Photo: Michael Slobodian

Vanessa Garcia

Vanessa Garcia est membre des Grands Ballets canadiens depuis 2006. Elle a gravi tous les échelons de cette prestigieuse compagnie de danse, de corps de ballet à première danseuse. Aujourd’hui, Vanessa est également l’une des chorégraphes des Grands Ballets. Elle est née en Espagne et est diplômée du Real Conservatorio Profesional de Danza de Madrid.

Récemment, j’ai signalé publiquement un troll qui m’a attaquée sur les médias sociaux. Lorsque j’ai essayé de me plaindre sur la plateforme, on m’a répondu qu’on ne pouvait rien y faire parce que le compte n’enfreignait pas les règles. J’étais sidérée!

C’était choquant et en même temps, pas autant que ça. J’ai été scandalisée de constater que, à l’époque où nous vivons, il y a des gens avec ce genre de mentalité et de valeurs morales douteuses, c’est assez décevant…

Mais en même temps, je n’ai pas été surprise parce que ce n’est pas la première fois que je suis victime d’insultes racistes ou d’actes discriminatoires et je suis sûre que ce ne sera pas non plus la dernière fois, malheureusement.

J’ai un autre exemple du passé. C’était dans la section des opinions d’un grand quotidien montréalais en janvier 2017.

L’auteur du texte a écrit que, pour pouvoir jouer un rôle principal, j’avais dû blondir mes cheveux, pâlir ma peau. Et que j’avais « tout d’une Blanche ».

Après de nombreuses discussions et difficultés avec le journal et les personnes responsables de la publication de ces opinions, j’ai finalement obtenu une rectification…

Mais c’est quelque chose de traumatisant qui m’a suivie au fil des ans, comme un nuage d’orage au-dessus de ma tête.

Je n’ai jamais entendu un Noir être accusé de faire du « whiteface » !

À tort, en plus! L'[auteur] tentait de dénoncer un faux acte de racisme, quand le seul raciste de l’histoire c’était lui.

C’est un exemple clair de ce que c’est que d’être perçu comme « différent » de la norme stipulée, comme une bibitte bizarre, constamment jugée et utilisée comme objet de « débat ».

Photo: Sasha Onyshchenko

Je ne sais pas comment je fais, mais je me retrouve toujours dans l’œil de la tempête en étant l’objet de polémiques culturelles et raciales… même si je n’ai rien à voir avec le débat. Je déteste ça!

Ces expériences ont certainement un certain impact sur mon travail, dont la nature exige une présence remarquée dans l’espace public et sur les médias sociaux. Il est très décevant d’être soumise à des critiques et parfois à des insultes, non pas pour mettre en doute mes capacités et mes compétences en tant qu’artiste professionnel, mais plutôt pour me juger sur la base de mon apparence physique ou de mes origines culturelles.

Il est frustrant de devoir constamment me défendre et me justifier simplement parce que j’ai la peau foncée. Beaucoup de gens choisissent de vous juger prématurément et de vous aliéner avant de vous donner une chance… c’est la triste vérité.

La plupart des personnes blanches n’ont pas à vivre constamment dans la peur d’être agressées ou avoir à se battre chaque jour pour le droit de vivre une vie normale, en paix.

C’est triste de voir que malgré la coexistence de plusieurs cultures au Québec, il y a encore du racisme à différents niveaux et une certaine conformité et acceptation de la situation… c’est décevant.

Mais en même temps, je sais que dans d’autres endroits du monde, le niveau de racisme, de violence et de discrimination est encore pire, alors je remercie Dieu qu’au moins ici, je n’ai pas peur d’être tuée juste pour être allée dans la rue acheter du pain ou aller travailler.

Si je vivais dans un autre pays à l’heure actuelle, je ne suis pas sûre que j’aurais pu aller aussi loin dans ma profession de danseuse et j’aurais peut-être dû subir beaucoup plus d’agressions racistes, c’est certain.

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