Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) veut attirer l'attention sur le travail forcé dans l’agroalimentaire. REUTERS/Rafael Blancas - GF10000038565

Le travail forcé dans l’agroalimentaire : et si on en parlait

Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) lance, mardi, une campagne sur le travail forcé dans l’agroalimentaire au Québec. Objectif : sensibiliser les citoyens et les principaux acteurs de l’agroalimentaire sur un phénomène préoccupant, mais dont on parle peu.

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), le travail forcé peut être compris comme une activité accomplie contre son gré et sous la menace d’une peine quelconque. Adultes, enfants, minorités, étrangers, etc. peuvent en être victimes. Aucun secteur d’activité n’en est a priori exclu : travail domestique, construction, agriculture, confection, etc. Il est l’œuvre des autorités étatiques, des entreprises privées et aussi des particuliers.

Il s’agit de situations dans lesquelles des gens sont forcés de travailler sous la menace de la violence ou de l’intimidation. Il peut s’agir également de situations dans lesquelles ils sont victimes de techniques plus subtiles telles que la manipulation de dettes, la rétention de papiers d’identité ou la menace de dénonciation aux autorités migratoires.

Selon l’OIT, le travail forcé est présent dans une multitude de secteurs. REUTERS/Chaiwat Subprasom (Thaïlande) – GM1DVCNVBVAA

Dans d’autres cas, des employeurs ou recruteurs peuvent user de fausses promesses pour inciter des gens à accepter un emploi qu’ils n’auraient pas accepté en connaissance de cause.

Or, selon l’OIT, le travailleur doit consentir à une relation de travail de manière libre et éclairée. Il doit également être libre de quitter son emploi à tout moment.

Le CISO veut dénoncer la présence du travail forcé dans les chaînes de production agroalimentaires du Québec. Mélanie Nguyen, la coordonnatrice du CISO nous en parle.

Amélie Nguyen, CISO

Pour matérialiser le travail forcé, le CISO axe sa campagne dans un premier temps sur des produits présents dans les épiceries québécoises, mais dont les consommateurs ignorent le parcours.

C’est le cas de la tomate qui part de Chine jusqu’en Italie, du cacao cultivé en Côte d’Ivoire, des crevettes pêchées en Thaïlande, ainsi que des petits fruits du Mexique.

Cela dit, le Canada n’échappe pas aux réalités du travail forcé. En 2016, le Global Slavery Index estimait que 17 000 personnes vivaient dans des conditions d’esclavage moderne au Canada, soit une proportion de 0,5 victime pour 1000 habitants.

Le travail forcé au Canada est surtout pratiqué par les migrants temporaires. REUTERS/Mark Blinch

Ce phénomène touche principalement les travailleurs migrants, en particulier ceux qui arrivent au Canada avec des visas temporaires. D’après le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), les personnes les plus touchées par les mauvais traitements et l’exploitation détiennent souvent un permis de travail valide obtenu sous le volet « professions peu spécialisées » du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).

On y retrouve notamment les travailleurs « à rémunération peu élevée », des personnes qui exercent dans le secteur agricole primaire, ainsi que les aides familiaux résidents.

Sources : CCR, CISO et Slavery Global Index

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Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, Société
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