(The Associated Press/La Presse canadienne/Esteban Felix)

Ottawa doit retarder l’obligation des tests COVID-19 avant les départs en avion

C’est à compter de jeudi que doit en principe entrer en vigueur la nouvelle directive du gouvernement canadien qui obligera tous les voyageurs de plus de cinq ans désirant rentrer au Canada par avion à fournir la preuve d’un test COVID-19 négatif avant de monter en avion. Les compagnies aériennes canadiennes tentent une intervention de dernière heure pour retarder cette échéance, affirmant que l’initiative risque de créer le chao pour les passagers et elles-mêmes, le préavis étant trop court.

Le Conseil national des lignes aériennes du Canada représente Air Canada, WestJet Airlines, Air Transat et Jazz Aviation. Crédit : Istock

« Monsieur le Ministre, nous avons de très sérieuses préoccupations quant à la faisabilité de la mise en œuvre réussie d’une mesure aussi importante dans le délai extrêmement court prévu, sans consultation ni plan coordonné », déclarent dans une lettre les dirigeants d’Air Canada, de WestJet, d’Air Transat et de Sunwing – ainsi que de deux grandes associations commerciales, l’Association du transport aérien international et le Conseil national des lignes aériennes du Canada.

Dans cette lettre envoyée au ministre fédéral des Transports Marc Garneau, les dirigeants aériens proposent de repousser le lancement au lundi 18 janvier, car la date prévue de jeudi de cette semaine pour la mise en œuvre du protocole d’essai n’est pas réalisable à leurs yeux.

Ils affirment que les nouvelles règles créent un « risque réel que les Canadiens soient désormais bloqués à l’étranger » et disent avoir reçu les commentaires des milliers de Canadiens alarmés par cette possibilité.

« Avec les délais actuels et le manque de clarté et de détails, nous devons nous inquiéter particulièrement de la perspective très réelle que des Canadiens de tous âges se voient refuser l’embarquement et soient bloqués à destination, dans le contexte actuel de réduction significative de la fréquence des vols et d’utilisation excessive des ressources des compagnies aériennes, du gouvernement et des consulats en raison de la pandémie », indique la lettre.

Précisions ministérielles

Le ministre des Transports Marc Garneau (Adrian Wyld/Canadian Press)

Le ministre Garneau a cependant précisé la semaine dernière que si les voyageurs peuvent prouver qu’ils n’ont pas pu obtenir de tests COVID-19 à l’étranger, ils peuvent toujours prendre un vol pour rentrer chez eux – mais ils devront être mis en quarantaine dans une installation réglementée par le gouvernement fédéral au Canada, généralement un hôtel.

Ces voyageurs qui pourront prouver qu’ils n’ont pas pu passer un test à l’étranger devront être mis en quarantaine à leur arrivée au Canada pendant 14 jours dans une installation agréée par le gouvernement fédéral, généralement un hôtel réservé à cet usage exclusif.

Cela dit, la semaine dernière, le ministre Garneau avait décrit le scénario en ces termes : « S’ils n’ont pas obtenu le résultat du test et qu’il y a des cliniques disponibles, ils devront reporter leur départ, car ils ne seront pas autorisés à monter à bord », avait-il déclaré. « Si, d’autre part, ils peuvent démontrer… qu’il n’y avait pas de clinique, alors ils peuvent être admis à bord ».

En faisant l’annonce de la nouvelle mesure de contrôle, la semaine dernière, le ministre canadien de la Sécurité publique, Bill Blair, avait souligné le fait que la mesure ne remplace pas la période de quarantaine obligatoire de 14 jours ordonnée par le gouvernement fédéral en mars dernier. « Ce n’est pas une alternative à la quarantaine. C’est une couche supplémentaire », a déclaré le ministre.

Dans une interview accordée à CBC News, le ministre canadien des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc a expliqué qu’il appartiendra aux voyageurs de se débrouiller pour se faire tester, car ceux qui se lancent dans des voyages non essentiels à l’étranger doivent assumer entièrement la responsabilité d’avoir choisi de bafouer les directives de santé publique. THE CANADIAN PRESS/Matt Smith)

Une mesure dont l’annonce a été précipitée

Les compagnies aériennes affirment dans leur lettre qu’elles n’ont pas été consultées, alors que ce sont elles qui devront mettre en application les nouvelles règles et qu’elles devront le faire sans directives élaborées du gouvernement sur comment procéder.

Le Conseil national des lignes aériennes du Canada affirmait, la semaine dernière, que l’annonce a été faite « sans coordination préalable avec l’industrie, et avec de nombreux détails opérationnels et de communication importante qui restent à déterminer ». Une source au sein de l’industrie – qui s’est entretenue avec CBC News sur la condition de confidentialité – a déclaré que les compagnies aériennes étaient « totalement aveuglées par cette annonce ».

« Les compagnies aériennes n’ont pas été consultées », a expliqué la source. « Il était clair pour elles que le gouvernement n’a pas étudié si les tests étaient disponibles ou non et qu’elles seraient les règles concernant les personnes à qui l’on devrait refuser l’embarquement ».

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a exprimé, ce week-end, sa profonde frustration par rapport à la nouvelle exigence canadienne de test COVID-19 pour tous les voyageurs aériens.

« Il est à la fois insensible et peu pratique d’imposer cette nouvelle exigence aux voyageurs dans un délai aussi court. De plus, il est totalement irréaliste d’exiger que les compagnies aériennes vérifient le respect de la nouvelle règle par les passagers, car il ne peut être du ressort de la compagnie aérienne de déterminer si un passager a fait tout son possible pour se faire tester ou non. »

Des voyageurs quittent le terminal après leur arrivée à l’aéroport international Pearson de Toronto le lundi 16 mars 2020. (Nathan Denette/Canadian Press)

RCI avec CBC News

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