Cleopas Ncube : la lutte, un choix de vie

Cleopas Ncube au Centre communautaire juif de Montréal
Cleopas Ncube au Centre communautaire juif de Montréal © Radio-Canada / Paloma Martinez

 «  Je suis très chanceux. Quand je vis une situation difficile dans les compétitions, je ne la trouve pas si difficile que ça.  Je pense que cette capacité est liée à mes origines. Être capable de remercier la vie, peu importe les difficultés et les mauvais moments à passer… Face aux problèmes, je me dis que pratiquer mon sport est un privilège!  Je suis chanceux de pouvoir en faire un choix de vie.  Ce n’est quand même pas la survie en Afrique! Ni le déracinement d’aller vivre dans un nouveau pays. En fait, mon sport est vraiment amusant ! » 

C’est ainsi que Cleopas Ncube répond lorsqu’on lui demande s’il a vécu des difficultés dans sa carrière sportive. Malgré sa perception positive; le parcours de ce lutteur vers les Jeux Olympiques n’a pas été aussi facile que ça. Plutôt deux fois qu’une, son chemin a été semé d’obstacles.

Son rêve d’aller à Pékin en 2008 s’est dissipé lors d’un match de qualification pour les Jeux quand il a subi une luxation du coude. Impossible pour Cleopas de continuer. Il a été contraint de déclarer forfait.

Plus tard, alors qu’il se préparait pour les Jeux de Londres en 2012, le lutteur était en pleine période de récupération d’une chirurgie au genou. Il n’a pas pu aller à Londres non plus.

Aujourd’hui, en pleine préparation pour les qualifications de Rio 2016, il affirme que ses origines africaines et l’histoire de son pays l’aident beaucoup. Il reconnaît que son peuple et lui-même sont passé à travers beaucoup d’épreuves qui les ont rendus plus forts.  

Être inspiré

Cleopas Ncube est né au Zimbabwe, d’où il est parti un mois avant son huitième anniversaire pour venir s’installer avec sa famille dans un quartier de Kingston en Ontario.  Au cours de sa carrière, il a été influencé par beaucoup de gens : ses entraîneurs et ses amis sont parmi ces personnes importantes sans lesquelles, de son propre aveu, il n’aurait jamais pu réussir.  

 

Cleopas avec ses entraîneurs Victor Zilberman (gauche) et Rob Moore (droite)
Cleopas avec ses entraîneurs Victor Zilberman (gauche) et Rob Moore (droite) © Radio-Canada / Paloma Martinez

 

Les collègues du Club de lutte de Cleopas. De gauche à droite Vince Demarinis, Scott Schiller, Noel Tremblay, Dima Gershanov, Francis Carter, Alex Moore, Sam Barmish et Gabriel Choueke.
Les collègues du Club de lutte de Cleopas. De gauche à droite Vince Demarinis, Scott Schiller, Noel Tremblay, Dima Gershanov, Francis Carter, Alex Moore, Sam Barmish et Gabriel Choueke. © Radio-Canada / Paloma Martinez

Il y a aussi ses idoles; les personnages dans l’Histoire des Noirs qui lui ont donné une force dont il se sert dans sa carrière :

« Je pense que l’un de mes modèles est Madiba, Nelson Mandela, qui s’est battu pour l’égalité des droits. Il a passé la plupart de sa vie active dans une prison parce qu’il voulait l’égalité des droits pour les Noirs. Il a affronté la tyrannie et a fait ce qu’il a fait pour nous libérer; pour que nous puissions profiter des choix que nous avons aujourd’hui. Il est difficile de ne pas l’admirer. En ce qui concerne les sportifs, j’admire Daniel Igali – lutteur canadien médaillé d’or en 2000 aux Jeux Olympiques de Sydney.  Lorsque je l’ai vu gagner, j’ai pensé que son exploit était magnifique! Et mon rêve possible! » 

 

Pourtant, c’est dans sa famille qu’il a trouvé ses principales sources d’inspiration.

Aux yeux de Cleopas, c’est son père qui lui a donné un des plus beaux cadeaux du monde, la liberté. En laissant tout derrière lui au Zimbabwe, Luke Ncube a changé le cours de la vie de Cleopas et lui a offert une vie meilleure ici au Canada.

