Les motards criminalisés au Canada

Les motards criminalisés au Canada
Photo Credit: Radio-Canada

Les groupes de motards au Canada

99% des motards et des clubs desquels ils font partie sont de bons citoyens qui respectent les lois.

C’est un argument de l’American Motorcyclist Association (Trad. : Association des motocyclistes des États-Unis).

Toujours selon cette association, ce ne sont que les 1% des motards qui seraient des fêtards endurcis, vivant en marge de la société.

C’est ce que soutenait l’American Motorcyclist Association durant les années ’60.

Cette description a donné naissance au surnom «one percenter » (trad.: membre du club des 1%), que certains motards portant l’écusson d’un club ajoutent à leur veste, se proclamant de cette frange de la société.

Mais, si l’on s’en tient aux dires du club de motards Outlaws Motorcycle Club, les agents du maintien de l’ordre et les corps de police ont changé le sens du 1% au cours des années ’80 de sorte que l’appellation en vienne à désigner les gangs criminalisées. Aujourd’hui, 1% ne désignent plus ceux et celles qui refusent de vivre selon les règles de la société en général.

Par contre, les Outlaws (trad.: hors-la-loi) portent toujours fièrement l’écusson 1% tout en affirmant être une organisation respectant la loi et l’ordre dont les membres partagent l’engagement envers le mode de vie du motard et la fraternité entre les membres.

Le gouvernement américain a tout de même qualifié les Outlaws de groupe criminalisé.

Les caractéristiques d’un groupe de motards criminalisés

Bien que de très nombreux motards au Canada soient des citoyens ordinaires, respectueux des lois, il existe bien au Canada des gangs de motards criminalisés.

Selon les Service canadien de renseignements crimilnels, les gangs de motards criminalisés partagent plusieurs caractéristiques :

  • Ils affichent leurs couleurs en public;
  • Les gangs de motards criminalisés utilisent la force et la violence pour survivre et croître. L’intimidation, les armes et les explosifs sont leurs outils de prédilection;
  • Les organisations ont toutes des structures hiérarchiques. Les crimes à commettre sont laissés aux recrues alors que ceux qui sont plus haut dans l’échelle en recueillent les gains;
  • La structure hiérarchique permet aux leaders de fonctionner en toute impunité tout en affichant ouvertement leur image de puissance ce qui attire des recrues et de les amener à commettre des actes criminels;
  • Il est très difficile d’arriver à infiltrer ces groupes criminalisés à cause de l’exigence faite aux recrues de commettre un crime comme rite d’initiation. Les clubs nord-américains ont aussi tendance à exiger de leurs membres qu’ils possèdent des motos fabriquées en Amérique du Nord, essentiellement des motos Harley-Davidson.

Le groupe de motards criminalisés le plus important au Canada serait les Hells Angels, bien que ses membres nient toute implication dans des actes criminels, affirmant qu’ils ne sont qu’un club de motards.

Fondé en 1948 en Californie, les Hells Angels ont connu une forte croissance au fil des décennies, regroupant aujourd’hui plus de 2 000 membres aux États-Unis et dans 26 autres pays, selon le U.S. National Gang Intelligence Center.

Selon des données datant d’avril 2009, il y aurait 34 chapitres des Hells Angels au Canada et à peu près 460 membres en règle.

Voici une répartition provinciale des chapitres des Hells Angels au Canada:

 Ontario 15
 Colombie-Britannique  8
 Québec  5
 Alberta  3
 Saskatchewan  2
 Manitoba  1

 

Guerre de terrrain

Le plus gros chapitre des Hells Angels au Canada, et le plus craint, a été formé à Montréal. Il a vu le jour en 1977, quand un groupe existant, les Popeyes, s’est sabordé pour se joindre aux Hells Angels.

Avec l’émergence des Rock Machines en 1986,  les Hells Angels se sont retrouvés avec un rival de taille et une guerre de terrain s’est déclarée entre les deux groupes au cours des années ’90. En tout, ce conflit sur fond de crime organisé a causé 150 pertes de vies, dont deux gardes de prison et d’un enfant, Daniel Desrochers, qui est décédé à 11 ans quand une voiture piégée a explosé à l’extérieur d’un repaire de motards.

Sa mort et la colère qui s’en est suivie dans le public et dans l’ensemble des médias a amené le gouvernement canadien à voter la Loi C-95, une législation adoptée en 1997 qui renforçait les pénalités aux personnes membres d’organisations criminelles, reconnues coupables de crime.

En 2009, Gérald Gallant, qui s’est avoué coupable de meurtre par contrat durant la guerre des motards au Québec, a aidé la police à arrêter onze personnes qui auraient commandé ou commis des meurtres durant le conflit. Il a aussi plaidé coupable à des accusations de meurtre de 27 personnes en 30 ans, ce qui fait de lui l’un des meurtriers les plus, oserait-on dire « prolifiques », du Canada.

Voici un bref survol des principales organisations de motards criminalisés qui ont des activités au Canada.

