en Alberta.
En 2014, le nombre de puits classés « orphelins », c’est-à-dire ceux qui n’ont pas d’entreprise solvable pour effectuer l’abandon et la remise en état, était de 162. Un an plus tard, ce nombre était passé à 768.
En mars 2017, le nombre de puits orphelins en Alberta atteignait 2084. Aujourd’hui, ce nombre dépasserait les 3500!
Une solution à long terme
Une véritable solution pour le bien-être de l’environnement et la sécurité des citoyens consisterait à exiger des entreprises qu’elles mettent de l’argent de côté, comme une caution, avant d’être autorisées à forer un puits.
D’autres affirment que des échéanciers plus stricts devraient être établis pour le traitement des puits inactifs.
Même après plus de 100 ans d’exploitation pétrolière vigoureuse, la loi albertaine ne prévoit pas de délai pour l’abandon et la remise en état des puits par les sociétés pétrolières et gazières.
RCI avec les informations de CBC News, La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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