Pourquoi les applications de rencontre ne fonctionnent-elles pas?(C)iStock

Pourquoi les applications de rencontre ne fonctionnent-elles pas?

Des millions de personnes à la recherche de l’âme sœur utilisent les applications de rencontre dont certaines enregistrent des profits record. Leur efficacité est toutefois contestée par plusieurs utilisateurs.

Déçus de passer du temps, voire des années, sur ces applications sans trouver un conjoint acceptable, des utilisateurs ont décidé alors de les désinstaller de leur téléphone. Certains les soupçonnent même de « travailler pour leurs caisses et qu’elles veillent à les garder célibataires pour engranger plus d’abonnement et de revenus ».

Le nombre de couples issu des rencontres sur ces applications reste faible en dépit des publicités vantant leur mérite.

Il y a plusieurs raisons qui ont conduit à cette faible performance.

Les biais du filtrage collaboratif

Les applications de rencontres populaires font appel à la technologie de l’apprentissage machine. Ces algorithmes font le croisement entre des paramètres (âge, personne recherchée, ethnicité…) définis par l’utilisateur, le comportement de ce dernier sur l’application (choix, commentaires et coup de cœur envoyés) et les données recueillies de Facebook sur les membres qui se connectent avec le réseau social. Ces données comportent pas mal de biais, notamment sur l’âge, l’apparence physique et les affinités des membres.

Les outils d’intelligence artificielle de ces applications croient pouvoir trouver, en moulinant toutes ces données, la formule magique qui constitue des couples ayant des atomes crochus. Or, cette correspondance automatique manque d’outils d’authentification et de vérification préalable.

L’apprentissage machine n’est, malgré les prétentions des certaines applications, pas capables de cerner si deux personnes peuvent s’entendre et nouer une relation.

Effet de tête de gondole

Un système de pointage définit la valeur de chaque membre (ce système est baptisé ELO chez Tinder). Il détermine le niveau de popularité du membre. Ceux et celles ayant un score élevé sont propulsés en tête de liste des résultats de recherche. Cette mesure de performance, dénuée d’un aspect qualitatif minimisant les risques d’incompatibilité, amplifie les biais et les inexactitudes du filtrage collaboratif mentionné ci-haut.

Le paradoxe du choix

Les membres des applications, surtout les plus désirés, ont l’embarras du choix. Devant cette abondance, les membres vivent les périls du trop de choix, le paradoxe de choix, caractéristique de notre société de consommation décrite par le psychologue Barry Schwartz. Ce « trop de choix » est parfois paralysant, incite les utilisateurs à être plus pointilleux et à prolonger la liste des conquêtes sans un réel désir d’arrêter un choix définitif. Ce paradoxe de choix est amplifié par les membres qui ne sont présents dans l’application que pour tester leur niveau d’attractivité afin de flatter leur ego et augmenter leur confiance en soi. 

Zoubeir Jazi
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Catégories : Internet, sciences et technologies
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