Le niqab n’est pas toléré par la « famille canadienne », tranche le premier ministre canadien

Stephen Harper annonce que son gouvernement s’acharnera à interdire le port du niqab lors des cérémonies d’assermentation malgré le jugement d’une haute cour de justice.

Selon le premier ministre, le Canada est « une société qui est transparente, ouverte et où les gens sont égaux ».

Voilà pourquoi il vient d’annoncer la décision de son gouvernement d’interjeter appel d’une décision de la Cour fédérale qui a décrété que les femmes peuvent porter un niqab en prenant leur serment de citoyenneté.

« Je crois, et je pense que la plupart des Canadiens croient qu’il est offensant que quelqu’un cache son identité au moment même où ils s’engagent à rejoindre la famille canadienne », a déclaré hier le premier ministre devant plusieurs Québécois.

La déclaration du premier ministre lui a valu les applaudissements des gens présents dans la salle. « Ce n'est pas notre façon de faire et je pense que ce n’est pas acceptable », a poursuivi le premier ministre canadien.
La déclaration du premier ministre lui a valu les applaudissements des gens présents dans la salle. « Ce n’est pas notre façon de faire et je pense que ce n’est pas acceptable », a poursuivi le premier ministre canadien. © PC/Paul Chiasson/CP

Aide-mémoire…

  • Mme Ishaq, qui vit à Mississauga dans la province de l’Ontario, s’était opposée en 2013 à la loi canadienne lui demandant de retirer son niqab alors qu’elle prenait le serment de citoyenneté, car elle estimait que ce geste l’obligerait à abandonner temporairement sa croyance musulmane sunnite qui lui indique de porter un tissu qui couvre le visage en public.
  • Elle a également fait valoir que les fonctionnaires féminins pourraient facilement prendre son serment en privé, et que la loi n’exige pas que les gens soient « invisibles » pour le prendre.
  • Le gouvernement a invoqué pour sa part le fait que toute violation des droits religieux inscrits dans la charte canadienne des droits et libertés serait « négligeable » parce que le serment d’assermentation prend moins d’une minute à réciter.
Zunera Ishaq
Zunera Ishaq © Vince Talotta

La Cour fédérale s’en mêle

Vendredi dernier, un juge de la Cour fédérale a donné raison à Zunera Ishaq et statué qu’il suffirait qu’un demandeur de la citoyenneté désirant garder le Niqab puisse signer un formulaire disant qu’il a pris le serment de citoyenneté.

Le juge Keith M. Boswell estime que le devoir d’un juge à l’assermentation est de procurer aux aspirants à la citoyenneté canadienne la plus grande liberté possible dans la célébration entourant le serment.

L’avocat de Zunera Ishaq rétorque que la politique canadienne est discriminatoire

« La sécurité n’est pas en cause ici. Il n’y a aucune base juridique pour cette politique à mon avis » , a déclaré Lorne Waldman. « Je trouve troublant que le gouvernement persiste dans la poursuite d’une politique qui, à mon avis, n’a pas de fondement juridique. »

Devant la Cour fédérale, l’avocat représentant le gouvernement avait soutenu que devenir un citoyen canadien était un privilège, non un droit. Il avait de plus souligné que Zunera Ishaq avait consenti à retirer son niqab lorsqu’elle avait passé son permis de conduire.

Prévue pour janvier 2014, l’assermentation avait été reportée une première fois par Mme Ishaq lorsqu’elle avait appris qu’elle devait retirer son niqab pour l’occasion.

Avec l’appel fait par le gouvernement du Canada, il est vraisemblable que Zunera Ishaq reportera de nouveau son assermentation pour devenir citoyenne canadienne.

Me Lorne Waldman.
Me Lorne Waldman. © CBC

Plus de détails

Niqab-citizenship ceremony ruling will be appealed, PM says – CBC News 

Ottawa déterminé à interdire le niqab lors des cérémonies d’assermentation – Radio-Canada 

Harper vows to appeal court ruling allowing women to wear niqab – National Post 

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Société
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