Les réserves de canola du Canada, premier producteur mondial, sont presque épuisées six mois avant la prochaine récolte. La très forte demande, qui fait grimper les prix à leur plus haut niveau en près de 13 ans, est due aux comportements des consommateurs dans le monde qui ont accumulé des réserves de nourriture pendant la pandémie.
La Chine est aussi en bonne partie responsable de la fortune des agriculteurs de l’Ouest canadien où est cultivé le canola. La gourmandise chinoise a fait augmenter de façon générale l’inflation alimentaire dans le monde depuis un an et pousse certains pays à restreindre les exportations de certains types de récoltes.
À la racine de pénurie mondiale de canola, il y a aussi le fait qu’à l’automne dernier les agriculteurs canadiens ont connu leur plus petite récolte en cinq ans.
Le Canada a exporté à ce jour presque 33 % de canola en plus depuis le début de l’année par rapport à l’année dernière, selon les données du gouvernement canadien. Le principal acheteur, la Chine, a plus que doublé ses achats pour atteindre 1,2 million de tonnes en décembre, malgré les restrictions imposées à deux exportateurs canadiens, Richardson International et Viterra.
D’autres exportateurs peuvent encore expédier du canola canadien, ce qui permet de répondre à la demande vorace de la Chine en aliments pour animaux. Mais la fin des stocks en réserve approche.
Les conflits entre les deux pays n’ont pas terni l’appétit des Chinois pour le canola, qui est principalement transformé en huile végétale. (Conseil canadien du canola)
Le canola canadien détourné en quantité record vers la Chine
Malgré les tensions diplomatiques aiguës entre les deux pays et le fait que les autorités chinoises affirment bloquer depuis le printemps 2019 les expéditions de canola des deux grands exportateurs canadiens, le produit est un objet de grande convoitise en Chine, où il a trouvé des moyens détournés d’arriver à bon port.
Alors que d’une main la Chine achète moins directement au Canada, de l’autre elle a acheté de l’huile de canola en Europe et dans les Émirats arabes unis. Or, une bonne partie de cette huile est fabriquée à partir de canola canadien, de l’avis des négociants dans ces pays.
Rappelons que les débuts de dispute commerciale entre la Chine et le Canada remontent au mois de mars 2019. La licence d’importation en Chine d’un important exportateur canadien de canola avait alors été subitement révoquée.
Il s’agissait d’un nouveau chapitre dans la dispute diplomatique plus large dans l’affaire de l’arrestation à Vancouver, en décembre 2018, d’une dirigeante de la compagnie Huawei.
Avant les tensions diplomatiques, le Canada exportait directement près de cinq millions de tonnes de canola vers la Chine chaque année.
Une plante qui vaut son pesant d’or pour l’agriculture de l’ouest du pays
La région des Prairies est le plus grand producteur de canola du monde, et cette plante à fleurs jaunes a rapporté 8,6 milliards de dollars aux agriculteurs en 2018, soit la plus grande part de toutes les cultures.
Les exportations canadiennes de canola vers la Chine ont chuté de 45 % d’une année sur l’autre au cours de la période de 11 mois allant jusqu’en juin, mais le total des exportations de canola a bondi de 9 %, aidé par le triplement des ventes en France et le double des expéditions vers les Émirats arabes unis.
La plante de canola appartient à la famille des choux et eest à l’origine d’une des plus importantes cultures d’oléagineux du monde. Elle est une création 100 % canadienne. Son nom est né de la contraction de Canada et de « ola », qui signifie huile.
Cette huile extraite des graines de la plante figure parmi les plus saines et est très prisée pour sa faible teneur en acide gras érucique, ses qualités culinaires et ses bienfaits sur le système cardiaque.
L’huile de canola, une huile végétale très prisée dans le monde. © Radio-Canada
RCI avec Reuters et La Presse canadienne
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