Les services de police du Nunavik sont défaillants, selon un groupe politique

Makivvik, l’organisation politique qui représente les Inuit du Québec, affirme que le maintien de l’ordre dans le Grand Nord est « défaillant » après qu’un policier eut tué un Inuk par balle mardi.
Cette fusillade impliquant des agents du Service de police du Nunavik a causé le deuxième décès à la suite d’une intervention policière dans la région du nord depuis novembre et a ravivé la colère et des traumatismes au Nunavik.
Le Bureau du coroner du Québec a identifié la victime comme étant Mark R. Annanack, 35 ans, de Kangiqsualujjuaq.
Makivvik a affirmé dans une déclaration cinglante cette semaine que la police a tendance à recourir à une force excessive dans la région.
Makivvik réclame des mesures immédiates et exceptionnelles, a déclaré l’organisation, ajoutant que si une enquête indépendante est nécessaire, d’autres mesures doivent suivre.
Cette crise exige un changement structurel important dans la façon dont les services de police sont assurés au Nunavik. Nous ne pouvons pas attendre un autre rapport puisque d’autres vies sont en danger.

Le directeur de Makivvik, Pita Aatami, a demandé combien de familles devront souffrir avant que la province comprenne que le maintien de l’ordre au Nunavik est défaillant
.
Cette dernière tragédie n’est pas un cas isolé. Elle reflète une défaillance systémique dans la prestation des services de police au Nunavik, a dit Pita Aatami.
Malgré des avertissements, des engagements et des enquêtes répétés, les interventions policières continuent de manquer à leurs obligations envers nos communautés. Nous condamnons ce décès et exigeons une reddition de comptes immédiate et mesurable, a-t-il soutenu.
Escalade lors de l’arrestation
Le Bureau des enquêtes indépendantes du Québec (BEI) a indiqué que des membres du Service de police du Nunavik avaient prévu d’arrêter une personne qui se trouvait dans une tente dans le village de la rive est de la baie d’Ungava.
Le service de police a souligné dans son propre communiqué que les agents avaient un mandat d’arrêt contre l’homme, mais qu’il avait résisté lorsque deux agents ont tenté de l’arrêter vers 22 h 30, le 6 mai.
Le service de police a indiqué que les agents ont utilisé du gaz poivré sur l’homme, qui, selon eux, est sorti de la tente avec un couteau. Un policier a tenté de le maîtriser avec un pistolet paralysant. Lorsque la situation s’est envenimée, un autre policier a ouvert le feu et le décès a été constaté plus tard dans un centre de santé régional.
L’organisme de surveillance de la police du Québec a annoncé mercredi qu’il enquêtait sur la fusillade survenue à Kangiqsualujjuaq. Le Service de police du Nunavik a refusé de commenter davantage.
Les policiers du Nunavik sont équipés de caméras d’intervention, et le service de police a confirmé que la vidéo avait été transmise à l’organisme de surveillance.
Makivvik affirme que ce dernier décès reflète l’incapacité des forces policières à désamorcer une situation ou à faire preuve de compréhension culturelle.
En novembre 2024, un policier a tué Joshua Papigatuk par balle et a grièvement blessé son frère jumeau Garnet après que la police a répondu à un appel concernant une conduite avec facultés affaiblies présumée à Salluit, situé à environ 1850 km au nord de Montréal.

Demande de réforme
Après la mort de Joshua Papigatuk, Makivvik a collaboré avec l’Administration régionale Kativik pour créer le comité de sécurité publique du Nunavik, chargé de réformer les pratiques policières, d’assurer une meilleure responsabilisation et de collaborer avec les dirigeants des communautés locales.
Le mandat du comité comprend l’examen des politiques sur le recours à la force, la promotion d’une surveillance inuit et la coordination avec les communautés directement touchées par la violence policière, a expliqué l’organisation.
L’Administration régionale Kativik a indiqué dans son propre communiqué que le BEI doit accélérer les enquêtes au Nunavik, avec un engagement ferme de produire des rapports finaux complets d’ici six mois
.
Elle souhaite également que l’organisme de surveillance planifie des rencontres publiques avec les communautés et examine les résultats des enquêtes avec elles. Il devrait également publier ses rapports en inuktitut.
Un porte-parole du ministre des Affaires autochtones du Québec, Ian Lafrenière, a confirmé être en contact avec le président de Makivvik.
Je lui ai offert mon soutien en ces temps très difficiles pour tous, a-t-il dit dans un communiqué, ajoutant qu’il suivrait de près l’enquête du BEI. Jake Lamotta Granato, porte-parole du coroner, a mentionné que la coroner Francine Danais enquêterait sur le décès de Mark R. Annanack.
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