Le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, a dénoncé dimanche les répressions policières au Myanmar contre les manifestants prodémocratie dans la foulée du coup d’État militaire il y a un mois.
« Le Canada est profondément préoccupé et condamne sans équivoque l’usage récent de la force par l’armée du Myanmar contre des manifestants pacifiques. Vendredi, à l’Assemblée générale des Nations unies, la communauté internationale a […] demandé instamment le rétablissement de la démocratie au Myanmar […] Aucun régime qui aurait recours à la force pour réprimer la volonté exprimée démocratiquement de son peuple ne peut être légitime. »
« Les responsables de cette violence devront rendre des comptes, et le Canada envisagera des mesures supplémentaires en conséquence. Nous sommes aux côtés du peuple du Myanmar », a jouté le ministre Garneau.
Quelques heures plus tôt, les forces de sécurité birmanes avaient ouvert le feu lors d’arrestations massives au cœur de protestations populaires.
La répression augmente
Selon un responsable des droits de l’homme de l’ONU, les répressions policières auraient fait dimanche 18 morts et une trentaine de blessés parmi les manifestants qui demandent que le gouvernement élu d’Aung San Suu Kyi soit rétabli au pouvoir après avoir été évincé par un coup d’État le 1er février.
L’association indépendante d’assistance aux prisonniers politiques affirme qu’environ 1000 personnes ont été détenues dimanche. Cela porte à 1132 le nombre de personnes dont le groupe a confirmé l’arrestation, l’inculpation ou la condamnation.
Rappelons que le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi avait été réélu avec une écrasante majorité en novembre dernier. Mais le nouveau gouvernement dirigé par le général Min Aung Hlaing soutient qu’il a dû intervenir et procéder à l’arrestation de la dirigeante, prétextant des allégations de fraude lors des élections.
La commission électorale a réfuté l’allégation de fraude généralisée. Mais la junte a démis de leurs fonctions les membres de l’ancienne commission et en a nommé de nouveaux qui ont annulé vendredi les résultats des élections.

Aung San Suu Kyi et Justin Trudeau le 7 juin 2017
Photo : LARS HAGBERG/AFP/Getty Images
Une dirigeante controversée
Suu Kyi est devenue la dirigeante du Myanmar après que son parti ait remporté les élections de 2015. Elle avait été avant son élection une antagoniste acharnée de l’armée, et ses efforts pour promouvoir la démocratie alors qu’elle était assignée à résidence lui ont valu le prix Nobel de la paix.
Néanmoins, une fois au pouvoir, elle a dû équilibrer ses relations avec les généraux du pays. Elle est même allée sur la scène internationale pour défendre leur répression des musulmans rohingyas dans l’ouest du pays, une campagne que les États-Unis et d’autres pays comme le Canada ont qualifiée de génocide.
Sa réputation internationale est donc en lambeaux.
De nombreux pays ont condamné le coup d’État, qui a fait échouer des années d’efforts pour instaurer la démocratie dans ce pays frappé par la pauvreté et qui a soulevé encore plus de questions quant à la perspective du retour d’un million de réfugiés rohingyas.

(The Associated Press)
RCI avec le gouvernement du Canada et CBC News
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