Amnistie internationale rapporte que la violence policière contre les civiles a pris des proportions inquiétantes dans ce pays de l’ouest de la péninsule indochinoise.
Le Myanmar, ancienne Birmanie, connaît depuis quelques semaines une grande instabilité. En toile de fond, un coup d’État militaire qui s’est soldé par l’arrestation et la détention de la chef de la Ligue nationale pour la démocratie et chef du gouvernement de 2016 à 2021, Aun San Suu Kyi, et de plusieurs autres membres influents de ce mouvement. Ce parti a obtenu la majorité des sièges au parlement, à l’issue des élections du 8 novembre dernier.
Depuis, les militaires ont pris le contrôle du pays. Selon le constat du Crisis Evidence Lab, l’armée commet toutes sortes d’exactions sur les civiles, allant même jusqu’à tirer à balles réelles sur des manifestants.
Cette équipe d’Amnistie internationale, spécialisée dans l’analyse des éléments de preuve rapportés par les citoyens, s’est penchée sur des vidéos mettant en scène une agression des forces de l’ordre sur une manifestante de 19 ans, le 9 février.
Elle aurait reçu une balle à la tête, lors des événements dans la région de Naypyidaw et dans les villes de Yangon et Mandalay. Selon les analyses du Crisis Evidence Lab, la victime aurait perdu ses fonctions cérébrales et ses chances de survie seraient faibles.
L’armée aurait nié toute responsabilité dans cette affaire, soutenant notamment que les armes utilisées par les forces de sécurité étaient essentiellement non létales.
Dans un communiqué, le responsable de l’organisme, Sam Dubberly a vivement dénoncé cet usage excessif de la force et appelé l’armée à mettre un terme à ses exactions.
« Les éléments rendus publics sur les réseaux sociaux montrent que la police a pris pour cible les manifestants sans se soucier de leur vie et de leur sécurité. Leur recours abject à la force contre les manifestants est illégal et doit faire l’objet d’enquête indépendante et rigoureuse dans les meilleurs délais. »
M. Dubberly soutient que le droit de la population de faire connaître de manière pacifique ses préoccupations doit absolument être respecté, alors que les manifestations ne désemplissent pas depuis que Mme Suu Kyi a été arrêtée.
La lauréate du prix Nobel de la paix, figure jadis hautement considérée en occident et ailleurs dans le monde en raison de son engagement en faveur de la démocratie, est quelque peu tombée en disgrâce depuis l’affaire du génocide des Rohingyas. Il s’agit d’un groupe minoritaire de religion musulmane apatride, qui a été violemment chassé du pays et contraint à l’errance.
Ayant fui les mauvais traitements de l’armée pour se réfugier dans des pays voisins, à l’instar de l’Afghanistan et du Bangladesh, ces derniers ont été en proie aux intempéries, aux maladies et à toutes sortes de privations en raison de la précarité de leur situation.
Le gouvernement du Canada avait dû dépêcher sur place un envoyé spécial en la personne de Bob Rae, un ancien premier ministre de l’Ontario. Dans un rapport, celui-ci avait brossé un portrait préoccupant de la situation des Rohingyas et dénoncé la façon dont ils ont été traités par les forces de l’ordre birmanes.
Suivant les recommandations formulées par Bob Rae, Ottawa a investi plus de 300 millions de dollars pour résoudre la crise et aider au développement au Myanmar. Le gouvernement fédéral a mis en place une véritable stratégie d’intervention pour soutenir les efforts du Bangladesh qui a accueilli plus de 900 000 des 740 000 réfugiés Rohingya qui ont fui le Myanmar depuis 2017.
À la suite des raids qui ont abouti à l’arrestation et à la détention de Aung San Suu Kyi au cours des dernières semaines, M. Rae est revenu sur la crise qui traverse ce pays. Il a mis de l’avant le fait que la constitution de 2008 confère beaucoup de pouvoir à l’armée dans ce pays, d’où le coup de force actuel.
Lors d’une session extraordinaire sur la situation au Myanmar, le 11 février, le Conseil des droits de la personne des Nations unies a discuté des incidents des derniers jours entre les forces de l’ordre et les manifestants.
À cette occasion, il a été rappelé certains principes de base qui doivent guider l’utilisation de la force et des armes à feu. Il en ressort que la force doit être utilisée qu’en dernier recours lorsque tous les moyens non violents sont épuisés et que le danger est imminent.
Avec des informations d’Amnistie internationale Canada et du gouvernement fédéral.
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