Des femmes portant le hijab.

Des femmes portant le hijab.
Photo Credit: PC / Ryan Remiorz

Une juge québécoise refuse à une musulmane couverte d’un hijab l’accès à sa cour

Invoquant un article du règlement de la Cour du Québec qui précise que toute personne qui comparaît devant le tribunal doit être « convenablement vêtue », la juge Eliana Marengo s’en est prise à une dame qui refusait d’enlever son hijab.

Rania El-Alloul - CBC

Rania El-Alloul – CBC

Dans un enregistrement audio de la procédure obtenu par CBC Nouvelles, on entend la juge Eliana Marengo dire à Rania El-Alloul mardi que sa salle d’audience est un lieu laïque et que la jeune musulmane n’est pas convenablement vêtue.

Puis devant le refus de cette dernière de retirer ce type de voile qui ne couvre que la tête et non le visage, la juge a affirmé que la cause de Rania El-Alloul ne serait pas entendue.

Dans l’enregistrement on entend la juge dire : « Chapeau et lunettes de soleil ne sont pas autorisés. Et je ne vois pas pourquoi des foulards sur la tête le seraient ».

« Les mêmes règles doivent s’appliquer à tout le monde. Je ne vais donc pas vous entendre si vous portez un foulard sur la tête, tout comme je n’aurais pas à permettre à une personne de comparaître devant moi portant un chapeau ou des lunettes de soleil sur sa tête, ou tout autre vêtement qui ne convient pas pour une procédure judiciaire ».

Lorsque la juge Marengo a indiqué à madame El-Alloul qu’elle avait un choix : enlever son foulard immédiatement ou demander un ajournement afin de consulter un avocat, la jeune femme a répondu qu’elle ne pouvait pas se payer un avocat et qu’elle ne voulait pas reporter l’affaire.

Une comparution en cour qui devait être sans histoire.

 Sameer Zuberi - CBC

Sameer Zuberi – CBC

Rania El-Alloul se présentait en cour mardi dans l’espoir de reprendre possession de sa voiture qui a été confisquée par la Société d’assurance-automobile du Québec (SAAQ), car son fils la conduisait alors que son permis était suspendu.

Dans de tels cas, les autorités conservent en leur possession le véhicule pendant un mois. Si quelqu’un veut le ravoir plus rapidement il doit comparaître devant un juge de la Cour du Québec et en faire la demande.

Selon Sameer Zuberi, du Forum musulman canadien : « la juge aurait dû mieux faire, car ce n’est pourtant pas la première fois que quelqu’un entre dans une salle d’audience habillée de vêtements religieux »

« Je sentais que je ne suis plus canadienne »

Dans une interview accordée à CBC News, madame El-Alloul affirme qu’elle ne pouvait pas croire ce qui se passait : « quand je suis arrivé le premier jour où j’ai atterri au Canada, je portais mon hijab », se souvient-elle.

« Quand j’ai juré devant Dieu d’être un bon citoyen canadien, je portais mon hijab, et le juge alors m’a serré la main le même jour que je suis devenu canadien. J’étais vraiment très heureux. Mais ce qui est arrivé au tribunal m’a fait ressentir de la peur. Je sentais que je ne suis pas plus canadienne ».

« Quand elle a insisté pour que j’enlève mon hijab, vraiment je me sentais comme elle ne me parlait pas comme si j’étais un être humain. Je ne veux pas que cette chose arrive à toute autre dame. Ce n’est pas le travail d’un juge. Elle ne mérite pas d’être une juge ».

Les plaintes contre des juges de la Cour du Québec peuvent être déposées auprès du Conseil de la magistrature du Québec, qui est chargé de superviser la conduite des juges nommés par la province.

Aide-mémoire…

  • Cet incident survient dans la foulée d’une décision de la Ville de Shawinigan au Québec récemment qui a refusé d’autoriser l’installation d’une mosquée sur son territoire, et alors que divers sondages semblent démontrer une hausse du sentiment islamophobe au Québec.
  • Il y a dix jours à peine, le premier ministre canadien Stephen Harper a annoncé devant une assemblée de Québécois que son gouvernement ne se plierait pas à une récente décision de la Cour fédérale qui autorise une femme à conserver son voile intégral lorsqu’elle prête serment pour devenir citoyenne canadienne…
  • Le niqab n’est pas toléré par la « famille canadienne », tranche le premier ministre canadien
    Le premier ministre canadien Stephen Harper annonce que son gouvernement conteste le port du voile intégrale dans les cérémonies d'assermentation de citoyenneté canadienne.
    Le premier ministre canadien Stephen Harper annonce que son gouvernement conteste le port du voile intégral dans les cérémonies d’assermentation de citoyenneté canadienne. © PC/Paul Chiasson

Pour en savoir plus…

Une juge refuse d’entendre une femme portant le hidjab – Le Devoir

Quebec judge wouldn’t hear case of woman wearing hijab – CBC News

Mulcair d’accord avec le port du niqab – Radio-Canada

Catégories : Politique, Société
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