Shari Okeke, un heureux mélange

Shari Okeke

20 février – PORTRAITS DE JOURNALISTES  À CBC/RADIO-CANADA – Shari Okeke, journaliste à CBC depuis 1997, est la représentation même du métissage des cultures et des couleurs de peau.

Née à Montréal d’une mère ontarienne et d’un père nigerian, tous deux venus étudier à l’Université McGill, Shari ne cache pas sa fierté d’avoir de multiples racines.

Un texte de Paloma Martínez 

Pendant que M. Okeke, le père de Shari, aujourd’hui décédé vivait à Montréal, la guerre a éclaté au Nigeria. Il est donc resté ici plus de temps que prévu; il s’est trouvé un emploi et durant cette période, il a rencontré celle qui deviendrait la mère de Shari. Ils se sont mariés en 1969, et de cet amour sont nés leurs trois enfants, dont Shari.

La couleur de sa peau

Très jeune, Shari n’était pas consciente de la couleur de sa peau. Oui, sa maman avait la peau blanche et son papa la peau noire, mais cela ne voulait rien dire pour elle.

« J’imagine que c’était comme les enfants qui ont une maman avec les cheveux roux et un papa avec les cheveux blonds, ou noir ou brun.

Pour moi, ce n’était pas vraiment pas plus compliqué que ça. »

Mais une fois à la maternelle quand elle a commencé l’école, tout a changé. Les enfants l’appelaient « nègre », et ils crachaient sur elle parfois. Shari raconte qu’elle et l’un de ses frères ont été victimes d’attaques physiques de la part de compagnons de classe. À l’époque, elle ne comprenait rien. C’était totalement nouveau pour elle.

« Je me suis rendu compte que les autres voyaient en moi quelque chose de différent, quelque chose que je ne voyais pas.

Ça été un choc de me savoir chez moi, à Montréal, dans ma ville natale et de me sentir exclue. »

Les parents de cette Montréalaise ont travaillé très fort pour essayer d’aider la petite Shari à comprendre ce que cela signifiait. Ils lui ont même appris comment répondre à ceux qui auraient voulu la mettre mal à l’aise.

En dehors de sa famille, l’environnement dans lequel Shari a grandi était assez uniforme. Elle vivait à Pointe-Claire dans l’Ouest de l’Ïle de Montréal. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de minorités visibles dans son quartier et Shari était la seule Noire de sa classe.

Plus tard ils ont changé de quartier et d’école, et malgré quelques incidents,  elle s’est fait beaucoup d’amis et les attaques ont diminué considérablement.

Deux cultures – la différence faisait partie de moi

Shari et ses parents

La maison riche de plusieurs cultures dans laquelle Shari a grandi lui a appris à comprendre des subtilités culturelles qui sans cela, lui auraient été étrangères. Quand elle était jeune, elle savait reconnaître que certaines choses qui étaient acceptées et acceptables pour sa famille anglophone canadienne n’étaient pas perçues de la même façon par sa famille nigerianne et viceversa. Aujourd’hui Shari croit que cela lui a permis d’apprendre à s’adapter à différents environnements et à respecter tout le monde, toutes les cultures. Elle croit aussi avoir développé une certaine sensibilité face à toute forme de différence.

« Je crois qu’avoir deux cultures en soi contribue à avoir un esprit ouvert. Pour chaque évènement, on voit au moins deux côtés de la médaille, sinon plus. Chez nous, nous avions la culture anglophone canadienne de ma mère, la culture anglophone africaine de mon père et nous étions à Montréal, donc on est des Québécois aussi. Cette diversité a forgé ma personne. »

Shari dit ne jamais avoir senti de l’amertume envers ceux qui la dérangeaient et elle attribue cela au fait qu’elle-même fasse partie du groupe qui la discriminait.

« Le fait que mes frères et moi étions un mélange de nos deux parents a fait en sorte que je n’ai jamais été capable de dire: « Ah tous les blancs sont de méchants parce qu’ils me discriminent !. Ma mère est blanche et elle nous protégeait, tout comme mon père. J’avais mes cousins, mes tantes, mes grand-parents de peau blanche, et ils nous aimaient. »

La nouvelle génération

L’identité de Shari Okeke est évidemment mixte, multiple, diversifiée et pour elle, la peau noire et les cheveux tressés sont un aspect important de qui elle est mais pas le seul. Elle est aussi fière de ses racines africaines que  de ses racines canadiennes-anglaises.  Il n’y a pas de conflit, c’est ainsi.

« Mon mari a la peau blanche et il est francophone. Mes filles sont métissées. Pour moi, c’est important que mes filles connaissent leur racines africaines, québécoises et canadiennes anglophones.

Il faut connaître et reconnaître nos racines et souvent, ces racines viennent de plusieurs sources. C’est notre richesse. »

En entrevue, Shari a raconté que récemment dans un restaurant, une femme a approché sa fille de 10 ans et lui a touché ses tresses. Ensuite la dame a dit à la petite: « Tes cheveux sont beaux, tu viens de la Barbade ? » La fille de Shari a été surprise et n’a pas compris ce qui venait d’arriver.

Tout est relatif

Comme on le sait maintenant, durant son enfance à Montréal, Shari s’est souvent sentie montrée du doigt en raison de la couleur de sa peau. Voilà pourquoi, lorsqu’elle a entrepris un voyage au Nigeria pour rencontrer la famille de son père, elle pensait qu’elle allait se sentir comme faisant partie  d’une majorité noire.

Sous un ton amusant, Shari a raconté que là-bas, au Nigeria tout le monde la trouvait trop blanche comparé à eux, que les enfants la suivaient dans la rue en criant : « Regardez, la femme blanche nous rend visite, la femme blanche nous rend visite ». Elle n’en croyait pas ses oreilles, tout le monde lui disait qu’elle était blanche !

Shari a trouvé cette expérience assez drôle et ça lui a fait comprendre que, en ce qui concerne la couleur de la peau, tout est relatif !

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Pour lire le blog de Shari concernant l’aspect politique des cheveux des Noires, sur le site web de CBC Radio One à  Montréal, cliquez ici.

Pour entendre l’édition spéciale de l’émission de CBC Radio One Daybreak dans le salon de coiffure  Inhairitance, cliquez ici.

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RCI • Radio Canada International

Luc Simard
– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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