Le fondateur du mondialement connu festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, est déclaré non coupable de viol et d’attentat à la pudeur dans une affaire remontant à 1980, trois ans avant le lancement de son festival de comédie, alors qu’il avait 25 ans et que la personne qui l’accusait avait 20 ans.
La plaignante, Annick Charette, a témoigné qu’elle avait rencontré Gilbert Rozon le jour précédent le présumé viol lorsqu’il était venu à la station de radio où elle travaillait pour y enregistrer des annonces publicitaires.
Il l’avait invitée à sortir dans une boîte de nuit après le travail. Affirmant être fatigué, il avait refusé de la reconduire chez elle, selon la plaignante. Il lui a alors montré une chambre où elle pouvait dormir. Le lendemain matin, elle aurait trouvé Rozon couché sur elle. C’est alors qu’il l’aurait violée.
Il avait pour sa part témoigné que c’était plutôt lui qui s’était réveillé en la voyant à cheval sur lui.
La défense et l’accusation ont toutes les deux fait valoir que la version de l’autre partie manquait de crédibilité.
La juge tranche
En lisant son jugement mardi, la juge Mélanie Hébert de la Cour du Québec a déclaré qu’elle trouvait le témoignage de Mme Charette clair et que la défense n’avait pas prouvé que son témoignage avait pu être influencé par d’autres personnes. Mais la juge a également noté que sur de nombreux points, le témoignage de Rozon était également cohérent.
Finalement, elle estime que les témoignages étaient crédibles, mais que l’accusation n’était pas en mesure de prouver la culpabilité au-delà de tout doute raisonnable.
Présumée victime désappointée
Annick Charette affirme être profondément déçue, car la décision de la juge prouve à ses yeux que le système judiciaire est défectueux lorsqu’il s’agit de cas d’agression sexuelle.
« Les vents encourageants de changement qui se font sentir dans notre société ne se reflètent malheureusement pas encore dans le parcours d’une victime au sein du système judiciaire », a expliqué Mme Charette.
« Ce système suscite de grandes attentes quant à la façon dont la victime se comporte tout au long du processus, et en particulier lors de son premier témoignage… Bien que je sois reconnaissante envers les enquêteurs et les procureurs qui m’ont accompagnée tout au long de cette croisade, ce processus a été comme une tempête, ravivant le traumatisme que j’ai vécu et un fort sentiment d’impuissance. »
Gilbert Rozon arrive mardi au palais de justice de Montréal pour entendre la décision de la juge dans son procès pour viol. (Ivanoh Demers/CBC)
RCI avec CBC News, Radio-Canada et La Presse canadienne
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