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Les sodats canadiens ont pris leurs quartiers à Gao dans un contexte de forte tension après les perturbations qui ont marqué le scrutin présidentiel de dimanche.
Photo Credit: MINUSMA/Sylvain Liechti handout via REUTERS

Mali : les soldats canadiens déployés à Gao dans un contexte électoral tendu

Le contingent canadien de 250 soldats et de 6 hélicoptères a officiellement amorcé sa mission de maintien de la paix dans le nord du Mali. La cérémonie marquant le « retour » d’Ottawa au sein des Casques bleus a lieu à Gao, une ville située à 1191 km au nord-est de Bamako, la capitale. Les Maliens pendant ce temps attendent les résultats du scrutin présidentiel de dimanche.

Les Canadiens doivent mener des évacuations médicales de la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) dans le nord du pays à partir de mercredi. Ils prennent le relais des Allemands. Le colonel Chris McKenna, qui commande le contingent canadien, s’est dit heureux de la présence de ses troupes au Mali. « Cela fait plusieurs années que le Canada n’a pas eu de contribution importante au sein de l’ONU et nous sommes fiers de voir flotter le drapeau des Nations unies aux côtés de celui du Canada. »

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Le commandant des troupes canadiennes au Mali, Chris McKenna est heureux du retour du Canada dans les missions de maintien de la paix © 45eNord.ca

Devant ses troupes, déployées depuis le début du mois de juillet dans le Camp Castor qui héberge également les troupes allemandes et néerlandaises, Chris McKenna a scandé : « C’est un retour ! » Cette mission malienne marque en effet le retour des militaires canadiens en Afrique depuis le génocide rwandais de 1994. À l’époque, Ottawa dirigeait la mission de l’ONU dans ce pays, sous le commandement du général Roméo Dallaire.

Les djihadistes venus du nord

Le nord du Mali était tombé en mars 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ce qu’il est convenu d’appeler la crise malienne est le résultat d’un ensemble de facteurs comme la revendication de l’unification politique des territoires de langue touareg par-delà les frontières coloniales et l’affaiblissement de l’État malien au fur et à mesure que les révoltes dans le nord prenaient de l’ampleur. L’installation dans le nord du pays de groupes islamistes venus d’Algérie voisine n’a fait qu’exacerber les tensions.

Certes, les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières.

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La région de Gao a été depuis 2012 déstabilisée par des milices armées comme le groupe islamique Ansar Dine. © Adama Diarra/Reuters

L’ambassadeur canadien à Bamako, Louis Verret, est conscient des dangers auxquels les soldats de son pays sont confrontés au Mali. « C’est toujours un risque d’être dans un endroit dangereux, dit-il. Mais on prend des mesures de sécurité pour protéger nos militaires, nos citoyens, de façon à ce que les risques soient minimisés. »

Présidentielle sous tension

Mardi soir, un commando armé a d’ailleurs attaqué un convoi transportant du matériel électoral dans le centre du pays. Puis, il y a eu une fusillade au cours de laquelle quatre soldats et huit des assaillants ont péri. Selon le ministère malien de la Défense qui annonce la nouvelle, l’attaque s’est produite sur la route reliant Nampala à Coura, dans la région de Ségou, dans le centre-sud du pays.

L’armée malienne a été déployée dans plusieurs zones pour assurer la sécurité du vote de dimanche. (REUTERS/Luc Gnago) RC115DA84FC0

Les Maliens ont voté dimanche dans un scrutin où le chef de l’État sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, était opposé à une vingtaine de candidats. Le scrutin s’est déroulé sur fond de recrudescence des violences ethniques et islamistes à travers le pays ces derniers mois.

D’après le ministère de l’Administration territoriale, des hommes armés ont réussi à empêcher l’ouverture de 644 bureaux de vote, environ 3% du total. Des attaques armées et d’autres actes violents ont également perturbé les opérations de vote dans 4632 bureaux.

Lundi, les partis du président Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, et de son principal rival, Soumaïla Cissé, ont annoncé que leurs candidats étaient en tête, mais qu’un second tour serait probablement nécessaire, le 12 août. Les résultats officiels sont toujours attendus. Tous les candidats ont promis d’en finir avec le déclin de leur pays et de lutter contre la pauvreté.

Ibrahim Boubacar Keïta, le président sortant du Mali a fait face à une vingtaine d’adversaires au scrutin de dimanche. (REUTERS/Luc Gnago)

La MINUSMA, qui compte quelque 14 000 militaires et policiers a été déployée en 2013. Avec les quelque 170 Casques bleus tués, dont 104 dans des actes hostiles, soit plus de la moitié des soldats de l’ONU tués sur cette période dans le monde, c’est actuellement la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines.

Inventeur du concept des Casques bleus dans les années 1950, le Canada n’avait plus déployé de contingent au sein des missions de maintien de la paix de l’ONU depuis plus d’une décennie. Au début de l’année, les Nations unies ne comptaient qu’une cinquantaine de Casques bleus canadiens.

(Avec l’AFP, Reuters et ONU Nouvelles)

Minusma en Bref

Autorisation actuelle d’effectifs

  • 15 209 membres du personnel en uniforme, dont
  • 13 289 soldats
  • 1920 policiers

Effectifs déployés : 14 865

  • 1350 membres du personnel civil
  • 11 231 militaires
  • 35 observateurs militaires
  • 1745 policiers
  • 352 officiers d’état-major
  • 152 volontaires des Nations Unies

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