Le gouvernement fédéral va maintenant classer les Proud Boys, une organisation néofasciste ayant des chapitres au Canada et aux États-Unis, comme entité terroriste en vertu du Code pénal.
Le Canada devient ainsi le premier pays à mettre à l’index cette organisation créée en 2016 par le cofondateur de Vice Media, Gavin McInnes, un Canadien. Le groupe qui compterait plusieurs milliers de membres en Amérique du Nord a un passé de violence de rue, notamment contre les manifestants de Black Lives Matter et les Autochtones.

Le ministre Bill Blair est responsable de la sécurité ( Adrian Wyld/La Presse canadienne)
Le ministre canadien de la Sécurité publique, Bill Blair, a en fait ajouté mercredi 13 nouveaux groupes à la liste des organisations terroristes, une liste peuplée de plusieurs organisations islamistes militantes. Mais c’est l’ajout des Proud Boys à la liste qui retient le plus l’attention étant donné que des membres de ce groupe ont pris d’assaut le Capitole américain le mois dernier.
« Quelle que soit la motivation idéologique, ils sont tous haineux, intolérants et, comme nous l’avons vu, ils peuvent être très dangereux. Leurs actions et leur rhétorique violentes sont alimentées par la suprématie blanche, l’antisémitisme, le racisme, l’homophobie, l’islamophobie et la misogynie. Et, malheureusement, souvent en combinaison de tout ce qui précède. Nous avons vu à plusieurs reprises les résultats tragiques que ce type d’extrémisme peut apporter sur le sol canadien, a déclaré M. Blair en évoquant l’attentat à la mosquée de Québec en 2017 et celui avec une camionnette à Toronto en 2018.

Sur cette photo d’archives du 27 avril 2017, le Canadien Gavin McInnes (au centre), fondateur du groupe d’extrême droite Proud Boys, est entouré de supporteurs après avoir pris la parole lors d’un rassemblement à Berkeley, en Californie. McInnes et son groupe Proud Boys ont été bannis de Facebook et d’Instagram en raison de leurs politiques interdisant l’incitation à la haine. Les remous causés par le refus de Donald Trump de condamner ce mouvement suprémaciste, lors de son débat télévisé avec Joe Biden, auraient eu pour effet de rehausser le profil médiatique de ce groupe au Canada. (Marcio Jose Sanchez/AP Photo)
Quelles sont les conséquences pour les Proud Boys?
Ce n’est pas nécessairement un crime d’être membre des Proud Boys, mais la désignation d’une organisation comme entité terroriste au Canada peut avoir de graves conséquences criminelles et financières.
En vertu de l’article 83 du Code pénal, le fait de « collecter des biens », de « fournir ou inviter une personne à fournir ou mettre à disposition des biens ou des services financiers ou autres services connexes » à une entité terroriste constitue un acte criminel.
Le fait de déclarer les Proud Boys comme étant un groupe terroriste réduira donc substantiellement sa capacité d’opérer de manière significative au Canada. Les Canadiens ne peuvent plus interagir avec ce groupe de manière substantielle. Et s’ils le font, ils pourraient être accusés d’une infraction pénale.

Des supporteurs défilent avec ceux qui prétendent être membres des Proud Boys alors qu’ils assistent au rassemblement du 6 janvier dernier. (Carolyn Kaster/The Associated Press)
Décision qui ne serait pas exclusivement influencée par les évènements du 6 janvier
Un responsable de la sécurité au pays a déclaré sous le couvert de l’anonymat que les Proud Boys étaient examinés depuis un certain temps et que l’attentat du 6 janvier « n’était pas le seul facteur déterminant » dans la désignation du groupe comme entité terroriste.
« C’est un groupe que nous considérons comme une communauté terroriste depuis un certain temps », a affirmé le fonctionnaire.
Il a mentionné que la motion des Communes, poussée par le chef du NPD Jagmeet Singh, n’était pas non plus un facteur de motivation pour désigner les Proud Boys comme terroristes. Il n’y avait « aucune motivation politique », a-t-il dit, ajoutant que les agences de sécurité nationale du Canada sont les seules à déterminer quels groupes devraient être légalement marqués de cette étiquette de terroriste.
L’annonce a été reprise dans des médias internationaux comme Le Monde, en France, ou encore le Washington Post et le New York Times, aux États-Unis, où un examen de l’équipe de sécurité nationale est en cours sur s’il faut déclarer les Proud Boys groupe terroriste.
Aucun parti de l’opposition à Ottawa n’a désapprouvé l’annonce du gouvernement.

La prise d’assaut du Capitole à Washington le mois dernier incite le Canada à ajouter les Proud Boys et d’autres organisations nationalistes blanches de premier plan à la liste. La Chambre des communes avait adopté, le mois dernier, une motion demandant au gouvernement d’utiliser tous les outils disponibles pour lutter contre la prolifération des tenants de la suprématie blanche et des groupes haineux, en commençant par désigner les Proud Boys comme une entité terroriste. (CP)
RCI avec CBC News
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