(Photo : LA PRESSE CANADIENNE/Ryan Remiorz)

1790 exemptions de quarantaine aux ligues sportives et voyageurs d’affaires

Outre les camionneurs et des travailleurs jugés essentiels comme ceux de la santé, un certain nombre d’individus ont obtenu une dérogation ministérielle spéciale pour ne pas avoir à respecter une période de quarantaine en entrant au pays. Une enquête de CBC News révèle qu’il s’agit d’un très petit nombre de personnes, soit 1790.

Seuls trois ministres peuvent accorder aux personnes arrivant au Canada des exemptions leur permettant de se soustraire à la loi canadienne sur la quarantaine obligatoire de 14 jours si cette dérogation est jugée « dans l’intérêt national ».

Le gouvernement ne définit pas cependant quel type de cas est considéré comme étant « dans l’intérêt national ».

CBC News a ainsi demandé au ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne, au ministre de la Sécurité publique Bill Blair et au ministre de l’Immigration Marco Mendicino des précisions sur leurs choix d’exemptions de quarantaine d’intérêt national, y compris les raisons pour lesquelles elles ont été accordées.

Le sport est privilégié

Selon les informations obtenues, 1790 personnes ont reçu une autorisation ministérielle spéciale pour contourner la quarantaine et 84 % de ces personnes étaient liées aux ligues sportives professionnelles, et 15 % aux voyageurs d’affaires.

Le bureau du ministre de l’Immigration précise avoir accordé des exemptions de quarantaine à 1503 athlètes professionnels, notamment aux membres d’équipe de la Ligue nationale de hockey.

« Ces exemptions ont été accordées pour soutenir la croissance et la reprise économiques, et pour donner aux Canadiens une certaine « normalité » pendant une période incroyablement difficile », a dit Alexander Cohen, attaché de presse du ministre Mendicino.

Le ministère des Affaires étrangères a pour sa part déclaré n’avoir accordé que 273 exemptions de quarantaine. La grande majorité (265) était des « exemptions de mobilité professionnelle » qui ont été accordées à des voyageurs d’affaires pour effectuer des travaux ou des tâches spécifiques au Canada « considérés comme étant dans l’intérêt national », explique la porte-parole Ciara Trudeau.

Elle précise que 250 de ces exemptions ont été accordées à des pilotes et des travailleurs de l’aérospatiale titulaires d’une licence, dont certains devaient entrer au Canada pour suivre une formation. Pour d’autres, leur présence était « contractuellement requise pour finaliser la vente et la livraison d’un avion construit au Canada ».

Plus de 5 millions de voyageurs entrant au Canada exemptés de quarantaine

Plusieurs catégories de travailleurs jugés essentiels sont automatiquement exemptées de la quarantaine, dont ceux en santé et les camionneurs.

Il y a un mois, l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) avait révélé que plus de 5,3 millions de personnes avaient été autorisées à passer outre la quarantaine de 14 jours mise en place lorsque le pays a fermé ses frontières aux voyages non essentiels fin mars.

En d’autres termes, 80 % des 6,5 millions de personnes arrivées au Canada entre le 31 mars et le 12 novembre avaient été exemptés de la quarantaine. Les chauffeurs de camion représentent à eux seuls près de la moitié du total de ces entrées au Canada.

Leur nombre est très élevé et cela pourrait bien être un facteur important de transmission de l’épidémie.

Une menace à la santé publique?

Selon les experts en santé, des tests de détection de COVID-19 de routine sur ces millions de travailleurs essentiels traversant les frontières auraient permis d’atténuer les risques de transmission du coronavirus.

Le pourcentage de cas liés à des voyages internationaux a varié de 0,4 % en mai à 2,9 % en juillet, avance l’Agence de la santé publique du Canada. Au cours des deux dernières semaines, 47 vols internationaux entrant au pays se sont avérés avoir eu au moins un cas confirmé de COVID-19 à bord.

L’épidémiologiste Colin Furness, spécialiste dans le contrôle des infections et professeur à l’Université de Toronto, estimait récemment qu’idéalement, le gouvernement aurait dû suivre tous les voyageurs exemptés de quarantaine depuis le début de la fermeture de la frontière fin mars. « C’est un manque d’imagination et un manque de préparation », a-t-il dit.

L’épidémiologiste Raywat Deonandan, professeur à l’Université d’Ottawa, affirme pour sa part qu’il suffit d’un seul voyageur infecté pour déclencher une épidémie. « Il est possible qu’un voyageur se présente, se rende à une église ou dans un autre endroit et soit ensuite le déclencheur d’un événement de grande ampleur », a-t-il dit.

MM. Deonandan et Furness suggèrent que des tests rapides de COVID-19 sur tous les travailleurs essentiels traversant la frontière aideraient à atténuer les risques.

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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