Jennifer Abel : une fierté de pionnière

Jennifer Abel, Jeux Pan Am Toronto 2015 (Photo : Vaughn Ridley/Canada Diving)
Jennifer Abel, Jeux Pan Am Toronto 2015 (Photo : Vaughn Ridley/Canada Diving)

 

« Si je pouvais être un modèle,  j’aimerais montrer aux gens que ce n’est pas parce qu’on est Noir qu’on doit courir ou qu’on doit jouer au basket-ball. Non. C’est avec le travail qu’on peut y arriver. J’en suis la preuve au plongeon. Je suis très fière de ça et de pouvoir démontrer que nous aussi, les Noirs, on peut nager, plonger et gagner des médailles! »

 

Entrevue et texte : Paloma Martínez

Jennifer Abel est sans doute la preuve qu’un athlète est un athlète peu importe les origines ou l’ethnicité. Cependant, être la première Noire et la première Haïtienne à exceller dans un sport aquatique au Canada, c’est une grande fierté pour cette plongeuse maintes fois médaillée.

«  Si je suis génétiquement dotée d’un corps de personne noire, donc plus musclé,  ça m’aide beaucoup. Mais, ce qui me rend le plus fière est de me dire que des Haïtiens, il n’y a pas beaucoup en plongeon. En fait dans n’importe quel sport aquatique, il n’y en a pas beaucoup et que je suis la première Noire à être médaillée autant aux Jeux Olympiques que sur la scène internationale en Coupe du monde, aux Championnats du monde en plongeon. Pour moi, c’est quelque chose d’exceptionnel d’être la première Haïtienne…  J’espère pouvoir partir une mode! »

 

Le parcours

Jennifer Abel a commencé sa carrière en faisant du plongeon dès l’âge de quatre ans parce qu’elle voulait imiter son frère qui en faisait déjà. À l’adolescence, à quatorze ans, elle a participé à ses premières compétitions internationales comme membre de l’équipe nationale. Deux ans plus tard, elle participe à ses premiers Jeux Olympiques. Et en 2012 à l’âge de 21 ans, elle se rend à Londres pour participer à ses deuxièmes jeux. Elle surprend en remportant une médaille de bronze au tremplin de trois mètres synchronisé.

Jennifer Abel et sa partenaire Pamela Ware au 3 mètres synchronisé ©Diving / Plongeon Canada
Jennifer Abel et sa partenaire Pamela Ware au 3 mètres synchronisé ©Diving / Plongeon Canada

 

Maintenant, en 2016, elle se sent plus que prête pour aller au Jeux Olympiques de Rio.

La famille, la cuisine et plus encore…

Comme pour la plupart des sportifs, c’est la famille de Jennifer, très grande et très unie, qui l’a amenée où elle est aujourd’hui.

Un repas typique haïtien avec, entre autres, le pois et riz, et le porc frit (griot) Photo : Wikipedia/CoolSarahs
Un repas typique haïtien avec, entre autres, le pois et riz, et le porc frit (griot) Photo : Wikipedia/CoolSarahs

 

C’est entre autres à travers la cuisine et la nourriture que Jennifer exprime sa fierté quant à ses origines.

« Mon père est haïtien et il a beaucoup de frères, ils sont onze. Je suis la première fille de la famille, donc c’est un peu moi qui ramène la culture, c’est moi qui veux apprendre à cuisiner, qui veut garder justement cette belle richesse-là. Parce qu’on a la chance d’avoir un côté québécois et le côté haïtien, lequel est très développé chez moi. Donc, comme je suis la première petite-fille de ma grand-mère paternelle, j’aime beaucoup passer du temps avec elle en allant dans des petites épiceries haïtiennes et passer du temps aussi à faire la cuisine. »

 

Martin Luther King
Martin Luther King

Il y a certes la cuisine et la nourriture, mais il y a plus encore. Récemment, Jennifer et son père ont eu l’opportunité de rencontrer le fils de Martin Luther King. Pour la jeune athlète, cela a été un moment particulièrement touchant puisqu’elle constate que la lutte de cet homme n’est pas finie et qu’elle-même a un rôle à jouer.

« Ça m’a énormément touchée de savoir que son fils continue à suivre les pas de son père. Quand on pense à tout ce que les Noirs ont vécu de racisme, c’est dommage et très triste, mais en même temps c’est à nous de montrer qu’on vit maintenant en 2016 et que nous ne sommes pas inférieurs aux autres et qu’on est capables d’exceller autant dans un domaine que dans le sport. »

 

Jennifer dit ne pas avoir d’idoles noires qui influencent son parcours sportif ou encore personnel. Toutefois, elle reconnaît que les grandes réussites des nombreux athlètes noirs lui ont certainement démontré à quel point travailler fort pour ce qu’on aime est la recette du succès.

Et quand on lui demande si elle se considère un modèle pour d’autres jeunes, elle dit ne pas penser à cela souvent mais être clairement en mission quand il s’agit de démontrer au monde que les athlètes noirs peuvent exceller dans tout ce qu’ils désirent s’ils travaillent suffisamment fort.

À la fin de l’entrevue avec Jennifer, tout de suite après lui avoir posé cette question sur le rôle qu’elle peut jouer comme inspiration pour d’autres athlètes, un  jeune plongeur est venu la voir, lui demandant un autographe et une photo avec elle. La preuve que Jennifer le veuille ou pas, elle est vue par d’autres comme un exemple à suivre.

Jennifer Abel avec le jeune plongeur Cédric Bertrand
Jennifer Abel avec le jeune plongeur Cédric Bertrand © Radio-Canada / Paloma Martinez

 

Photos de Jennifer

Photos : © Canada Diving, © Radio-Canada/Paloma Martinez

Infos pêle-mêle sur Jennifer Abel

Le plat (ou aliment) qu’elle aimerait manger plus souvent :

« Un plat que je voudrais souvent manger c’est un plat typiquement haïtien. C’est des légumes qui sont cuits ensemble. On les écrase et on mange ça avec du riz. »

La musique qu’elle écoute à l’entraînement ou avant une compétition :

« Il y a toute sorte de musiques que j’écoute, selon l’allure que je veux donner à mon entraînement. Mais souvent elles sont joyeuses et énergiques parce qu’une fois dans la piscine je suis tellement concentrée qu’à l’extérieur je dois vraiment me libérer la tête. »

Son porte-bonheur :

« Je n’ai pas de porte-bonheur depuis 2012 parce que mon entraîneur ne veut pas j’en aie un. Avant j’étais vraiment superstitieuse. Mais au fil du temps j’ai compris que c’est de l’énergie gaspillée que de se fier à un objet. Dans le fond, l’objet ne fait rien, c’est le travail qui fait tout. Alors voilà pourquoi je n’ai plus de porte-bonheur. »

Ce qu’elle souhaite pour Rio 2016 :

« Ce que je souhaite le plus est de ramener deux médailles à la maison dans les deux épreuves auxquelles je participe : les trois mètres individuels et les trois mètres synchronisés avec ma partenaire Pamela Ware.  Mais avant tout, être en santé et heureuse, c’est ce qu’on pourrait me souhaiter ». 

Pour en savoir plus sur d’autres athlètes noirs canadiens qui se préparent en vue de Rio 2016.

3 réponses à “Jennifer Abel : une fierté de pionnière”

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  2. Luckner Estriplet dit :

    Je suis fier de toi Jennifer!

  3. Charles Mainville dit :

    Je suis fier de toi. Lâche jamais.

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– Directeur, Diversité et Relations Citoyennes de Radio-Canada

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