«Pourquoi j’ai quitté Google?»Photo: TOBIAS SCHWARZ/AFP via Getty Images)

« Pourquoi j’ai quitté Google? »

Un ex-haut cadre de Google qui a quitté l’entreprise dernièrement, après presque 12 ans de loyaux services, a expliqué dans un blogue les raisons de son départ. Des explications qui rejoignent les témoignages d’autres anciens employés de Google qui s’accordent à dire, notamment, qu’un des principes fondateurs de l’entreprise « Don’t be evil » (« Ne soyez pas malveillants ») n’est qu’un simple slogan marketing.

Ross Lajeunesse, le premier responsable du service des relations internationales chez Google, a gravi les échelons depuis son embauche en 2008. Il a vécu des périodes cruciales dans l’évolution de l’entreprise californienne avant de constater des changements qui l’ont incité à quitter Google :

Le désengagement des cofondateurs Larry Page et Sergey Brin : plusieurs têtes, hauts cadres qui dirigent des produits, voire des petites entreprises. À titre d’exemple, un nouveau PDG a été recruté pour diriger Google Cloud. La vision d’une entreprise, martelée par Page et Brin voulant être utile pour ses utilisateurs, un bon citoyen corporatif s’est effacé par leur désengagement graduel de la gestion de Google. Les nouveaux hauts dirigeants, à l’instar de Sundar Pichai, sont des gestionnaires de produits. Ils ne sont obsédés que par le développement de produits et la conquête de parts de marché.

Croissance tous azimuts : une croissance effrénée de Google est accompagnée par le recrutement de milliers de nouveaux employés chaque année. En 2008, Google comptait moins de 10 000 employés (« Googleurs »), une décennie plus tard, elle emploie plus de 100 000 employés. Cette nouvelle armée d’employés, ambitieuse et carriériste, « déloge ceux qui se sont battus pour préserver les valeurs et la culture d’origine de l’entreprise ».

Plaire à Wall Street est une priorité : après le départ du Canadien Patrick Pichette, Google a embauché le nouveau directeur financier de Wall Street. La consigne est de réaliser continuellement des meilleurs résultats financiers et bénéfices chaque trimestre.

Des produits qui ont « travesti un pilier de la culture de Google qui stipule qu’il est possible de gagner de l’argent sans vendre son âme au diable » : certains critiques de Google le considèrent comme un mauvais citoyen corporatif par ses pratiques opaques peu respectueuses de la vie privée des utilisateurs. Or, il y a une différence entre traquer les recherches des internautes sur Google afin d’optimiser les annonces en ligne et  coopérer avec le gouvernement chinois, peu respectueux des libertés individuelles, dans des programmes de reconnaissance faciale basés sur des technologies d’intelligences artificielles ou héberger des applications douteuses du gouvernement saoudien, dont l’application « Abshir » permet aux hommes de surveiller et de retracer les mouvements de leurs femmes et filles.

Google -photo: ALAIN JOCARD/AFP via Getty Images)

Ross Lajeunesse conclut son billet en s’interrogeant sur les raisons et les conséquences du changement de culture chez Google : est-il le résultat inévitable d’un changement de paradigme qui récompense la croissance et les profits plutôt que la responsabilité sociale?  Est-il lié, d’une façon ou d’une autre, « à la corruption qui sévit dans le gouvernement fédéral américain »? Cela fait-il partie de la tendance mondiale encensant des dirigeants « forts » qui arrivent au pouvoir dans le monde entier, où les questions de « bien » et de « mal » sont ignorées en faveur de l’intérêt personnel?

Zoubeir Jazi

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Catégories : Internet, sciences et technologies
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