Pendant la Première Guerre mondiale, Joseph Alphonse Couture a creusé des tranchées, construit des ponts, cuisiné pour les troupes. Des activités loin de la baïonnette, du canon ou du char d’assaut. Pendant la guerre, le jeune Couture a aussi écrit un journal dans lequel il racontait ses expériences, ses préoccupations, ses petites joies.
L’historien Mourad Djebabla-Brun a lu ces pages et les a éditées et annotées. Le résultat est l’ouvrage Du Saint-Laurent au Rhin. Carnets de guerre, 1914-1918. Dans le prologue du livre, M. Djebabla-Brun explique qu’il aurait pu intituler l’ouvrage De sapeur à cuistot : la vie d’un simple soldat qui n’a pas utilisé le fusil, mais plutôt la pelle et la spatule pour accomplir les tâches qui lui avaient été confiées. Néanmoins, pour l’historien, la contribution de ces équipes de soutien a été d’une importance capitale pour que les Alliés réussissent un jour à mettre fin à cette guerre, comme il l’explique dans l’extrait de l’entrevue qu’il a accordée à RCI :
Selon Mourad Djebabla-Brun, le centenaire de la Première Guerre mondiale célébré partout au pays, de 2014 à 2018, a été une belle occasion d’éveiller chez les Canadiens la fierté de leur passé militaire. Que ce soit par des publications spéciales, des événements ou des reportages à la télévision et à la radio, le public canadien a pu redécouvrir cette partie de son histoire, et tant mieux, parce qu’elle est particulièrement importante comme il l’explique ici.
En 1917, lorsque le premier ministre canadien de l’époque, sir Robert Borden, est revenu de la Conférence impériale de guerre à Londres, et après des visites dans les tranchées, il a décidé que le service militaire obligatoire (conscription) devait être instauré au Canada. Il a annoncé sa décision au Parlement le 18 mai de la même année.
Après une série d’événements et toujours dans le contexte des Canadiens comme étant des sujets de la Couronne britannique, des émeutes contre la conscription ont éclaté au Québec. En 1918, afin de réprimer les émeutes de Pâques qui ont lieu à Québec entre le 28 mars et le 1er avril 1918, le gouvernement a proclamé la loi martiale en vertu de la Loi sur les mesures de guerre et a déployé quelque 6000 soldats.
Les émeutiers ont attaqué les troupes avec des armes à feu et des missiles improvisés. Les émeutes de Pâques deviendront de plus en plus violentes et causeront jusqu’à 150 victimes, y compris 4 civils tués par les tirs des soldats. Ces événements sont restés marqués dans l’imaginaire collectif et la contribution des Canadiens français méconnue et mal comprise, croit Mourad Djebabla-Brun.
L’historien aimerait que son livre jette de la lumière sur l’importance de la contribution des francophones du Canada de l’époque à ce que le pays est aujourd’hui.
Mourad Djebabla-Brun – Historien et professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean, Québec. Il se spécialise dans l’étude de la mobilisation de la population civile canadienne pour l’effort de guerre du Canada durant la Première Guerre mondiale. En plus d’articles parus dans des revues canadiennes et européennes de recherche en histoire, il a publié les livres Se souvenir de la Grande Guerre. La mémoire plurielle de 14-18 au Québec (VLB, 2004) et Combattre avec les vivres. L’effort de guerre alimentaire canadien en 1914-1918 (Septentrion, 2015).
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