Malcolm X, le Noir « le plus en colère de l’Amérique »
Ainsi se définissait Malcolm X, grand défenseur des droits des Afro-Américains, tombé sous les balles de plusieurs tireurs il y a 50 ans.
Le 21 février 1965, le personnage emblématique qu’il est devenu prononce un discours dans le quartier de Harlem à New York quand trois hommes le criblent de balles.
« Le prix pour faire que les autres respectent vos droits est la mort. » Malcolm X
« The price of freedom is death. » Malcom X
Né Malcolm Little, en mai 1925 au Nebraska, Malcolm X comprendra rapidement sa condition de Noir dans l’Amérique de l’époque. Il n’a que 6 ans lorsque son père, charpentier de métier, membre de l’Association universelle d’amélioration de la condition des Noirs (Universal Negro Improvement Association, UNIA), est retrouvé mort, écrasé par un tramway.
Selon la communauté noire, un groupe de suprématistes blancs affilié au KKK, la Black Legion, serait responsable de son décès.
« Mon père, le Révérend Earl Little, était un pasteur baptiste et militait dans l’Association universelle pour le progrès des Noirs de Marcus Garvey. Avec l’aide de disciples comme mon père, Garvey dont le quartier général était à Harlem, levait l’étendard de la pureté de la race noire et exhortait les masses noires à regagner l’Afrique, terre de leurs ancêtres. » Malcolm X
Né en Jamaïque en 1887, Marcus Garvey fut l’un des premiers leaders importants de la cause noire, il fonda l’Association universelle d’amélioration de la condition des Noirs (Universal Negro Improvement Association, UNIA) en 1817, un an après son arrivée en sol américain.
La devise de cette association était « Un Dieu ! Un But ! Une Destinée ! » (« One God! One aim! One destiny! »).
La mère de Malcolm X, Louise Little, tombée en dépression, sera déclarée folle quelques années plus tard et internée. Ses enfants, dont Malcolm, seront placés dans des familles d’accueil.
Malcolm a une quinzaine d’années quand, devenu un adolescent sans repères et habité par un sentiment d’injustice, il tombe dans la délinquance. Il vit de petits emplois et de trafics de toutes sortes (drogue, jeu, racket, vol) jusqu’en 1946. Cette année-là, il est condamné à dix ans de prison pour cambriolage, il a 21 ans. Pendant son incarcération, il adhère à la Black Nation of Islam, un groupement raciste convaincu de la supériorité de la race noire. Il se convertit aussi à l’islam.
À sa sortie de prison, en 1952, il délaisse son nom de famille pour devenir Malcolm X, rejetant ainsi son nom d’esclave.
Il devient prêcheur et continue de défendre, au nom de son organisation, le repli identitaire et le séparatisme noir. Mais sa renommée grandissante et des divergences politiques et religieuses finissent par brouiller sa relation avec le leader de Black Nation of Islam. Il rompt avec l’organisation en mars 1964.
« Si j’ai quitté le mouvement des Blacks Muslims, c’est parce que j’estimais qu’il était trop sectaire et que ce sectarisme finissait par paralyser son action militante. » Malcolm X, dans le magazine Jeune Afrique du 1er juin 1964.
Il fonde alors sa propre organisation religieuse, The Muslim mosque inc., et part faire le pèlerinage de La Mecque. Il en profite pour changer de nom et devient El-Hajj Malek El-Shabazz.
À son retour, condamnant la ségrégation raciale de Black Nation of Islam, il déclare :
« Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, de partout dans le monde. Ils étaient de toutes les couleurs, des blonds aux yeux bleus aux Africains à la peau noire. Mais nous étions tous les participants d’un même rituel, montrant un esprit d’unité et de fraternité que mes expériences en Amérique m’avaient mené à croire ne jamais pouvoir exister entre les blancs et les non-blancs. »
Mais l’homme privilégie avant tout les actions tournées vers le peuple noir. Il est même prêt à recourir à la violence comme autodéfense et comme réponse à une autre violence.
« En ce qui concerne la non-violence, il est criminel d’enseigner à un homme de ne pas se défendre quand il est la victime constante d’attaques brutales.» Malcolm X
« Concerning nonviolence: It is criminal to teach a man not to defend himself, when he is the constant victim of brutal attacks. It is legal and lawful to own a shotgun or a rifle. We believe in obeying the law. » Malcolm X
Orateur de grand talent, Malcolm X attirait les foules partout où il allait. Ce fut aussi le cas ce 21 février 1965, mais ce jour-là, il s’effondrera, touché par plusieurs balles. Trois membres de Nation of Islam seront reconnus coupables un an plus tard même si l’organisation niera toute participation à cet assassinat. Encore aujourd’hui beaucoup de Noirs croient plutôt à une conspiration orchestrée par le FBI.
Si Malcolm X est mort, ses idées d’équité et de justice sociale vivent toujours, reprises par des gens et des groupes de plusieurs pays. Plus qu’un défenseur des droits civiques, Malcolm était un défenseur des droits de l’homme, qu’il déclarait défendre « par tous les moyens nécessaires ».
« Ce qu’on considère comme le rêve américain pour les Blancs a longtemps été un cauchemar pour les Noirs. » Malcolm X
« What is looked upon as an American dream for white people, has long been an American nightmare for black people. » Malcolm X
Malcom X a épousé en 1958 Betty X (née Sanders), avec qui il a eu six filles : Attallah, Qubilah, Ilyasah, Gamilah, Lumumbah et les jumelles Malaak et Malikah, nées sept mois après sa mort.