Le porte-parole chinois du ministère des Affaires étrangères accuse les députés canadiens de dénigrer la Chine.
Rappelons que ceux-ci ont voté en faveur lundi d’une déclaration affirmant que l’action de la Chine dans la région occidentale du Xinjiang était un génocide perpétré à l’endroit de la minorité religieuse des Ouïgours et d’autres musulmans turcs.
Les députés affirment que cette persécution équivaut à un génocide selon la définition de la Convention des Nations unies sur le génocide de 1948, et ils ont appelé le gouvernement fédéral canadien d’adopter officiellement cette position.
Une majorité substantielle de députés, y compris la plupart des libéraux présents, ont voté pour la motion non contraignante qui a été proposée par le Parti conservateur.
Le premier ministre Justin Trudeau et tous les membres de son cabinet, sauf un, étaient absents lors du vote.
Pourquoi au Canada et ailleurs dans le monde parle-t-on d’un génocide en Chine?

Des hommes de la minorité ouïgoure travaillent dans une ferme près de la ville de Lukqun dans le Xinjiang. Photo : Reuters/Carlos Barria
Les Ouïgours représentent moins de 1 % de la population chinoise. Pourtant, des documents du gouvernement chinois obtenus par le comité de la Chambre des communes montrent qu’environ 80 % de toutes les nouvelles poses de stérilets en Chine ont eu lieu dans le Xinjiang.
Des experts dans le monde et des activistes des Nations unies affirment que plus de 1 million de Ouïgours, de Kazakhs et d’autres personnes ont été détenus arbitrairement en Chine dans des centres ressemblant à des prisons pour endoctrinement politique.
Une sous-commission des droits de l’homme internationaux de la Chambre des communes a déposé un rapport en octobre dernier qui conclut que les mauvais traitements infligés par Pékin aux Ouïgours constituent bel et bien une opération politique de génocide.
En janvier dernier, Ottawa a annoncé une nouvelle réglementation visant à garantir que les entreprises canadiennes ne sont pas complices de violations des droits de l’homme ou de l’utilisation du travail forcé au Xinjiang. Mais ces mesures n’ont pas permis d’imposer des « sanctions de type Magnitsky » aux responsables chinois, ce que réclamaient le comité et les conservateurs dans l’opposition.

Manifestation contre le génocide devant le parlement du Canada LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld
Point de presse de la Chine

Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Photo : VCG
Lors d’un point de presse à Pékin mardi, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré que la motion des Communes ne tenait pas compte des faits et visait à calomnier et à diffamer la Chine.
La Chine affirme que les centres où sont rassemblés les Ouïgours sont destinés à combattre l’extrémisme et à enseigner des compétences professionnelles, mais d’anciens résidents et des groupes de défense des droits affirment qu’ils visent l’islam et les langues et cultures minoritaires.
« Les faits ont prouvé qu’il n’y a pas de génocide au Xinjiang. C’est le mensonge du siècle inventé par des forces extrêmement antichinoises », a ajouté M. Wang.
Il a condamné le vote comme une ingérence dans les affaires intérieures de la Chine et a affirmé que le gouvernement chinois avait « déposé des représentations sévères » auprès du côté canadien.
Il a également rejeté la partie de la motion qui demandait au gouvernement de faire pression sur le Comité international olympique pour qu’il retire à Pékin les Jeux d’hiver de 2022 si le pays ne change pas de cap.
« Les politiciens canadiens politisent le sport contre l’esprit de la charte olympique et cela nuit aux intérêts du mouvement international et aux efforts de tous les pays », a lancé M. Wang.
Hausse des appuis à la délocalisation des Jeux olympiques
Rappelons que, la semaine dernière, c’était au tour du chef du Parti conservateur du Canada de se ranger dans le camp de plus en plus grand de ceux au pays qui réclament que l’on retire à la Chine le rôle d’hôte des JO d’hiver en raison de ses violations des droits de la personne.
Le chef conservateur Erin O’Toole affirmait qu’au minimum le Canada ne devait pas envoyer ses athlètes.
Un groupe de plus d’une douzaine de députés fédéraux a publié une lettre ouverte demandant le déplacement des Jeux olympiques.

Les Jeux olympiques d’hiver de 2022 s’ouvriront dans un an. (AP Photo/Andy Wong)
Témoignages en série qui confirment ce qui a été révélé dans d’autres pays
Le gouvernement chinois a nié l’existence de camps de rééducation, mais les experts affirment que pas moins de 1,8 million de Ouïgours y sont ou y ont été au cours des trois dernières années.
L’automne dernier, au Canada, un sous-comité de parlementaires a entendu des témoins qui ont survécu aux camps de concentration au nord-ouest de la Chine. Ils ont décrit des conditions « déplorables ». Ils ont été abusés psychologiquement, physiquement et sexuellement en plus d’être soumis à une assimilation forcée et à un endoctrinement dans la culture chinoise dominante.
Des témoins ont rapporté avoir notamment fabriqué dans ces camps des produits devant être vendus au Canada et dans d’autres pays occidentaux. Cela rejoint les conclusions contenues dans un récent rapport intitulé Les Ouïgours à vendre, publié par l’Institut australien de politique stratégique, où l’on révélait que des milliers de musulmans ont été utilisés comme main-d’œuvre forcée dans des usines qui alimentent des entreprises comme BMW, Nike et Huawei.
Citant la détention de musulmans ouïgours, la répression des droits démocratiques à Hong Kong, la répression au Tibet depuis des décennies et l’emprisonnement des Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig, les parlementaires canadiens avaient alors décrit le régime de Pékin comme étant « la plus grande menace pour l’humanité et un danger pour la sécurité internationale ».

Un manifestant portant un masque peint aux couleurs du drapeau du Turkestan oriental et une main portant les couleurs du drapeau chinois pour protester contre le traitement réservé par la Chine aux musulmans ouïgours. (Ozan Kose/AFP/Getty Images)
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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