
Le 28 janvier 2016, la ministre de l’Économie du Québec, Dominique Anglade, entrait dans l’histoire en devenant la première personne d’origine haïtienne à se hisser à une fonction ministérielle au Canada. Elle accédait du même coup à un club très restreint, le « Black caucus » du Canada, qui ne compte que 14 députés dans tout le pays. Pourquoi y a-t-il encore si peu de Noirs dans nos parlements?
Un reportage de Sophie Langlois
D’abord, un peu d’histoire…
Au Canada, Lincoln Alexander a été le premier député noir élu à la Chambre des communes en 1968. Une percée historique bien tardive si on la compare à d’autres pays. Aux États-Unis, Hiram Revels, du Mississippi, était le premier Noir à siéger au Congrès, en 1870. En France, le premier député noir, l’Haïtien Jean-Baptiste Belley, a été élu à l’Assemblée nationale en 1793.
Les Noirs sont pourtant arrivés ici presque en même temps que les Blancs, au début de la colonisation par les Français. À la Conquête, en 1759, les archives dénombrent 3604 esclaves en Nouvelle-France. Dans les décennies qui suivent (1760-1780), les loyalistes (fidèles à la Grande-Bretagne) fuient la guerre d’indépendance des États-Unis et emmènent plus de 2000 esclaves noirs avec eux. Ils s’installent surtout en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. De plus, 3500 Noirs arrivent au pays après avoir obtenu leur liberté en se ralliant à l’Angleterre.
Au 19e siècle, au fur et à mesure que l’esclavage est abandonné, d’abord dans le Haut-Canada et graduellement dans les autres provinces, des milliers de Noirs immigrent au Canada pour fuir l’esclavage qui perdure aux États-Unis.
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