À Washington, un poster annonce le sommet virtuel tenu par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale en avril 2021. PHOTO : ASSOCIATED PRESS / ANDREW HARNIK

Le FMI met en garde contre une reprise économique inégale

L’économie mondiale se remet plus vite que prévu de la pandémie grâce à la croissance aux États-Unis et à la vaccination, constate l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), Gita Gopinath. Toutefois, cette reprise est désynchronisée dans le monde.

Basé à Washington, le FMI a publié mardi ses plus récentes prévisions pour l’économie mondiale. Bien que ces projections soient encourageantes, la suite des choses dépendra largement de l’évolution de la pandémie de COVID-19 et de l’efficacité des campagnes de vaccination.

Malgré la grande incertitude sur l’évolution de la pandémie, on discerne de plus en plus la sortie de cette crise sanitaire et économique, a déclaré Gita Gopinath lors d’un sommet virtuel tenu conjointement par le FMI et la Banque mondiale dans la capitale américaine.

Le FMI prévoit une croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial de 6 % cette année (soit un demi-point de plus que ce qu’il avait prévu en janvier), et de 4,4 % l’an prochain.

Preuve de la reprise, le volume d’échanges de biens et de services dans le monde va rebondir de 8,4 % cette année.

Pour les États-Unis, les projections de croissance pour 2021 et 2022 s’établissent respectivement à 6,4 % et 3,5 %. L’économie américaine reprend de la vigueur grâce à une campagne de vaccination accélérée avec plus de 3 millions de doses injectées par jour. Cela a permis d’assouplir les restrictions dans les secteurs de la restauration, de l’hôtellerie et du tourisme.

La croissance américaine sera plus forte encore si l’administration de Joe Biden parvient à faire voter au Congrès son plan d’investissements de plus de 2000 milliards de dollars dans les infrastructures.

Toutefois, la situation diffère selon les pays, constate le FMI. Dans la zone euro, où la vaccination a pris du retard, la croissance devrait atteindre 4,4 % cette année.

La France, par exemple, qui a dû reconfiner sa population et fermer ses écoles, devrait connaître une croissance de 5,8 % cette année, après une baisse de 8,2 % de son PIB.

La Chine et l’Inde vont enregistrer des bonds de leur PIB supérieurs à la moyenne mondiale (à +8,4 % et +12,5 % respectivement. La zone Amérique latine et Caraïbes va s’accroître de seulement 4,6 %, après un plongeon de 7 % en 2020.

Il est urgent d’agir

Selon les prévisions du FMI, plusieurs pays avancés devront attendre à l’an prochain pour retrouver leurs niveaux de production d’avant la pandémie.

Quant aux marchés émergents et aux pays en voie de développement, ils auraient à attendre jusqu’en 2023 pour retrouver ces niveaux.

Il est urgent d’agir pour éviter que la crise ne laisse derrière elle des facteurs de vulnérabilité permanents.Gita Gopinath, économiste en chef du FMI

Le FMI réitère donc son appel aux pays riches pour qu’ils secourent les pays plus pauvres en les aidant à combattre la COVID-19. Car la différence avec laquelle la croissance reprend dans le monde pourrait accroître les inégalités.

En 2020, le FMI évalue qu’environ 95 millions de personnes sont tombées dans l’extrême pauvreté et que le nombre de personnes souffrant de malnutrition s’est accru de 80 millions.

Les risques de l’embellie boursière

En apportant des mesures de soutien budgétaire, les gouvernements ont certes permis de maîtriser les risques de déstabilisation financière, note le FMI dans son rapport sur la stabilité mondiale financière (GFSR). Ce faisant, ces mesures ont toutefois pu avoir des conséquences fortuites, telles que la survalorisation des actifs et l’aggravation de facteurs de vulnérabilité financière.

Les marchés boursiers ont connu une embellie fulgurante depuis le troisième trimestre 2020, anticipant une reprise économique mondiale rapide et la poursuite de l’aide des gouvernements.

Les cours atteignent aujourd’hui des niveaux nettement plus élevés que ce que laissent présager les modèles fondés sur les paramètres fondamentaux, relève le FMI.

Gita Gopinath recommande de garder le cap en matière de politique monétaire et de continuer à soutenir les économies, mais avec des plans de relance plus ciblés.

Impôt minimum pour les entreprises

Un homme et une femme en conférence de presse.

L’économiste en chef et directrice de la recherche du FMI Gita Gopinath et le directeur adjoint à la recherche du FMI, Gian Maria Milesi-Ferretti (archives).

PHOTO : ASSOCIATED PRESS / JOSE LUIS MAGANA

Les gouvernements sont confrontés à une évasion fiscale à grande échelle et au transfert d’argent vers les paradis fiscaux, ce qui nous préoccupe beaucoup parce que cela réduit l’assiette fiscale sur laquelle les gouvernements peuvent percevoir des revenus et effectuer les dépenses sociales et économiques nécessaires, a déclaré Mme Gopinath.

Nous sommes donc très favorables à un impôt global minimum sur les sociétés, a-t-elle ajouté.

Lancée lundi par la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, cette idée visant une réforme mondiale des taux d’imposition pourrait d’ailleurs être profitable pour le Canada, selon des experts en fiscalité.

Avec les informations de l’Agence France-Presse et de Bloomberg
Catégories : International
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