La découverte d’une sixième carcasse de béluga, cette saison, ravive les appréhensions des scientifiques par rapport à cette espèce dans le fleuve Saint-Laurent au Québec.
La carcasse, découverte à Rivière-Ouelle, municipalité située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent à 150 km au nord-est de Québec, est celle d’un veau. La moitié des bélugas morts découverts cet été étaient des nouveau-nés.
Le directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), Robert Michaud, admet qu’il est inquiet. « Depuis 2010, et en 2012 en particulier, on a noté une augmentation phénoménale des mortalités chez les nouveau-nés. Cette année – l’année n’est pas terminée – on a déjà un nombre de mortalités qui est plus que ce qu’on avait avant 2010. »
De plus, la mort de ces veaux vient invalider l’une des hypothèses étudiées par les chercheurs pour expliquer le déclin de la population de bélugas du Saint-Laurent.
Les chercheurs, explique Robert Michaud, pensaient que la disparition des glaces l’hiver pouvait nuire aux femelles, l’année suivante. Or, parce que la glace a été exceptionnellement abondante à l’hiver 2014, « on se serait attendu à ne pas voir trop de mortalités », explique M. Michaud. « Mais, jusqu’à date, la tendance semble se maintenir, où on inscrit des mortalités assez importantes chez les nouveau-nés », poursuit-il.
Pour expliquer le déclin de la population de bélugas, les chercheurs du GREMM et de Pêches et Océans Canada considèrent également l’hypothèse de la présence d’un contaminant ignifuge persistant, le PBDE, qui s’accumule dans la chaîne alimentaire. Ils soupçonnent aussi un changement dans la base de l’alimentation causé par l’importante diminution des stocks de hareng.
Port pétrolier de Cacouna sur le fleuve Saint-Laurent
La découverte de cette sixième carcasse de béluga survient au lendemain du feu vert du gouvernement du Québec pour les travaux préliminaires de la pétrolière TransCanada au port de Gros-Cacouna.
Une décision qui a surpris Robert Michaud:
« C’est étrange qu’on regarde le projet de façon morcelée, plutôt que de le regarder dans son ensemble : de ses phases préliminaires jusqu’à ses dernières phases, c’est-à-dire l’exploitation. »— Robert Michaud, directeur du GREMM
La construction du port pétrolier, rappelle-t-il, se ferait dans ce que les chercheurs surnomment la « pouponnière des bélugas ».
Le directeur du GREMM s’explique mal cette décision. D’autant plus, ajoute Robert Michaud, qu’une autorisation émise par Pêches et Océan Canada pour ces mêmes forages exploratoires est contestée devant les tribunaux, parce qu’elle ne repose sur aucun avis scientifique.
Ce dernier argument a aussi été évoqué par un groupe d’organismes environnementaux, dont le Centre québécois du droit de l’environnement, Greenpeace et la Fondation Suzuki, qui se sont dits déçus de la décision du gouvernement du Québec dans le dossier.
RCI et Radio-Canada
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