Fromagerie La Station de Compton

Fromagerie La Station de Compton
Photo Credit: fromagerielastation.com

Les producteurs canadiens de fromage veulent amener Ottawa à table

Quatre mois après l’annonce d’un accord commercial entre le Canada et l’Europe, l’industrie fromagère canadienne dénonce la lenteur d’Ottawa à négocier une indemnisation.

Selon un texte de Daniel Thibeault

L’accord autorise l’importation de 17 700 nouvelles tonnes de fromages européens, ce qui fait craindre aux producteurs canadiens une baisse de leurs ventes. À la demande de Québec, le gouvernement fédéral s’est engagé à dédommager les producteurs d’ici, mais les discussions n’avancent pas.

« On a rencontré les représentants du gouvernement fédéral qui nous disent : « s’il y a perte, on va vous dédommager ». Nous, on est sûrs qu’il y a une perte. On n’aime pas cette phrase-là, quand le gouvernement nous dit « s’il y a perte ». »— Bruno Letendre, président de la Fédération des producteurs de lait du Québec

Le Canada produit annuellement environ 408 000 tonnes de fromages. Les fromages fins représentent entre 50 000 et 60 000 tonnes, dont plus de la moitié (32 000 tonnes) est produite au Québec. À titre de comparaison en 2012, les pays de l’Union européenne ont produit plus de 9 millions de tonnes de fromages, dont près de 2 millions pour la France.

Les producteurs laitiers canadiens estiment que, lorsqu’elle sera pleinement en vigueur, l’entente commerciale avec l’Europe fera perdre environ 300 millions de dollars en vente de fromages canadiens.

La bataille des étalages

« Notre crainte, c’est l’espace tablette dans les grandes surfaces », explique Maggie Paradis, propriétaire de la fromagerie Les folies bergères en Outaouais près de la capitale nationale, Ottawa.

« On commence à avoir accès [aux tablettes des grandes surfaces] et lorsque les importations vont arriver, ben on va se faire tasser. »— Maggie Paradis, propriétaire de la fromagerie Les folies bergères

De plus, les producteurs laitiers craignent de ne plus être concurrentiels en raison des subventions gouvernementales dont bénéficie le secteur laitier européen. Ainsi, même après l’importation et la mise en marché ici, les fromages européens sont souvent beaucoup moins chers que les fromages d’ici.

Deux fromages comparables : le d'Iberville, fait au Québec, se vend 54,99 $/kg, alors que le Munster, fait en France, se vend 35,99 $/kg.
Deux fromages comparables : le d’Iberville, fait au Québec, se vend 54,99 $/kg, alors que le Munster, fait en France, se vend 35,99 $/kg. © Daniel Thibeault

Les producteurs laitiers ajoutent que d’autres secteurs ont déjà obtenu de l’aide d’Ottawa dans le cadre de l’accord avec l’Union européenne.

Les fromagers artisans, qui craignent de subir l’impact le plus important, réclament une aide financière directe. Les producteurs laitiers veulent aussi qu’Ottawa aide au développement de nouveaux marchés, comme dans l’ouest du pays, en assouplissant les règles commerciales entre les provinces canadiennes.

Ils demandent aussi que les nouveaux quotas d’importation entrent en vigueur de façon graduelle, sur une période de 7 à 10 ans, pour en amortir l’impact.

Catégories : Économie, International, Politique
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