Partout au pays, des travailleurs au statut précaire revendiquent des meilleures conditions de travail en matière de santé et sécurité et d'un régime migratoire qui les protège.  (Photo : CBC / Timothy-Frederick-PC-Virginia-Smart)

Des ONG dénoncent des politiques qui ne protègent pas assez les travailleurs migrants

Depuis le début de la pandémie, dans plusieurs régions du Canada, des organismes d’aide aux migrants dénoncent des conditions de travail précaires pour les travailleurs migrants. 

Lundi, en Ontario, le collectif Justicia for Migrant Workers (J4MW) a lancé un appel au gouvernement canadien pour qu’il défende les droits des « centaines d’ouvriers agricoles migrants de Trinité-et-Tobago » actuellement bloqués au Canada.

Leurs contrats sont maintenant arrivés à terme, car leurs services ne sont plus nécessaires en hiver. Ces travailleurs ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine pour rejoindre leur famille en raison des restrictions de voyage imposées par leur pays d’origine. Ils sont coincés dans un hiver canadien sans aucune forme de soutien au revenu et sans aucune aide d’aucune sorte de la part du gouvernement Trudeau. Ces travailleurs sont contraints de passer de précieuses vacances loin de leur famille, sans revenu, sans logement, sans vêtements d’hiver.Justicia for Migrant Workers

J4MW exige que ces travailleurs reçoivent immédiatement des prestations d’assurance-emploi, ainsi que des permis de travail ouverts.

Ils ne devraient être soumis à aucune condition pour travailler au Canada ni être confrontés à des obstacles ou répercussions administratifs qui nuiraient à leur futur retour au Canada.Justicia for Migrant Workers

Le collectif demande aussi au gouvernement que les frais requis pour l’obtention d’un permis de travail soient supprimés pour ces travailleurs. Ils demandent également qu’ils obtiennent le statut de résident permanent.

Après avoir été sur la ligne de front, une centaine de travailleurs migrants originaires de Trinité-et-Tobago sont coincés au Canada en raison de restrictions de voyage. (Photo : Virginia Smart/CBC)

Au Québec, la Coalition contre le travail précaire met le premier ministre François Legault au défi d’entendre les témoignages de travailleurs migrants sur les « conséquences désastreuses » de ses politiques sur leur vie.

Déneiger des camions des remorques est un travail très dangereux sans les équipements de sécurité appropriés. C’est ce qu’exige l’employeur au chauffeur de grands camions routiers d’origine philippine Benito Supan, décrie la Coalition contre le travail précaire.

C’est extrêmement difficile d’avoir moins d’heures, étant payé au salaire minimum. Avec moins d’heures de travail, je n’aurais pas été capable de me nourrir ou de payer mon loyer. Benito Supan

Dans une conférence de presse samedi, cette alliance d’organismes a présenté les témoignages des travailleuses et travailleurs qui revendiquent de meilleures conditions de travail en matière de santé et sécurité et d’un régime migratoire qui les protège. 

L’employeur a pris avantage du fait que Supan ne pouvait pas facilement changer d’emploi à cause de son permis de travail fermé. Il est rémunéré au salaire minimum pour un travail normalement payé autour de 22 $ de l’heure pour les autres travailleurs. Si un travailleur refusait ce travail dangereux, l’employeur le punissait en lui enlevant des heures, les laissant dans une situation financière désastreuse.Communiqué de la Coalition contre le travail précaire

(Photo : Confédération des syndicats nationaux)

Les critiques de la Coalition contre le travail précaire visent particulièrement le gouvernement québécois dont le premier ministre a qualifié de héros ou encore d’« anges gardiens » les travailleurs essentiels pendant la pandémie. 

En dépit des remerciements que Legault a donnés aux travailleuses et travailleurs essentiels comme Supan, son gouvernement n’a pas mis en place des mesures de protection adéquates en matière de santé et de sécurité. De plus, la récente réforme du système d’immigration a exclu les travailleuses et travailleurs occupant cet emploi de l’accès à la résidence permanente par le Programme de l’expérience québécoise.Coalition contre le travail précaire

Selon cette alliance, le travail précaire est une réalité pour beaucoup trop de personnes au Québec et au Canada.

 Vergelie, une réfugiée d’origine haïtienne au Québec depuis trois ans, dit subir des actes d’intimidation de la part de son employeur et d’une agence de placement.

En attendant la révision de sa demande d’asile, Vergelie travaillait dans une usine de transformation de viande à Sherrington par l’entremise d’une agence de placement.

Elle s’y est blessée, mais sa demande d’indemnité de santé et de sécurité a été refusée. 

Si vous ne reconnaissez pas mes droits, alors que j’ai été une victime de violence par mon employeur, et que vous me déportez, tout ce que je connais n’est qu’une souffrance dans ce pays, trop de souffrance. Vergelie, en s'adressant au premier ministre du Québec

Lors de l’événement de samedi, une « vidéo de Noël » a également été dévoilée. Utilisant la technique du théâtre forum, des travailleurs ainsi que des alliés des organismes faisant partie de la Coalition contre le travail précaire ont mis sur pied ce projet pour dénoncer les difficultés de nombreux migrants :

La Coalition contre le travail précaire est formée par LVC-CTI, un centre pancanadien d’éducation aux droits du travail, l’Organisation des femmes philippines du Québec PINAY Québec et l’Association des travailleuses et travailleurs migrants du Québec (ATTMQ)

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Société
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