Des chercheurs de l'Université de Toronto à Scarborough ont découvert qu'un insecticide courant peut ralentir le métabolisme des colibris à gorge rubis de 25 % dans les heures qui suivent l'exposition (Photo : mlharing / Getty Images)

Les colibris menacés par l’agriculture intensive

Un pesticide agricole mettrait en danger les colibris à gorge rubis selon une récente étude de l’Université de Toronto à Scarborough.

Le colibri à gorge rubis (Archilochus colubris) est le plus commun des membres de la famille des colibris au Canada. Considéré comme l’oiseau le plus petit du monde, il mesure entre 7,5 et 9 cm.

Pour parvenir à voler, les colibris dépensent une énergie incroyable. En effet, on estime qu’ils doivent battre des ailes environ 50 fois par seconde.

Les chercheurs en biologie du laboratoire du professeur Ken Welch de l’Université de Toronto expliquent que “leur métabolisme est tellement surchargé que s’ils étaient de taille humaine, ils consommeraient 10 fois plus d’énergie qu’un marathonien olympique”.

Cependant, l’étude montre que l’activité humaine est en train de nuire à l’écosystème et en particulier à cette espèce de colibris.

La cause de cette nuisance se retrouve au niveau des néonicotinoïdes. Ce sont des insecticides systémiques neurotoxiques encore largement utilisés en Amérique du Nord, alors que l’Europe les a bannis depuis 2018.

Qu’est-ce que les néonicotinoïdes?

  • Les néonicotinoïdes font partie des insecticides les plus utilisés de la planète.
  • La vente de ces pesticides à l’échelle mondiale excède les 3,5 milliards de dollars.
  • Il est prouvé que l’injection de ces substances chimiques toxiques dans les plantes est nuisible aux pollinisateurs invertébrés.

L’étude, publiée dans la revue Scientific Reports, estime ainsi que ces pesticides contribueraient au ralentissement du métabolisme des colibris à gorge rubis.

“Nous ne savons pas exactement pourquoi il ralentit. Si c’est le produit chimique qui perturbe les processus métaboliques ou parce qu’ils se sentent simplement malades à la suite d’une exposition.”

Ken Welch, auteur principal

Les chercheurs ont voulu démontrer l’impact sur ces oiseaux remarquables d’une courte exposition à ces pesticides.

Or, selon eux, “dans les deux heures suivant l’exposition, les colibris ont présenté une dépression significative de la dépense énergétique (jusqu’à 25 %) ».

Mais pourquoi les colibris particulièrement?

Le professeur Ken Welch, auteur principal de l’étude (Photo : U of T)

En raison de leur dépense énergétique considérable, les colibris se nourrissent d’environ 1000 fleurs par jour. Lorsqu’ils le peuvent, ils mangent également des insectes et le nectar des fleurs.

Tout cela les expose plus largement à cet insecticide que d’autres oiseaux puisque les néonicotinoïdes s’insèrent dans toutes les parties d’une plante, y compris son nectar.

“Nous n’avons examiné que les premières heures après l’exposition, mais théoriquement il pourrait y avoir un impact à long terme sur le système nerveux central”, explique Ken Welch.

Les chercheurs ne connaissent pas encore les impacts à long terme d’une exposition aux pesticides sur les colibris. Ils alertent cependant les gouvernements sur ces conséquences inconnues, mais qui pourraient mettre en danger la survie de ces oiseaux.

« Si les colibris n’arrivent pas à se nourrir normalement en raison d’une baisse de leur métabolisme, ils risquent de se retrouver confrontés à des problèmes d’énergie », explique le professeur Welch.

« S’ils sont déjà en manque d’énergie, et qu’ils sont ensuite exposés à ce pesticide, ces colibris pourraient très bien se retrouver dans une sorte de pénurie d’énergie peu de temps après. »

Avec les informations de Géo. 

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