Le conseiller spécial du Canada sur la tragédie du vol PS752 rejette l’offre faite par Téhéran, il y a une dizaine de jours. L’Iran offrait de verser 150 000 $ US américains (191 000 $ CA) à chaque famille des victimes tuées dans l’écrasement du Boeing 737 de l’Ukrainian International Airlines qui a été abattu par des missiles iraniens peu après son décollage le 8 janvier 2020.
Ralph Goodale, ancien ministre canadien de la Sécurité publique du gouvernement de Justin Trudeau, affirme que l’Iran n’a pas le droit d’offrir unilatéralement une indemnisation aux familles des victimes, car le montant final doit être sujet à des négociations entre l’Iran et le Canada ainsi que les quatre autres pays dont les citoyens ont été tués dans l’avion.
Parmi les victimes du vol PS752 figuraient des dizaines de citoyens canadiens et de résidents permanents, ainsi que de nombreuses autres personnes ayant des liens avec des universités canadiennes. L’avion transportait 167 passagers et 9 membres d’équipage, soit 82 Iraniens, 57 Canadiens, 17 Suédois, 11 Ukrainiens, 4 Afghans et 4 Britanniques.
« Il y a un processus de négociation qui n’a pas encore eu lieu, a déclaré M. Goodale. Mais il n’a pas encore commencé. Il est donc un peu prématuré qu’un chiffre soit diffusé dans le domaine public, car aucune des autres parties impliquées dans ce processus n’a eu la moindre influence. »
M. Goodale affirme que l’offre de compensation de l’Iran est « en décalage » avec le droit international de l’aviation. « Ce n’est pas un processus … quand il s’agit de compensation que l’Iran peut simplement déterminer unilatéralement », a-t-il ajouté.
Les compensations ne suffisent pas
Les autorités canadiennes affirment que l’Iran n’a pas divulgué toutes les preuves pertinentes ni fourni de réponses satisfaisantes à un certain nombre de questions en suspens. Il s’agit notamment de connaître l’identité des responsables, de la chaîne exacte des événements qui ont conduit des gardiens de la révolution à ouvrir le feu sur l’appareil. Ottawa et les autres pays concernés comme la France et l’Ukraine veulent aussi connaître qui a pris la décision de laisser l’espace aérien iranien ouvert au trafic civil la nuit même où l’Iran a lancé un barrage de missiles balistiques sur les forces américaines en Irak.
Pendant des jours, l’Iran avait nié que ses militaires étaient responsables de l’abattage de l’avion. Mais avec de nombreuses preuves issues des services de renseignement occidentaux, l’Iran avait fini par reconnaître que ses militaires avaient tiré sur l’avion ukrainien à un moment où les tensions entre l’Iran et les États-Unis s’intensifiaient.
Téhéran avait blâmé « l’erreur humaine » pour la destruction du vol en plein ciel, déclarant dans un rapport publié au cours de l’été dernier que des militaires ont établi à tort le vol civil comme une menace et ont ouvert le feu à deux reprises sans obtenir l’approbation de leurs supérieurs.
Les familles des victimes réclament davantage
Le Montréalais Armin Morattab, qui a perdu son frère Arvin et sa belle-sœur Aida Farzaneh, trouve « insultant » que l’Iran tente d’offrir 150 000 $ US aux familles des victimes. « Qu’est-ce que ça signifie? On ne fait pas d’enquête, on vous paie et on s’attend à ce que vous restiez silencieux et le dossier est clos », a-t-il tranché.
M. Morattab exhorte le Canada à faire pression sur l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour qu’elle condamne davantage le comportement de l’Iran dans ce dossier.
Le porte-parole d’une association de familles de victimes au Canada déclarait, il y a une dizaine de jours, que le gouvernement canadien devrait engager une action en justice contre l’Iran. « Ce que fait l’Iran est humiliant et insultant pour les familles », a lancé Hamed Esmaeilion, qui a perdu sa fille de 9 ans, Reera, et sa femme, Parisa.
« Nous devons connaître la vérité et nous devons voir les criminels devant un tribunal indépendant et impartial comme la Cour internationale de justice [des Nations unies], a-t-il ajouté. Nous en avons fini avec les actions de l’Iran. Maintenant, c’est au tour de notre gouvernement d’agir et de réagir. De leur retirer l’enquête et de les traduire en justice. »
L’association des familles des victimes a publié, il y a une dizaine de jours, une déclaration demandant une enquête indépendante et transparente.
RCI avec La Presse canadienne, CBC News et RCI
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