Chasse au caribou dans le Nord du Québec : l’interdiction hante toujours la toundra et les pourvoiries

Chasse au caribou dans le Nord du Québec : l’interdiction hante toujours la toundra et les pourvoiries
Photo Credit: Radio-Canada

Chasse au caribou dans le Nord du Québec : l’interdiction hante toujours la toundra et les pourvoiries

Les guides de chasse qui, année après année amenaient des chasseurs de caribous dans le Nunavik au nord du Québec affirment que la toundra est jalonnée de centaines de camps de chasse abandonnés dont de nombreux ont été ravagés par les ours.

Bernard Rossignol

Bernard Rossignol

La chasse sportive du troupeau de la rivière George a été annulée puis interdite par le gouvernement du Québec en 2011 en raison de la chute draconienne de la population de ces cervidés nordiques.

« C’est triste à voir, tous ces camps de chasse abandonnés, » a déclaré l’ancien guide Bernard Rossignol. « Nous avons connu de très bons moments par ici, nous tous, chasseurs et membre du personnel. »

Aventures Norpaq est une compagnie spécialisée dans les services de pourvoirie qui opère au nord de Schefferville (55e parallèle Nord) depuis une trentaine d’années.

Norpaq amenait annuellement près de 400 chasseurs au Nord. Aujourd’hui, elle ne vend en moyenne que 25 voyages de pêche sur la rivière George.

Le pilote et copropriétaire de Norpaq, Samuel Paquet, affirme qu’il y aurait près de 600 camps abandonnés sur la toundra dans le nord. Il en a survolé quelques un l’été dernier.

« Certains d’entre eux sont complètement démolis, ravagés par les ours. En plus, on y trouve encore des barils de mazout, des équipements. C’est triste et aussi dangereux.»

La grande majorité des propriétaires de ces camps de chasse n’ont tout simplement plus les moyens de les entretenir depuis l’interdiction de la chasse au caribou.

Son père, Jean Paquet, président de la compagnie, souligne pour sa part que c’est désolant de voir tous ces camps de chasse à l’abandon.

« Ce sont des taches de saleté dans un espace magnifique. C’est inacceptable. On devra trouver le moyen de les nettoyer. Mais, qui en a les moyens, c’est là la grande question. »

Jean Paquet évalue à un peu moins de 5 000$ le coût d’un vol aller-retour en hydravion entre sa base au nord de Schefferville et un de ces camps abandonnés.

800,000 caribous composaient le troupeau de la rivière George il y a 20 ans. Il n'en resterait aujourd'hui que 15 000.
800,000 caribous composaient le troupeau de la rivière George il y a 20 ans. Il n’en resterait aujourd’hui que 15 000. © Marika Wheeler

À ce jour, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec est au fait de la situation; on affirme se pencher sérieusement sur le problème, mais rien n’a encore été entrepris et aucune décision n’a encore été rendue publique à cet effet.

Bien peu d’espoir pour un retour de l’industrie

Les biologistes qui étudient le caribou affirment que le troupeau de la rivière George pourra un jour être à même de soutenir une chasse sportive.

On pouvait y compter plus de 80 000 têtes à une certaine époque. Aujourd’hui, à peine vingt ans plus tard, il n’en resterait que 15 000, un déclin astronomique de 98%.

Le biologiste Steeve Côté de l’Université Laval de Québec, spécialiste des caribous, souligne que la chute de la population de ces animaux du troupeau de la rivière George continue et qu’il ignore comment y mettre un frein.

Steeve Côté de l'Université Laval à Québec
Steeve Côté de l’Université Laval à Québec © Marika Wheeler

Le professeur Côté ajoute que l’on ignore la cause de cette chute draconienne de cette population. Des pistes se présentent tout de même : pressions indues sur l’habitat, changements climatiques et un plus grand nombre de prédateurs en seraient des causes probables.

De plus, même si des milliers de bêtes étaient abattues chaque année, la chasse au caribou n’est pas à être considérée comme étant une des causes du déclin.

Steeve Côté ajoute qu’une faible lueur d’espoir se pointerait pour le troupeau de la rivière George. En octobre dernier, son équipe a noté qu’un plus grand nombre de veaux avaient atteint l’âge de six mois cette année que la moyenne des cinq dernières années.

Il y aurait cette année 30 veaux pour chaque centaine de femelles vivantes, alors qu’au cours des cinq dernières années, ils n’étaient que 15.

« Ce n’est pas assez pour affirmer que le troupeau passe en mode croissance, mais ce sont tout de même de bonnes nouvelles. »

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