Une journée importante dans la vie de Joseph Tierno…

Joseph, je me rappellerai toujours la première fois que je l’ai vu. C’était chez un ami où je me trouvai pour une fin de semaine à Québec. Joseph venait tout juste d’arriver au Canada lorsque je le rencontrai chez cet ami dont il était le neveu. Ce qui tout de suite me frappa chez lui, c’est que derrière sa jeunesse, je percevais une grande maturité. Il me disait qu’il était chanceux car son oncle avait pu l’accueillir. Il n’était pas seul au Canada et, cela, il en avait pleinement conscience. De par l’expérience de son oncle qui vivait au Canada depuis plusieurs années, il apprenait à travers lui les « codes » du Canada, me disait-il. Nous avons discuté une paire d’heures, comme on dit au Québec ! Je vais vous raconter l’histoire de Joseph à travers une journée. Mais pas n’importe laquelle : celle qui marqua son départ du Cameroun. Un moment, une date que tout immigrant n’oublie presque jamais…

Depuis tout petit, Joseph est fasciné par le Canada. Ses amis le surnommait Canada ! tellement il parlait de cette contrée. Au collège Stoll à Akono, petite ville située dans le centre-sud au Cameroun, le Directeur de l’école était Canadien. « Avec lui, on sentait le Canada ! » disait Joseph. Il nous en parlait mais, surtout, tous les jours, il levait le drapeau du Québec, du Canada et du Cameroun. On lui posait alors la question : Le Canada a 2 drapeaux ? Vous êtes chanceux ! »

Le 2 juillet 2009 ou le départ de Joseph pour le Canada 

Le 2 juillet 2009, Joseph réalise l’un de ses rêves. Il quitte le Cameroun pour continuer ses études universitaires dans la ville de Québec où son oncle habite. Un tournant dans sa vie lorsqu’il s’en rappelle. Une journée pleine d’émotions. C’était la première fois qu’il quittait le Cameroun et qu’il prenait l’avion.

Le jour du départ, Aéroport Nsimalen, Yaoundé

« Ma famille, mes amis, tous étaient à l’aéroport en ce grand jour. Il y avait plus de 50 personnes. C’était une véritable colonisation humaine ! Mais c’était aussi très émouvant. On me demandait : « Est ce que tu vas revenir un jour ? Le Canada c’est tellement loin… ». Je me rappelle du dernier au revoir que je leur ai adressé, la dernière fois où j’ai pu encore les apercevoir : ils ont tous poussé un cri et ils m’ont dit au revoir le Canadien ! »

Impression du décollage : « Le décollage est semblable à la montée d’un ascenseur. Quand on pense qu’il suffit de ce fabuleux oiseau pour traverser des terres, des océans… ».

Bon présage : « À un moment donné, j’ai vu 2 avions d’Air Canada. Je me suis dit : je ne suis plus tout seul. Ces avions m’accompagnent au Canada ! »

Arrivée au Canada : « Mon oncle est venu me chercher à l’aéroport Pierre Elliot Trudeau de Montréal. Nous avons pris ensuite le bus à la Gare d’autocars de Montréal pour aller à Québec. Plus de 200 kms où j’ai pu découvrir une petite partie du Canada. Ce que j’ai tout de suite constaté, c’est que les constructions étaient assez basses. Je m’attendais à voir des gratte-ciels tout au long de la route ! »

Joseph un an plus tard au Canada

« Aujourd’hui, je suis un autre. J’ai découvert la vie en Occident qui auparavant m’était étrangère. Il y a eu des hauts et des bas. Les premiers jours, tout est beau, on est au-dessus. Après, on se rend compte de certaines réalités. On est en bas. Ce que l’on voyait en rose n’est pas aussi rose que cela. La discrimination peut-être tacite. Mais on affronte les événements de la vie, comme jamais auparavant. J’ai appris ici à faire la gestion de mes propres moyens. Cela s’apprend au fil du temps… Puis, on se fait de nouveaux amis. On maìtrise mieux l’environnement dans lequel on vit désormais. Et là c’est la remontée. C’est un peu cela le cycle de mon immigration. Et on apprend tellement ! »

Voici ce que me disait récemment Joseph, qui s’apprêtait à faire sa deuxième rentrée universitaire à l’université de Laval à Québec…