En l’espace de 24 heures, le premier ministre de l’Ontario a averti que les Québécois seraient venus en masse faire du magasinage à Ottawa s’il n’avait pas placé la capitale canadienne en confinement à partir du 26 décembre, puis il a affirmé que les voyageurs internationaux présentent un « risque extrême » de propagation de la COVID-19.
Ce n’est pas la première fois depuis le début de la pandémie qu’en des termes respectueux, mais fermes, que Doug Ford affiche sa peur des étrangers et des risques qu’ils font courir à ses yeux aux 14,5 millions d’Ontariens.
À l’approche des vacances d’été, il avait demandé aux Québécois de rester chez eux, et il avait supplié le gouvernement canadien de continuer de garder la frontière américaine fermée pour garder les Américains dans leur pays en raison des taux d’infections qui y sont très élevés.

Ottawa, la colline du Parlement, telle que vue de Gatineau sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais.
Photo : IS / iStock
Concernant les Québécois

Doug Ford (CBC News)
Le premier ministre Ford a suggéré, lundi, que malgré des taux d’infection relativement faibles dans l’est de l’Ontario, les services et les commerces non essentiels de cette région devaient eux aussi rester fermés comme dans le reste de la province à partir du 26 décembre, parce que cette région est près de la frontière du Québec.
Le Québec étant prêt à entrer dans son propre confinement au même moment, Doug Ford suggérait que si les commerces d’Ottawa restaient ouverts, les Québécois se mettraient à envahir la région.
« Nous savons que le Québec est en train de fermer. Donc, des régions comme Ottawa seront en grand danger pendant les vacances par des gens qui traverseront la frontière si les commerces restent ouverts », a déclaré M. Ford.
« Nous l’avons déjà vu auparavant, a-t-il dit. Quand nous ouvrons et que le Québec ferme, devinez ce qui se passe. Nous avons les Québécois. Rien contre les Québécois, j’aime les Québécois, mais ils vont venir ici en masse. »
Il a ajouté que le nombre d’infections à la COVID-19 allait alors remonter.
Le nombre de cas à Ottawa est beaucoup plus faible qu’au Québec et dans une grande partie du reste de l’Ontario avec environ 29 cas pour 100 000 habitants. Le Québec dans son ensemble a une moyenne d’environ 154 cas quotidiens pour 100 000 habitants, tandis que l’Ontario dans son ensemble en a environ 108.
Rien n’indique pourtant pour le moment que la frontière entre l’Ontario et le Québec sera à nouveau fermée, comme cela a été le cas le long de certaines routes au printemps dernier.
Concernant les voyageurs internationaux

Une passagère étreint un parent après son arrivée en provenance de Hong Kong à l’aéroport international Pearson de Toronto. (Carlos Osorio/Reuters)
Selon Doug Ford, les voyageurs internationaux présentent un « risque extrême » de propagation du COVID-19. Il a fait ce commentaire, mardi, alors que les inquiétudes se sont accrues avec la découverte d’une nouvelle souche du coronavirus au Royaume-Uni.
Le premier ministre a déclaré, mardi, que les voyageurs en provenance de l’étranger devraient subir un test de COVID-19 dans les aéroports canadiens. Il reproche au gouvernement fédéral de ne pas en faire assez pour protéger l’Ontario des voyageurs internationaux.
« Il n’y a tout simplement pas assez d’efforts pour nous protéger contre les menaces qui arrivent de l’extérieur, à nos frontières, sur une base quotidienne. Si le gouvernement fédéral ne prend pas de mesures supplémentaires à nos frontières, nous restons exposés à un risque extrême en ce moment », a dit M. Ford.
Les statistiques n’appuient toutefois pas les inquiétudes soulevées par Doug Ford, selon des commentaires et données recueillis par CBC News.
« C’est comme une toute petite fraction de tous les cas que nous voyons en Ontario, affirme le Dr Isaac Bogoch, médecin spécialiste des maladies infectieuses et membre du groupe de travail du gouvernement Ford sur la distribution des vaccins. Donc, non, ce n’est pas zéro, mais ce n’est certainement pas ce qui alimente l’épidémie en Ontario…. C’était dans le passé, mais ce n’est pas le cas maintenant. »
Parmi les 328 cas de contagions enregistrés en Ontario pour le 20 décembre dont la cause a été établie, les voyages à l’étranger n’ont été responsables que de deux cas.
Une enquête scientifique

Vivek Goel, UW
Vivek Goel, professeur à l’école de santé publique Dalla Lana de l’Université de Toronto, est coresponsable principal d’une étude menée par l’Université McMaster, à Hamilton, sur les voyageurs aériens internationaux arrivant à Toronto. Cette étude comprenait plus de 20 000 tests de COVID-19 effectués sur plus de 8600 participants recrutés du 3 septembre au 2 octobre.
Les résultats provisoires, publiés le mois dernier, montrent que 99 % des participants ont été déclarés négatifs. Parmi ceux qui ont été testés positifs, 0,7 % l’ont été à leur arrivée, tandis que certains l’ont été le 7e jour après leur arrivée et moins de 0,1 % le 14e jour.
Selon les données de l’Agence des services frontaliers du Canada, pour la semaine du 7 au 13 décembre, un total de 67 365 voyageurs sont arrivés au Canada par avion, en provenance des États-Unis ou d’autres destinations internationales.

Des personnes portant des équipements de protection s’enregistrent aux départs internationaux de l’aéroport Pearson, à Toronto, le lundi 14 décembre 2020. Les voyageurs internationaux devront désormais payer pour un test de COVID-19 si nécessaire. LA PRESSE CANADIENNE/Nathan Denette
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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