Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration du Canada dit que tous les candidats à l’immigration doivent être soumis aux mêmes règles.
Un couple égyptien vivant en tant que résidents permanents au Canada dit qu’une procédure bureaucratique canadienne est a la source du déchirement familial qu’il traverse depuis plusieurs mois.
Ce couple explique qu’il a dû se séparer depuis plusieurs semaines de son plus jeune enfant, Adam Aboushady. Celui-ci est forcé pour le moment de rester au Caire avec ses grands-parents.
« Je suis très en colère. C’est le premier anniversaire d’Adam. Il vient de commencer à marcher l’autre jour », déclare sa mère Samah Aboushady qui vit avec son mari, Ahmed, et ses deux filles Judy, 5 ans et Lara, 4 ans, en Ontario.
« Je n’étais pas là et j’ai raté. Quand vous manquez ses premiers pas, ils ne se reproduiront jamais. Il fait quelque chose de nouveau chaque jour, et vous êtes une mère et vous êtes absent de tout cela. »
Ils ont fui la révolution égyptienne
Samah et Ahmed Aboushady et leurs filles ont fui la situation tendue en Égypte en 2011 peu de temps avant la révolution.
La jeune famille a déménagé d’abord temporairement au Royaume-Uni alors qu’elle faisait une demande d’immigration au Canada. Puis, vers la fin de 2012, le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration a accepté leur demande de résidence permanente.
La famille a atterri au Canada pour rendre son immigration officielle en mars 2013, mais elle est ensuite retournée temporairement au Royaume-Uni pour se préparer à s’installer définitivement au Canada.
À ce moment là, Aboushady était enceinte d’Adam, et la famille prévoyait revenir au Canada à temps pour sa naissance.
Mais des complications de grossesse ont rendues impossibles ce voyage, et en janvier 2014, Adam est né au Royaume-Uni. Voilà ce qui pose un gros problème au couple.
Aux yeux du Canada, leur nouveau bébé n’est ni britannique, ni Canadien – il est Égyptien.
Immigration Canada a rejeté un visa de visiteur pour le nouveau-né
Le couple avait fait ses devoirs et demandé l’avis d’un cabinet d’immigration qui leur avait dit que la solution la plus rapide serait de présenter une demande de visa de visiteur pour amener Adam au Canada, puis de le parrainer une fois qu’il serait rendu ici pour qu’il devienne un résident permanent.
Mais en juillet de l’année dernière, ils ont eu de mauvaises nouvelles – Citoyenneté et Immigration avaient rejeté le visa de visiteur d’Adam.
Le couple s’est alors retrouvé devant un choix impossible. S’il ne réussissait par à revenir au Canada dans un court laps de temps, leur petite famille perdrait son statut de résident permanent – mais ils ne pouvaient pas légalement amené Adam avec eux, alors âgé de seulement six mois : « J’étais dévasté, je ne pouvais pas arrêter de pleurer, j’étais dans l’incrédulité. Je ne savais pas quoi faire » , déclare Samah Aboushady.
Ils ne pouvaient plus non plus rester légalement au Royaume-Uni, de sorte que leurs seules options étaient à retourner en Égypte en famille ou de revenir au Canada sans Adam : « Nous avons trois enfants, nous devons donc faire le meilleur pour chacun d’entre eux en même temps », déclare le père, Aboushady.
Pas de réunification familiale pour le moment
En novembre dernier, le couple a demandé au Canada de parrainer Adam pour la résidence permanente et espérait que Citoyenneté et Immigration Canada serait fidèle à sa politique de réunification familiale.
Citoyenneté et Immigration leur a dit il y a une dizaine de jours que leur demande était « incomplète », et que le processus a été bloqué jusqu’à ce que la famille puisse fournir plus de documents.
Le couple s’efforce toujours d’obtenir l’information manquante que doit leur fournir un autre ministère du gouvernement, l’Agence du revenu du Canada, avant qu’ils puissent espérer être finalement réunis avec leur fils.
Le temps de traitement moyen pour cette deuxième étape est de 18 mois suggérant que le couple pourrait attendre encore plus d’un an avant d’être réuni avec Adam.
« Totalement inhumain », dit un ex-conseiller de l’immigration
Klaudios Mustaskas, qui a travaillé au ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration depuis 37 ans, d’abord comme agent des visas, puis en tant que gestionnaire, est consternée par ce cas.
« Ma réaction personnelle – c’est que c’est totalement inhumain. Le cas concerne un enfant. L’enfant ne va pas être un risque pour la sécurité du Canada. Il ne va pas voler l’emploi d’un Canadien ou quelque chose comme ça. »
« Tout ce que l’agent des visas a à faire est d’appliquer le bon sens et de délivrer à l’enfant un visa de visiteur pour venir au Canada alors que le reste des démarches administratives se déroulent.»
« Encore une fois, il faut utiliser son pouvoir discrétionnaire. Tout n’est pas noir et blanc. L’immigration a beaucoup de zones grises.»
Le ministre dit que la famille Aboushady n’a pas suivi les règles
Christ Alexander, ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, affirme que les règles s’appliquent à tout le monde, mais que le processus pour Adam serait accéléré.
Il explique que la situation du couple est due au fait qu’il n’a pas suivi les règles dans le bon ordre, car il a fait l’erreur de demander un visa de visiteur pour Adam en premier, avant de faire une demande de résidence permanente.
« Un parent qui s’occupe de ses enfants doit faire les bonnes choses sur le plan administratif, s’il veut le résultat que toute la famille voudrait », a déclaré Chris Alexander.
Le ministre dit que le problème a été résolu, de sorte que la famille devrait à nouveau demander un visa de visiteur pour Adam et que le ministère permettra d’accélérer le processus.
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Adam Aboushady, baby of Canadian residents, stranded in Egypt by immigration rules – CBC News
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