Le président des États-Unis Joe Biden (à droite) et le Premier ministre Justin Trudeau. (Carolyn Kaster/The Associated Press, Adrian Wyld/The Canadian Press)

Pipeline Keystone XL : Trudeau entend faire changer le président Biden d’avis

La promesse électorale du nouveau président américain Joe Biden d’annuler le permis présidentiel de Donald Trump autorisant la construction transfrontalière du pipeline de pétrole brut hante l’industrie canadienne des sables bitumineux dans l’ouest du pays.

La décision, qui selon plusieurs sources devait être annoncée dès sa première journée en fonction, aurait pour résultat de mettre fin immédiatement aux activités de plus de 1000 travailleurs canadiens qui s’affairent en Alberta à la construction de la portion canadienne du pipeline.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré mardi qu’il continuera à faire pression pour infirmer la décision de la nouvelle administration Biden aux États-Unis.

Le pipeline aurait la capacité de transporter plus de 800 000 barils de pétrole de l’Alberta par jour vers les raffineries du Texas. L’oléoduc transfrontalier est depuis longtemps un pilier de la stratégie du Canada pour stimuler les exportations de combustibles fossiles, en « faisant sortir » les ressources énergétiques souterraines de l’Alberta, province sans accès direct aux océans.

En vert, le tracé du nouveau pipeline Keystone XL qui reliera l’Alberta au golfe du Mexique, et en gris, le tracé du pipeline existant. Photo : Radio-Canada

Justin Trudeau persiste et signe

Justin Trudeau en conférence de presse (Photo : Justin Tang/La Presse canadienne)

« Nous avons une position claire et cohérente qui soutient ce projet depuis des années. Notre gouvernement veille à ce que les points de vue du Canada soient entendus et pris en compte par le nouveau gouvernement au plus haut niveau », a-t-il ajouté lors d’un point de presse.

« Je suis vraiment impatient de travailler en étroite collaboration avec le nouveau président et son équipe pour créer des emplois et reconstruire mieux ensemble, pour nous tous. »

« Nous allons continuer à faire valoir cet argument et je me réjouis de m’entretenir avec le président Biden dans les prochains jours », a-t-il conclu.

Ce projet d’oléoduc n’a jamais obtenu la faveur de l’administration démocrate de Barack Obama, qui incluait M. Biden, alors vice-président. Cette administration a ralenti le processus d’approbation pendant près de huit ans, à la grande frustration du premier ministre canadien de l’époque, Stephen Harper, pour finalement rejeter catégoriquement le projet en 2015.

« Le Canada a beaucoup, beaucoup changé depuis que (M. Biden) était vice-président sous les années Harper, par rapport à notre leadership en matière de lutte contre les changements climatiques », a fait valoir Justin Trudeau mardi.

Que va faire le premier ministre?

Interrogé lors de sa conférence de presse quotidienne à Ottawa sur ce qu’il prévoyait de faire spécifiquement pour sauvegarder le projet de 8 milliards  de dollars américains, Justin Trudeau s’est plutôt attardé à souligner ce qu’il avait déjà fait, y compris l’appel téléphonique à M. Biden après son élection en novembre et dans lequel il avait abordé le pipeline et les questions sur le climat.

Puis, il a expliqué que le rôle de Kirsten Hillman, l’ambassadrice du Canada aux États-Unis, sera de relayer les pressions du gouvernement canadien « au plus haut niveau » dans l’entourage du président et de mettre de l’avant les changements apportés au projet d’oléoduc initial pour qu’il soit plus respectueux de l’environnement.

Ottawa présente depuis des mois le projet Keystone XL à l’équipe Biden comme étant très différent des plans initiaux en 2008 et plus respectueux de l’environnement que l’original. Dans une tentative très tardive de gagner les faveurs de M. Biden, le propriétaire de l’oléoduc, TC Énergie, a confirmé dimanche un ambitieux plan visant à consacrer 1,7 milliard dans un système d’exploitation à l’énergie solaire, éolienne et à batterie pour l’oléoduc, afin de garantir qu’il ne produira aucune émission d’ici 2030.

Trudeau a discuté avec le premier ministre de l’Alberta

Jason Kenney, premier ministre de l’Alberta, lors d’une conférence de presse Photo : La Presse canadienne/Jason Franson.

M. Trudeau a parlé du projet, lundi soir, avec le premier ministre de l’Alberta Jason Kenney. Ce dernier a déclaré qu’il demanderait des dommages-intérêts légaux aux Américains si le projet était abandonné. Selon un résumé de l’appel du bureau du premier ministre, Justin Trudeau a clairement indiqué que les travailleurs de l’Alberta avaient toujours le soutien du gouvernement canadien.

Jason Kenney a publié sa propre déclaration de la conversation, indiquant qu’il remerciait le premier ministre pour le soutien continu de son gouvernement au projet. Il avait dit lundi que l’annulation du permis de passage frontalier nuirait aux relations bilatérales entre le Canada et les États-Unis. L’annulation de Keystone XL coûterait aux contribuables albertains un peu plus de 1 milliard de dollars canadiens, selon M. Kenney.

En mars, lson gouvernement a accepté de financer la première année de construction avec un investissement de 1,1 milliard de dollars et de garantir 4,2 milliards de prêts comme moyen de relancer la construction.

Le Canada posséderait peu de cartes dans son jeu

Mikaela McQuade, analyste principal de l’énergie et du climat au sein du groupe Eurasia, estime que le fait que M. Biden envisageait d’annuler Keystone XL dès son premier jour à la présidence en plus de réintégrer l’Accord de Paris sur le climat montre à quel point l’action en faveur du climat est prioritaire dans ses pensées.

« Il est important de prendre ce signal de manière aussi significative que l’administration entrante l’entend », a déclaré Mme McQuade.

M. McQuade a déclaré que les relations entre le Canada et les États-Unis ont considérablement changé au cours des quatre dernières années sous l’administration Trump.

« Il est important de comprendre que l’administration Trump, aussi agressive qu’elle l’était avec l’ALENA, avait besoin du Canada à la table des négociations… Il n’en va pas de même pour les priorités climatiques et énergétiques de M. Biden pour les quatre prochaines années », a conclu Mme McQuade.

Des tuyaux pour la construction d’un pipeline sont transportés à un dépôt de Trans Mountain près de la municipalité de Hope, en C.-B., en août 2019. Photo : La Presse canadienne/Jonathan Hayward.

RCI avec CBC News, La Presse canadienne et Bloomberg

Catégories : Économie, Environnement et vie animale, International, Politique
Mots-clés : , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.