Une vue aérienne de la forêt boréale au Canada. Crédit : Istock

La nouvelle norme nationale du Forest Stewardship (FSC) permettra-t-elle de sauver la forêt boréale au Canada?

Cet organisme mondial à but non lucratif, qui consacre son action à la promotion d’une gestion saine des forêts mondiales au plan environnemental, a procédé à une mise à jour et dévoilé sa nouvelle norme, pour répondre aux multiples défis qui se posent dans le secteur forestier canadien.

Un écosystème déstabilisé

La forêt boréale canadienne est loin d’être intacte de nos jours, comme un peu partout ailleurs dans le monde. Les changements climatiques, ainsi qu’une exploitation intensive y ont laissé des marques.

Au Canada, qui abrite le quart des forêts boréales du monde, ces forêts sont composées d’une faune et d’une flore diversifiées. Ces dernières subissent souvent des perturbations naturelles, comme des feux de forêt, des épidémies d’insectes et des maladies, mais aussi des perturbations dues aux activités humaines et aux changements climatiques.

C’est ainsi que plusieurs des 140 000 espèces qui y vivent sont menacées de disparition ou d’extinction. C’est le cas par exemple du caribou des bois, du cougar, du carcajou, ou de certaines forêts de conifères qui se font de plus en plus rares.

La hausse des températures encourage les feux de forêt qui n’ont de cesse de réduire la couverture de la forêt boréale canadienne, qui occupe jusqu’ici les trois quarts de la superficie boisée totale du Canada, et qui est passée progressivement de son statut jadis établi de « puits de carbone » à celui de « source de carbone ». (Source : sous-comité sénatorial de la forêt boréale).

En raison des menaces qui continuent de planer, plusieurs signaux d’alarme sont donnés par divers organismes, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, sur le déséquilibre total qui va s’abattre sur l’écosystème forestier national, si des actions concrètes et efficaces ne sont pas menées pour inverser la courbe.

Les forêts boréales canadiennes s’étendent en un immense arc de cercle de plus de 1000 km de large et de plus de 3000 km de long qui va de la frontière du Yukon à l’ouest jusqu’à la région de Terre-Neuve-et-Labrador à l’est. Source : Ressources Naturelles Canada

Gain environnemental, économique et social

Selon le FSC, en adoptant de saines pratiques environnementales dans les forêts boréales canadiennes, c’est l’économie nationale et les communautés qui en dépendent qui en tireront le plus grand avantage. Plusieurs espèces aussi bien fauniques que floristiques s’en trouveraient préservées.

Après la prise de conscience, l’adoption de pratiques plus responsables permettra une exploitation économique durable, tout en encourageant un renouvellement des espèces.

Par ailleurs, une gestion responsable et durable de ces ressources, qui prend en compte les droits des peuples autochtones, des droits ancestraux reconnus par des traités onusiens qui confèrent à ces peuples une possibilité de regard et de parole sur la manière dont les ressources doivent être exploitées, produit un sentiment d’inclusion important pour ces communautés qui se disent très souvent exclues et marginalisées.

La nouvelle norme du FSC a été élaborée au terme d’une consultation de cinq ans avec des intervenants du secteur, des experts et des groupes sociaux.

« Nous sommes confrontés à certains des enjeux les plus déterminants de l’histoire de l’aménagement forestier au Canada. Il était important pour le FSC de faire participer équitablement des experts et des intérêts divers afin d’établir un nouveau cadre national pouvant être adopté dans toute l’industrie forestière. » François Dufresne, président du FSC Canada, dans le communiqué de presse.

Cette nouvelle norme tient compte des enjeux mentionnés plus haut, et elle met de l’avant les droits des peuples autochtones et des travailleurs, la conservation, ainsi que l’aménagement des paysages.

Elle est la résultante de la fusion de quatre normes préexistantes modifiées dans le but de renforcer les forêts canadiennes, les peuples, la flore et la faune qui en dépendent, peut-on lire dans le communiqué de presse.

Une industrie polluante Crédit : iStock

Quelle sera l’attitude des industries des secteurs forestier et minier envers cette norme?

Vont-elles poursuivre la prospection et la mise en valeur des ressources naturelles et gazières dans l’ouest du pays, tout en continuant l’aménagement de routes, de pipelines et de lignes séismiques qui s’étendent de plus en plus vers la forêt, détruisant au passage une bonne partie de sa couverture

Des groupes continueront-ils à abattre les arbres dans la forêt pour faire place aux pâturages et à des champs de foin?

Sera-t-il possible de mettre un terme aux activités de coupe d’arbres anarchiques au Yukon et dans l’Est, au Québec, en Ontario, au Labrador?

Les chasseurs, pêcheurs, plaisanciers et autres véhicules hors route continueront-ils à déranger la quiétude de certains groupes d’animaux, faisant fi de la nouvelle norme du FSC?

Dans tous les cas, certains intervenants du secteur forestier affichent leur volonté de croire aux changements des mentalités et des comportements qui permettront d’éviter la catastrophe prédite par des experts, pour ce qui est de l’avenir de la forêt boréale.

« Nous sommes très optimistes que la nouvelle norme nationale du FSC sera largement mise en œuvre et utilisée par les quatre chambres. Pour définir ses exigences en matière d’aménagement forestier durable, le FSC se fonde sur des pratiques d’adoption des solutions d’équité et de transparence. Nous nous attendons à ce que les utilisateurs de la norme lui réservent un accueil positif et qu’une place plus importante lui soit accordée sur le marché, étant donné que toutes les personnes qui dépendent de la forêt ont été prises en considération et écoutées », a affirmé David Flood, de la compagnie Wahkohtowin Development GP inc.

Avec des informations du Forest Stewardship (FSC) et du sous-comité sénatorial de la forêt boréale
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Catégories : Environnement et vie animale
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