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Le Service de renseignement criminel du Canada qualifie les Hells Angels comme étant « le plus gros groupe de motocyclistes criminalisés au pays,» avec des chapitres actifs au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.

En 2004, les Hells Angels retiraient « des revenus très importants » de leurs activités criminelles telles la prostitution, la fraude et l’extorsion. Par contre, le gros de leurs revenus provenait du trafic de la drogue.

Ce gang de motards criminalisés s’est installé en Ontario en 2000. Avec cette année, leur seule présence ontarienne était assurée par le club « élite » des Hells, les Nomads. Les Nomads ne s’attachent pas à un endroit en particulier et, contrairement à d’autres chapitres, n‘ont pas de repaires spécifiques.

En moins d’un an, les Hells Angels avaient absorbé plusieurs membres de groupes tels les Para Dice Riders, les Satan’s Choice et les Last Chance, ce qui leur donnaient au moins une centaine de membres dans le grand Toronto soit la plus forte concentration de Hells Angels au monde.

À la mi-avril de 2009, les services policiers ont ciblé plus de 150 personnes en lien avec les Hells Angels dans une série d’opérations matinales au Québec, au Nouveau-Brunswick, en France et en République dominicaine. Ils ont aussi saisi quatre bunkers supposés appartenant aux Hells Angels.

Bandidosimages

On les considère comme étant le second groupe de motards criminalisés le plus puissant au monde. Les Bandidos auraient 2 000 membres dans 14 pays selon le National Gang Intelligence Center des États-Unis. Le centre américain décrit les Bandidos comme étant « une menace criminelle en forte croissance. »

Lers Bandodos ont été fondé au Texas en 1960. La vieille garde était contre son absorption par les Rock Machine en Ontario, de crainte de voir surgir une autre guerre des gangs de motards criminalisés telle que le Québec avait connu au cours des années ’90.

En avril 2006, les corps de huit personnes – tous membres en règle ou membres-associés des Bandidos – ont été découverts dans un champ près de la petite ville de Shedden en Ontario, une trentaine de kilomètres au sud-ouest de London. Selon la police, cette tuerie a presque anéanti le chapitre de Toronto des Bandidos.

imgresOutlaws (trad. : les hors-la-loi)

Créé en 1935 aux États-Unis, le groupe est venu au Canada en 1978 quand plusieurs chapitres des Satan’s Choice de Montréal ont changé d’allégeance pour s’appeler Outlaws Motorcycle Club of Canada.

Ce groupe de motards criminalisés est reconnu pour détester profondément les Hells Angels, qui leur rendent bien d’ailleurs.

Rock Machineimgres

Deuxième au Québec derrière les Hells Angels, ils ont été au cœur de la guerre des années ’90 avec les Hells qui a causé la mort de plus de 150 personnes, le tout sur le fond du contrôle du très lucratif marché de la drogue.

Rappelons que c’est cette guerre des gangs – Hells Angels – Rock Machine – qui a mené à la législation canadienne dite Loi C-95.

Tout comme les Hells Angels, les Rock Machine ont pris de l’expansion en Ontario en y établissant trois chapitres. Depuis 2001, ils se sont associés aux Bandidos.

Satan’s Choice (trad. : le choix de Satan)

Un des groupes de motards les plus puissants en Ontario. Les Satan’s Choice sont devenus des membres des Hells Angels en 2000-2001 et possèdent des chapitres  à Keswick, Kitchener, Oshawa, Sudbury, dans le comté de Simcoe, à Thunder Bay et à Toronto — mais rien à l’extérieur de la province.

Para Dice Riders (trad.: les motocyclistes para dice)

Ce groupe a déjà été une force de frappe du crime organise, essentiellement dans la région de Toronto, avant d’être absorbé par les Hells Angels en 2001.

Last Chance (trad. : dernière chance)

Un petit groupe de motards criminalisés base en Ontario qui, comme les Pace Dice Riders, a décidé de se joindre aux Hells Angels lors de leur arrivée sur le territoire canadien.

Lobos (trad. : les loups)

Au départ, les Lobos se retrouvaient surtout dans la région de Windsor dans le Sud-ouest ontarien. Eux aussi se sont joints aux Hells Angels en 2001.

Loners (trad. : les solitaires)

Ce club de motards a été créé en Ontario en 1979. Refusant l’incorporation au sein des Hells Angels, Les Loners ont connu une guerre larvée avec ces derniers.

Les Loners ont réussi à s’installer aux États-Unis et en Europe.

En 2001, un procès intenté au chapitre de Toronto a retenu l’attention des médias et des autres clubs de motards quand  les motards tenaient à conserver leur mascotte sur leur terrain au nord de la métropole canadienne. La mascotte en question, Woody, un lion stérilisé et dégriffé, a par la suite été déplacé vers un sanctuaire pour animaux.

Vagabonds

Un autre groupe de motards ontarien, les Vagabonds ont aussi été assimilé par les Hells Angels en 2001

The Red Devils (trad.: Les diables rouges)

Ce serait le plus vieux club de motards au Canada. Il serait composé de quelques douzaines de membres, essentiellement regroupés dans la région de Hamilton en Ontario.

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