Il y a aussi sa mère, Sipho Ibeakanma. Elle l’inspire par la force de son caractère qui la définit et qui ne laisse personne indifférent. En 2012, Mme Ibeakanma a reçu la « Médaille du jubilé de diamant de la reine Elisabeth II » pour son travail auprès des itinérants et des personnes avec des maladies mentales dans la région de Kingston, en Ontario.

Sipho Ibeakanma et Cleopas Ncube
Sipho Ibeakanma et Cleopas Ncube

En inspirer d’autres

Cleopas est professeur/entraîneur de lutte dans une école secondaire de Montréal. Par la force des choses, il est devenu un modèle pour de jeunes personnes qui voient en lui un exemple à suivre. Quand on lui demande ce que être un modèle signifie pour lui, il avoue avec humilité qu’il est craintif de ne pas toujours être à la hauteur.  

« Je ne sais pas si je peux dire que je suis un modèle, mais j’espère pouvoir enlever des barrières pour les athlètes de ma ville ou de mon club tout en leur faisant savoir qu’il est possible de pratiquer ce sport et de réaliser leurs rêves. »

 

Cleopas avec deux des jeunes qu’il entraîne. À gauche Thomas Kaufman et à droite Eli Dannenbaum

Rio 2016

Cleopas est fort mentalement et il se sent prêt à toute éventualité. C’est la troisième fois que le chemin olympique s’ouvre devant lui, ce qui a beaucoup de signification pour l’athlète. Quand on lui demande ce qu’aller à Rio peut signifier pour lui en tant qu’athlète noir, il répond sans hésitation.

« Ayant vécu ce que j’ai vécu et venant d’où je viens, me rendre à Rio ne serait qu’une confirmation du fait que si vous vous concentrez, tout est possible et vous le méritez. Au delà du sport, j’ai d’autres objectifs et des choses que je veux réaliser, mais me rendre à Rio serait un véritable témoignage pour les personnes qui se sont battues pour nos droits dans notre passé. Nous méritons de lutter pour ce que nous aimons. »

 

Infos pêle-mêle sur l'athlète

Écoutez la prononciation correcte du nom de famille « Ncube » :

 

Le plat qu’il souhaiterait manger plus souvent :

« Je mange tout ce que je veux. Mon corps me parle et je lui réponds avec des aliments, mais je dois avouer que j’aime les burgers. On ne peut jamais se tromper avec un bon vieux hamburger » .

La musique qu’il écoute en s’entraînant ou avant une compétition : 

« Je suis quelqu’un de détendu relax. J’aime la musique jazz comme celle que l’on peut écouter dans un café, aussi Bob Marley : ma chanson préférée est Redemption song. J’aime aussi Tracy Chapman. Très relax. Ce n’est jamais de la musique pour aller à la guerre! »

Son porte-bonheur : 

« Non, je n’en ai pas. Je crois que quand vous avez besoin d’un objet pour réussir vos objectifs, ça vous handicape plus que cela ne vous aide. Ça montre qu’il y a une faiblesse en vous. Moi, je suis prêt pour l’inattendu, car on ne sait jamais ce qui pourrait arriver. »

Ce qu’il attend de Rio 2016 : 

« Je me souhaite de me rendre et une fois là-bas, je souhaite une médaille d’or. Si je ne l’espérais pas, je ne serais pas un vrai athlète. Ceci dit, je ne sais pas comment les autres athlètes se sont préparés pour ce défi. Donc, si c’est mon tour, je serai prêt ! »

Photos variées de Cleopas

Photos: © Radio-Canada / Paloma Martinez

En entrevue Cleopas Ncube a tenu à remercier Équipe Québec qui, depuis son arrivée à Montréal en 2007, lui a exprimé son appui.

Entrevue et texte : Paloma Martínez

Voix en français : Jean-Patrick Balleux

D’autres portraits d’athlètes noirs canadiens qui se préparent en vue de Rio 2016.

Une réponse à “Cleopas Ncube : la lutte, un choix de vie”

  1. micheline campbell dit :

    Wow, quel bel exemple, quelle famille. Je vous souhaite une longue et belle vie et a tous vos descendants.
    Micheline

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