L'investissement d'Ottawa a pour objectif de répondre aux besoins essentiels des réfugiés palestiniens, en particulier ceux des femmes et des enfants, "en matière d’éducation, de santé et de moyens de subsistance". (Photo : Muhammad Hamed / Reuters)

Le Canada investit 90 millions pour soutenir les réfugiés palestiniens

Le Canada a annoncé lundi qu’il continuerait de soutenir les réfugiés palestiniens en versant jusqu’à 90 millions de dollars sur 3 ans à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)

Cette annonce intervient alors que l’Office a récemment tiré la sonnette d’alarme après que de nombreux donneurs, dont les États-Unis, eurent cessé leurs subventions. 

En novembre dernier, le commissaire général de l’UNRWA a notamment déclaré que l’organisme connaissait la « pire crise financière » de son histoire.

La ministre du Développement international, Karina Gould, a précisé que ce soutien « permettra de répondre aux besoins croissants des réfugiés palestiniens vulnérables dans les cinq zones d’intervention de l’Office, soit la Cisjordanie, Gaza, la Syrie, le Liban et la Jordanie ».

L’UNRWA gère des écoles et fournit des services de santé ainsi que d’autres formes d’aide humanitaire à environ 5,7 millions de Palestiniens ayant le statut de réfugiés.

En novembre dernier, Philippe Lazzarin, commissaire général de l’Office, déclarait que l’organisme était confronté à la « pire crise financière » de son histoire. (Photo : Muhammad Hamed/Reuters)

« Les besoins des réfugiés palestiniens sont indéniables, surtout en cette période de pandémie mondiale. Les réfugiés sont confrontés à des taux élevés de pauvreté, d’insécurité alimentaire et de chômage », a déclaré par voie de communiqué Mme Gould. 

« Le soutien continu du Canada à l’égard de l’Office s’appuie sur ses engagements de longue date envers les Palestiniens qui contribuent à la stabilité dans la région. »

Ottawa rappelle qu’en Syrie, 91 % des ménages de réfugiés palestiniens vivent dans la pauvreté absolue. Au Liban, plus de 89 % des réfugiés palestiniens déplacés de Syrie ont un besoin urgent d’une aide humanitaire soutenue.

L’engagement du Canada envers les réfugiés palestiniens

L’investissement d’Ottawa a pour objectif de répondre aux besoins essentiels des réfugiés palestiniens, en particulier ceux des femmes et des enfants, en matière d’éducation, de santé et de moyens de subsistance.

Il permettra également de soutenir environ 465 000 réfugiés palestiniens en Syrie et au Liban, indique le communiqué. 

En finançant l’UNRWA, le Canada soutient aussi les valeurs et les principes humanitaires des Nations unies, notamment la neutralité. Le communiqué ajoute que le gouvernement fédéral suit ses investissements de près avec « une surveillance continue, des visites régulières sur place, un processus de sélection systématique et de solides dispositions antiterroristes dans les accords de financement ».

Malgré la crise sanitaire, l’UNWRA a décidé en septembre dernier de partiellement rouvrir les écoles qu’elle gère. Photo d’élèves à Gaza prise le 3 novembre 2020. (Photo : Mohammed Salem/Reuters)

D’ailleurs, Ottawa dit avoir analysé avec attention un rapport d’enquête concernant les allégations portées contre d’anciens hauts dirigeants de l’Office. Les conclusions de ce rapport avancent qu’aucune fraude ou aucun détournement de fonds opérationnels n’a eu lieu et l’UNRWA s’est engagé à réformer son système de gestion avec une nouvelle haute direction. 

Rappelons que le gouvernement de Justin Trudeau a rétabli l’aide à l’UNRWA en 2016 après qu’elle eut été réduite quatre ans plus tôt par son prédécesseur conservateur Stephen Harper.

De 2016 à 2019, le Canada a ainsi investi 110 millions de dollars, et une montant supplémentaire de 1,5 million de dollars a également été annoncé en avril dernier afin d’aider l’organisme à préparer sa réponse à la COVID-19 dans la région.

Crise financière à l’UNRWA

En novembre, Philippe Lazzarini écrivait dans une lettre ouverte à son personnel que l’Office n’avait pas encore obtenu un financement suffisant pour payer entièrement les salaires du personnel pour le mois de novembre 2020, de même pour décembre si aucun fonds n’était perçu d’ici là. 

M. Lazzarini met notamment en cause le fait que plusieurs donateurs n’avaient toujours pas honoré leurs engagements.

Depuis, l’Office a réussi à payer les salaires de 30 000 employés palestiniens au Moyen-Orient pour le mois de novembre, mais un manque de financement pourrait encore entraver le paiement en décembre, ont déclaré des fonctionnaires.

Un garçon et des employés palestiniens de l’UNRWA participent à une manifestation contre les réductions de salaire prévues, devant le siège de l’agence à Gaza, le 23 novembre 2020. (Photo : Mohammed Salem/Reuters)

Adnan Abu Hasna, porte-parole de l’UNRWA à Gaza, a déclaré que le paiement des salaires de novembre n’a été rendu possible que grâce à un prêt de 20 millions de dollars des Nations unies, à de nouvelles promesses de dons de 12 millions et à une avance de la Suède sur sa contribution pour 2021.

« Le paiement de décembre reste incertain et nous avons besoin de 38 millions pour payer les salaires de nos 30 000 employés », a dit M. Abu Hasna à Reuters.

Face à cela, l’Israël fait pression depuis longtemps pour fermer l’agence onusienne, prétextant que celle-ci ne fait que perpétuer le conflit avec les Palestiniens.

Le pays critique la méthode de l’agence pour classer les réfugiés palestiniens puisque leurs descendants sont également admissibles au statut, indique Al Jazeera.

Le président Donald Trump avait répondu favorablement à cet appel en mettant un terme aux aides américaines en 2018. Washington fournissait à l’UNRWA 300 millions de dollars par an, soit environ un tiers de son budget annuel de base.

Désormais, les Palestiniens espèrent que l’administration du président désigné Joe Biden reprendra au moins partiellement les paiements, mais cela pourrait prendre des mois.

Avec les informations d’Al Jazeera et de Reuters.

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