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Les États-Unis offriront la Lune au Canada en 2023

Les amateurs d’exploration spatiale ont eu droit à un cadeau de Noël de l’Agence spatiale canadienne. Elle a annoncé, en compagnie du ministre fédéral responsable, qu’un astronaute canadien ferait partie de la première mission américaine à retourner en orbite autour de la Lune en 50 ans.

Le Canada deviendra du coup le deuxième pays à envoyer un astronaute dans l’espace lointain. La semaine dernière, l’administration Biden a d’ailleurs confirmé le projet d’une mission vers la lune qui pourrait mener cette fois vers un alunissage d’ici à la fin de 2024.

Il reste beaucoup à faire. Ces nouveaux pas vers la Lune semblent parfois se faire de côté ou même à reculons.

La NASA a retardé récemment la sélection d’un entrepreneur pour l’alunissage après que le Congrès a refusé de financer entièrement la demande finale de budget du président Trump.

L’inspecteur général de la NASA a déclaré mercredi que le programme Artemis, tel que défini par l’administration Trump, coûtera près de 86 milliards de dollars d’ici 2025. Une dépense extraordinaire dans le contexte des déficits budgétaires causés par la pandémie.

La NASA a demandé 3,3 milliards pour financer l’effort d’alunissage au cours de l’année fiscale 2021, mais le Congrès n’a accordé que 850 millions de dollars dans un projet de loi de dépenses adopté à la fin de l’année dernière et signé par Donald Trump.

Néanmoins, pour le moment, Joe Biden soutient le programme de retour des astronautes sur la Lune, selon Jen Psaki, l’attachée de presse de la Maison-Blanche.

« Grâce au programme Artemis, le gouvernement américain travaillera avec l’industrie et des partenaires internationaux pour envoyer des astronautes à la surface de la Lune, un autre homme et une femme sur la Lune, ce qui est très excitant », a dit Mme Psaki la semaine dernière.

Le Canada dans l’exploration lunaire et martienne 

Malgré les obstacles financiers et les embûches techniques, le retour vers la Lune s’accélère. Le Canada a signé en octobre dernier les accords Artémis, une initiative pilotée par la NASA qui établit une ligne de conduite internationale pour la prochaine phase d’exploration du satellite de la Terre. L’objectif est son exploitation minière et la création d’une station spatiale en orbite qui servirait de tremplin aux missions habitées vers Mars.

L’Agence spatiale canadienne s’engage donc auprès de sept autres nations (États-Unis, Australie, Italie, Japon, Royaume-Uni, Luxembourg et Émirats arabes unis) à explorer l’espace de manière pacifique et dans un esprit de coopération internationale.

Les règles de bonne conduite des accords Artémis couvrent des aspects très variés comme la protection du site d’alunissage d’Apollo 11 en 1969 et la limitation de la production de déchets spatiaux en orbite. Précisons qu’Artémis est dans la mythologie grecque une des déesses associées à la Lune, avec Hécate et Séléné.

Lors d’une conférence de presse internationale virtuelle organisée par la NASA, la présidente de l’Agence spatiale canadienne, Lisa Campbell, a salué l’automne dernier l’engagement des huit nations, en soulignant toutefois que des règles plus précises et strictes pour l’exploration de l’espace lointain restent à définir. Mme Campbell a d’ailleurs indiqué que l’agence commencerait à consulter les Canadiens à ce sujet.

L’ABC des accords Artémis

Tous les objets lancés doivent être identifiés et enregistrés.

Tous les membres acceptent de participer aux missions d’urgence.

Les systèmes spatiaux doivent être universels afin que les équipements de chacun soient compatibles.

Les données scientifiques doivent être partagées.

Les sites historiques doivent être préservés.

Les déchets spatiaux qui en résultent doivent être éliminés de manière appropriée.

Les robots et autres engins spatiaux ne peuvent pas voir leurs missions compromises par d’autres missions qui s’approcheraient trop près.

La Russie et la Chine refusent les accords Artémis

La Russie, qui est pourtant le plus grand partenaire de la NASA dans les vols habités et les activités de la Station spatiale internationale, brillait par son absence. Dmitry Rogozin, le chef du programme spatial russe, indique que son pays ne souhaite pas se joindre à cette initiative, une « invasion » lunaire « trop centrée sur les États-Unis ».

La Chine, autre grande puissance spatiale montante, serait pour sa part, même si elle le voulait, incapable de se joindre à cette initiative internationale. Une loi promulguée par le Congrès américain empêche la NASA depuis plusieurs années de s’associer ou de s’engager directement avec la Chine sur des projets spatiaux. Il faudrait que la loi change pour que la NASA puisse approcher la Chine, ce qui dans le climat politique actuel ne semble pas dans les cartes.

Le Canada prendra part au premier vol d’essai habité du vaisseau spatial Orion dans le cadre de la mission Artemis II. (Luis Acosta – AFP)

Les accords Artémis baliseront les activités du programme

Le programme Artemis de la NASA, lancé en 2017, vise à envoyer d’ici 2024 une première femme et « le prochain homme » sur la Lune, dans la région du pôle Sud.

Dans l’immédiat, la NASA se lance avec les entreprises privées dans la création de Lunar Gateway, une nouvelle station spatiale qu’elle envisage d’envoyer en orbite autour de la Lune à partir de 2021. L’agence souhaite créer une « architecture lunaire durable » qui permettrait des allers et retours fréquents de personnes et de pièces d’équipement.

Rappelons que l’Agence spatiale canadienne a lancé, il y a un peu plus de deux ans, un appel auprès des entreprises canadiennes pour des projets et des idées qui lui permettraient de contribuer aux futures missions spatiales d’exploration robotique et humaine sur la Lune.

Notre agence s’intéresse spécifiquement aux systèmes électriques pour les véhicules lunaires et à des techniques novatrices de prospection.

Le programme Artemis prévoit d’exploiter largement les ressources lunaires, en particulier la glace, qui semble être abondante sur les sols des cratères. Cette glace peut non seulement fournir une denrée vitale aux astronautes, mais elle peut également être divisée en hydrogène et en oxygène, les principaux composants du carburant des fusées.

On s’attend à ce que les partenaires spatiaux internationaux demandent au Canada, compte tenu de son expertise, de fournir une robotique fondée sur l’intelligence artificielle pour aider à construire et à exploiter la nouvelle station orbitale autour de la Lune.

Cette nouvelle station spatiale internationale servirait de phase initiale de l’aventure vers Mars, qui deviendrait le point de transit pour les astronautes. On testerait d’abord sur le sol lunaire certains équipements, notamment canadiens, d’une future mission habitée sur le sol martien. Le Canada pourrait-il créer pour cette occasion un bras d’un nouveau type?

RCI avec SpaceFlight Now et CBC News

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