Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping ont applaudi en assistant à la signature, à Shanghai, de l'accord entre Gazprom et China National Petroleum Corp (CNPC). Photo Credit: Alexei Druzhinin (AP)
Ombre sur le Canada : la Chine et la Russie signent un accord sur le gaz
Le robinet à gaz russe vers la Chine n’est pourtant pas prêt de s’ouvrir.
Cet accord offre à la Chine, premier consommateur mondial d’énergie, une précieuse source d’approvisionnement.
L’entente offre aussi à la Russie un débouché pour sa seconde ressource d’exportation en importance après le pétrole et qui est en ce moment piégée au coeur d’une dispute géopolitique entre la Russie et l’Occident sur la question ukrainienne.
Cet accord est donc sur le plan politique un triomphe personnel pour Vladimir Poutine qui courtise activement en ce moment de nouveaux partenaires en Asie alors que l’Europe tente de réduire sa dépendance au gaz russe.
Au plan économique, la Russie devra se montrer patiente
La Russie devra investir la somme astronomique d’au moins 55 milliards de dollars pour l’exploration et la construction d’un gazoduc reliant les champs sibériens à la frontière chinoise, la Chine se chargeant de construire la portion de gazoduc en territoire chinois.
La livraison du gaz russe ne pourra commencer qu’en 2018.
Aide-mémoire…
L’accord, fruit de plus de 10 ans de négociations, prévoit l’exportation vers la Chine de 38 milliards de mètres cubes de gaz russe par an pendant trois décennies, pour un montant total estimé à plus de 400 milliards de dollars américains.
Selon Vladimir Poutine, la Chine paiera le gaz à un prix similaire à celui pratiqué en Europe.
Toujours selon le président russe, c’est le plus gros contrat dans l’histoire du secteur du gaz dans l’ancienne Union soviétique.
C’est l’équivalent dans les faits de la moitié de tout le gaz naturel consommé en un an par le Canada.
Pour le Canada, cette nouvelle entente d’approvisionnement de gaz naturel entre la Russie et la Chine est un autre signe que son ambition de devenir lui aussi un des plus grands exportateurs de la planète de cette ressource dans un horizon de vingt à trente ans va faire face à une intensification de la concurrence mondiale.
Des sociétés d’énergie prévoient plusieurs projets d’exportation de gaz naturel liquéfié sur la côte de la Colombie-Britannique, mais le Canada est loin derrière les autres acteurs internationaux dans sa capacité de pouvoir livré à moyen terme cette ressource sur les marchés internationaux.
La première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark insiste pour dire que sa province est toujours bien placée pour devenir un exportateur de gaz naturel liquéfié et que plusieurs acheteurs asiatiques, dont la Chine, préfèrent signer des contrats avec des pays fournisseurs qui offrent une fiabilité à long terme.
« Nous avons certainement vu la façon dont la Russie aime à faire des affaires ces jours-ci, et nous savons avec certitude que les Chinois veulent une fiabilité de l’approvisionnement, a déclaré Mme Clark lors d’une conférence de presse à Vancouver mercredi. Elle a ajouté : « être honnête, être digne de confiance, donner l’assurance que nous n’allons pas faire de la politique avec l’énergie. Je pense que c’est une valeur pour nos clients potentiels là-bas, en particulier pour la Chine. ».
Vote de confiance du géant Petronas envers l’industrie canadienne du gaz
Shamsul Azhar Abbas , le chef de la direction de la puissante compagnie malaisienne publique Petronas, minimise lui aussi l’impact de ce contrat entre la Russie et la Chine sur l’industrie naissante du gaz naturel liquéfie au Canada, et plus particulièrement sur le projet nord-ouest du Pacifique que mêne au Canada en ce moment Petronas.
« Ce qui m’intéresse est de savoir si ce contrat sera en concurrence directe avec notre projet canadien, et la réponse est non », affirme Shamsul Azhar Abbas. Il précise : « la belle partie de notre projet est que nous avons un consortium d’acheteurs ».
Le saviez-vous?
Les exportations de gaz naturel liquéfié (abrégé en GNL) n’étaient pas commercialement possibles il y a encore quelques années.
Le GNL est du gaz naturel condensé à l’état liquide (réduction du volume original d’environ 1/600) grâce à un procédé de refroidissement extrême à une température d’environ -161 °C.
Ce n’est que depuis 10 ans qu’il commence à être envisageable d’exporter par bateau le GNL, car cela a d’abord exigé une réduction des prix de production et la conception de navires d’un nouveau type, les méthaniers.
Le GNL jouera donc un rôle de plus en plus important dans l’industrie mondiale de l’énergie, car les réserves mondiales de gaz naturel sont abondantes et son état condensé rend possible son transport sur de longues distances par les voies maritimes entre les continents. Canaport, le nouveau port méthanier de Saint-Jean sur la côte est du Canada.
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