Yves Mehou-Loko, une vie de voyages et de fierté

13 février –  PORTRAITS DES JOURNALISTES DE RADIO-CANADA – Yves-Gérard Mehou-Loko, journaliste et animateur de l’émission matinale à Radio-Canada Toronto, Y a pas deux matins pareils, a changé souvent de maison dans sa vie. Mais ses racines et son identité noire l’accompagnent où qu’il soit.

 

Un texte de Paloma Martínez 

Né à Paris de parents béninois,  Yves a vécu sa petite enfance au Togo, au Bénin et en France et, depuis son adolescence, il est au Canada.

À l’âge adulte, une fois sorti du cocon familial, les changements d’adresse se sont encore multipliés. Il s’est déplacé d’une province à une autre au Canada à la recherche d’aventures personnelles et professionnelles.

« Je suis toujours incapable de répondre quand on me demande d’où je suis. Je me sens aussi béninois que français que canadien. Et au Canada, je me sens aussi québécois que francoalbertain que fransaskois, que franco-ontarien. »

À travers tous ces déplacements, il conserve précieusement la fierté de son identité. Il dit avoir appris à se définir en fonction de lui-même et non pas en fonction des autres.

« Je suis qui je suis et cet aspect ne change pas, peu importe le pays ou la ville que j’habite »

Ses multiples déménagements l’ont amené à s’intéresser, grâce à ses origines béninoises, aux réalités variées et souvent méconnues des populations noires à travers le pays.

Lors de ses séjours, courts ou prolongés, en  Ontario,  en Saskatchewan, au Québec et en Alberta, Yves-Gérard a constaté que, malgré des différences marquées entre les communautés noires de ces régions, partout on connait mal l’importance qu’ont eue les Noirs dans la construction du Canada.

En effet, cette méconnaissance nous porte à ignorer des aspects fondamentaux de notre histoire, pense Yves Gérard Mehou-Loko. Il énumère dans cet extrait les différentes vagues d’immigration noire au pays selon les époques et les circonstances historiques très diversifiées dans lesquelles elles ont eu lieu.

Mais même avant ces trois vagues, les Noirs ont joué un rôle important dans la construction du pays. ils sont eux aussi, les fondateurs du Canada. Ils étaient là depuis les début de la Nouvelle- France et aussi lors du développement du chemin de fer vers l’Ouest. Pour Yves-Gérard, il est essentiel que l’on se souvienne que les Noirs canadiens ne sont pas tous des nouveaux arrivants.

La célébration du mois de l’histoire des Noirs

Yves-Gérard, qui connaît si bien la réalité d’un océan à l’autre, reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire.

« Je suis arrivé au Québec à la fin du secondaire, à la fin des années 1980. À l’époque personne ne nous parlait du mois de l’histoire des Noirs et ce, durant toute ma formation secondaire, collégiale et universitaire. Personne ne m’en parlait.  Quand j’ai commencé dans ce métier de journalisme, j’ai fait ma première entrevue sur cette célébration ! C’était la fin des années 1990 et c’est à ce moment que j’ai commencé à en apprendre  beaucoup sur le sujet. »

Aujourd’hui il trouve important de souligner ce mois, mais en même temps, il trouve difficile d’accepter que si peu de gens connaissent cette histoire et que très peu de gens la respectent.

« J’entends encore des gens qui me disent : « C’est le mois des Noirs » Je réponds: « Non, c’est le mois de l’Histoire des Noirs ! » À mon avis, il faut vraiment que l’on se penche sur l’aspect social et historique des communautés noires du pays, sur leur rapport à la société, les difficultés qu’ils vivent, des solutions à apporter. Je ne veux plus que l’on stigmatise cette célébration avec de la danse et des défilés de mode. »

En effet, pour ce journaliste d’expérience, être noir va bien au-delà de la danse et de la mode. Être noir est synonyme de culture, d’identité. Pour lui, les façons de célébrer sont diverses, comme le sont les Noirs. Il aimerait que l’on soit plus conscient de l’apport de ces communautés à ce pays, à sa construction, mais que les populations noires réfléchissent également à leur avenir.

« Il y a des communautés qui sont très bien organisées mais nous les Noirs, nous cultivons les divisions entre anglophones, francophones, caribéens, antillais, africains. Je ferais un plaidoyer pour un mois de célébrations, un mois uni, un mois de fierté et surtout, un mois de promotion de ce que nous sommes pour que finalement nous ayons ce respect que nous estimons nous être dû. »

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RCI • Radio Canada International

Luc Simard
– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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