Plusieurs sources indiquent que l’annulation du permis de prolongation du pipeline Keystone XL sera décrétée par le nouveau président Biden le jour même de son assermentation, mercredi, à Washington. Il s’agirait d’un échec cuisant pour l’industrie pétrolière de l’Ouest canadien qui compte sur ce nouveau robinet pour écouler son pétrole hors du pays.
L’opposition de Joe Biden à ce projet d’expansion transfrontalier de 8 milliards de dollars est bien connue et la décision s’ajoute à une série de politiques environnementales qui seront adoptées le premier jour de sa présidence, y compris la reconduction de l’Accord de Paris sur le climat.
Il y a plusieurs mois, il en avait parlé dans une interview télévisée et son équipe de campagne en a aussi fait mention.
Le projet de pipeline de plusieurs milliards de dollars, approuvé par l’administration républicaine, transférerait plus de 800 000 barils de pétrole brut par jour de la province de l’Alberta au Nebraska.

Le premier ministre Justin Trudeau accueille le vice-président Joe Biden sur la colline du Parlement à Ottawa en 2016. (Canadian Press)
Rappelons que le 9 novembre dernier, le premier ministre canadien Justin Trudeau était devenu le premier dirigeant international à s’entretenir directement avec le nouveau président désigné des États-Unis. Des sources ayant une connaissance directe de l’appel ont déclaré que si l’accent principal de la conversation portait sur la pandémie, les deux hommes avaient également discuté des relations commerciales bilatérales, en particulier de l’avenir du fameux pipeline Keystone XL.
Les détails de ce que les deux dirigeants se sont dit durant l’appel n’ont toutefois pas été inclus dans les résumés de leur conversation. On rapporte seulement que Biden et Trudeau étaient impatients de « s’engager » sur la question de la « coopération énergétique » et d’autres questions liées aux ressources comme le bois d’œuvre.
Rappelons que lors de la campagne électorale présidentielle, Joe Biden avait fait plusieurs commentaires indiquant que, sous sa présidence, les États-Unis miseraient sur le combat contre les changements climatiques, ce qui entraînerait entre autres un désinvestissement très net de l’État dans le secteur pétrolier. Il a dit qu’il mettrait un trait sur le projet de pipeline entre nos deux nations.
Interrogé sur ce que le Canada va faire pour éviter que le projet de pipeline soit tué, le ministre canadien des Affaires étrangères d’alors François-Philippe Champagne avait déclaré que le gouvernement ferait valoir ses arguments en tant que fournisseur d’énergie fiable aux États-Unis.

En vert, le tracé du nouveau pipeline Keystone XL proposé qui relierait l’Alberta au golfe du Mexique. Et en gris, le tracé du pipeline existant déjà. Photo : Radio-Canada
Réactions d’environnementalistes canadiens

Annamie Paul THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick
La chef du Parti vert, Annamie Paul, a salué la nouvelle, qualifiant les actions de Biden de « contraste de leadership » par rapport aux nouveaux projets de forage en haute mer autorisés par le ministre canadien de l’Environnement en début de semaine dernière.
Keith Stewart, stratège principal en matière d’énergie à Greenpeace Canada, a suggéré que le soutien continu du Canada au pipeline était comme « battre un cheval mort ».
« L’administration Biden nous offre un nouveau départ pour faire face à la crise climatique avec un partenaire de bonne volonté, alors ne le faisons pas sauter en poussant les pipelines », a déclaré Stewart.
Le tronçon canadien du gazoduc est en construction depuis des mois

Jason Kenney (Photo : Sean Kilpatrick/La Presse Canadienne)
Le gouvernement albertain a accepté l’année dernière d’investir environ 1,5 milliard de dollars dans le projet et des milliards supplémentaires en garanties de prêts. En conséquence, la partie canadienne du projet est en construction depuis plusieurs mois avec environ 1000 travailleurs dans le sud-est de l’Alberta.
Le premier ministre Jason Kenney a déclaré précédemment qu’il pensait que sa province pourrait avoir des options légales pour récupérer l’argent des contribuables si le permis de construction aux États-Unis était annulé.
Dimanche, Kenney a déclaré que l’annulation du permis de construction « tuerait des emplois des deux côtés de la frontière, affaiblirait la relation canado-américaine, qui est d’une importance capitale, et saperait la sécurité nationale des États-Unis en les rendant plus dépendants des importations de pétrole de l’OPEP à l’avenir ».
Le pétrole doit continuer de couler

Le chef conservateur Erin O’Toole (Justin Tang/La Presse canadienne)
Le chef du Parti conservateur du Canada, Erin O’Toole, a demandé ce week-end au premier ministre Trudeau de rentrer en contact avec le nouveau gouvernement américain pour s’assurer que Keystone aille de l’avant. « Keystone XL est un projet d’importance nationale qui soutient d’innombrables travailleurs des deux côtés de la frontière », a-t-il écrit dans un courriel.
Kirsten Hillman, l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, a déclaré à La Presse canadienne que l’extension du pipeline s’inscrit dans le plan climatique du pays.
« Le gouvernement du Canada continue à soutenir le projet Keystone XL et les avantages qu’il apportera au Canada et aux États-Unis », a-t-elle dit.
« Non seulement le projet lui-même a beaucoup changé depuis qu’il a été proposé, mais la production de sables bitumineux du Canada a également beaucoup changé. Les émissions de GES par baril de sables bitumineux ont chuté de 31 % depuis 2000, et l’innovation continuera à être le moteur du progrès. »

Manifestation contre le projet Keystone XL, le 13 mai 2013, à New York
Photo : AFP / DON EMMERT
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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