Image des archives sonores de CBC North

Image des archives sonores de CBC North
Photo Credit: Radio-Canada

Est-ce que le Nord est prêt pour une CBC/Radio-Canada numérique?

Le nouveau plan stratégique annoncé cette semaine par le diffuseur national CBC/Radio-Canada prévoit mettre sérieusement l’accent sur la diffusion par Internet mobile de ses contenus radio et télévision au cours des six prochaines années.

Mais, est-ce que la Grand Nord canadien est prêt pour ce changement en profondeur de l’offre? Certains au nord du 60e parallèle s’interrogent sur la faisabilité de ce déploiement dans les trois territoires canadiens alors qu’Internet n’est disponible que dans les centres urbains.

La réalité nordique est toute autre, certains observateurs disent qu’elle est à des années lumières de ce que les gens du Sud tiennent pour acquis.

« Nous ne disposons pas d’un standard modern d’infrastructures ni même d’infrastructure mobile, » affirme Andrew Robulak, consultant en communications basé à Whitehorse au Yukon.

Il ajoute que les technologies existantes dans les trois territoires, Yukon, Nunavut et Territoires du Nord-Ouest, ne peuvent supporter une augmentation draconienne du trafic.

« Les grands centres pourront s’en sortir, je pense à Whitehorse ou à Yellowknife par exemple, mais dès que vous sortez des centres urbains et que vous vous dirigez vers les communautés plus éloignées, les conditions changent radicalement. Les infrastructures dont nous disposons ne sont pas de très bonne qualité et nous coûtent très cher. »

Janice Stein, directrice générale de CBC North, la composante nordique de CBC/Radio-Canada affirme être bien au fait des défis technologiques qui s’annoncent.

Madame Stein est en poste à Yellowknife dans les TNO depuis trois ans. Elle souligne avoir plus d’une fois attiré l’attention de la haute direction de notre diffuseur national sur cette réalité nordique.

« J’ai été très claire à ce sujet. Le défi de la bande passante dans le Nord est très réel. C’est un fait, nous devons penser à une stratégie d’offre de contenu sur mobile, mais nous ne devons pas pour autant mettre de côté le présent. »

Andrew Robulack s’inquiète aussi des coûts engendrés par ces changements technologiques.

Il croit que les téléspectateurs en paieront les frais. Les technologies mobiles et Internet coûtent cher dans les trois territoires du Nord.

« Dans une large mesure, ces coûts sont refilés aux consommateurs.  Il nous faudra acquérir du matériel qui coûte plus cher. Un téléphone cellulaire et un ordinateur coûtent beaucoup plus cher qu’un téléviseur dans le Nord.»

Avenir nébuleux pour les émissions Igalaaq et Northbeat

À ce jour, aucune information n’a filtré sur des changements à la programmation télé de CBC North.

« Une chose est sure, nous allons réduire notre personnel de dire madame Stein. CBC/Radio-Canada réduira son personnel au cours de cinq prochaines années et CBC North réduira aussi son personnel. »

Quant aux bulletins de nouvelles diffusés à la télévision à l’heure du repas du soir — Northbeat in anglais et Igalaaq en inuktitut — Madame Stein souligne qu’il doit y avoir d’autres analyses sur comment tous ces changements technologiques affecteront la programmation régulière.

Certains bulletins de nouvelles – le créneau de 17h00 à 19h00 est très prisé pour l’information locale au Canada – passeront de 90 minutes à 30.

« Notre offre télévisuelle en tout début de soirée est produite en deux langues. C’est la seule du genre dans tout le pays. »

Madame Stein souligne que CBC/Radio-Canada a à cœur de produire une programmation de qualité en langues autochtones.

C’est un principe fondamental de ce que nous sommes. Il y aura de la programmation en langues des Premières Nations.

La composante CBC North a perdu six postes en avril dernier : trois à Yellowknife, deux à Iqaluit et un à Whitehorse. De plus, le bulletin de nouvelles de fin de soirée a été annulé.

Au cours des quatre prochaines années, CBC/Radio-Canada coupera 1 500 postes.

Catégories : Autochtones, Internet, sciences et technologies, Société
Mots-clés : ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.