La Canadienne Laura Keegan a été confrontée à la mort et au combat pour la vie lors de son séjour en Sierra Leone où elle participait à l’effort international pour combattre l’épidémie d’Ebola.
Mais, la vie la plus fragile qu’elle a réussi à protéger est celle d’un bébé né prématurément qui n’avait que deux jours.
Laura Keegan travaillait au sein de l’unité d’intervention rapide de la Croix-Rouge canadienne à un centre de traitement de l’Ebola en tant que membre de l’équipe psychosociale. Originaire de la Saskatchewan, elle travaille présentement chez HIV Edmonton en Alberta.
En Sierra Leone, elle travaillait auprès des personnes, patients, familles et membres du personnel, qui étaient confrontés aux impacts psychologiques de l’Ebola.
Un jour, une jeune maman se présente après avoir accouché de son premier enfant.
La jeune mère était très malade. La mère et l’enfant ont été admis au centre de traitement, car on craignait qu’ils soient porteurs d’Ebola. L’enfant était né prématurément, n’avait que deux jours et ne pesait que deux kilos.
Peu de temps après son admission, la mère est décédée. Elle avait tout juste eu le temps de nommer son enfant, une fille, Fatima.
La mère n’est pas morte à cause de l’Ebola. L’équipe médicale du centre n’a pas pu déterminer la cause de son décès, car l’équipement y est très sommaire et essentiellement conçu pour faire face à l’épidémie.
Fatima a passé une journée en observation à l’unité à haut risque du centre afin de déterminer si oui ou non elle était atteinte de la terrible maladie.

Laura Keegan, en compagnie de collègues de la Croix-Rouge au centre de traitement contre l’Ebola de Kenema en Sierra Leone
Elle était dans une boîte de carton. Ce secteur du centre était essentiellement composé de tentes dans lesquelles on retrouvait des lits de camp. Le personnel ne pouvait la prendre dans leurs bras sans équipement de protection. Il était donc impossible de garder le nourrisson au chaud, peau contre peau.
De plus, le secteur du centre où travaillait Laura Keegan, et où se trouvait la petite Fatima, n’était pas relié au circuit de distribution d’électricité.
La solution
L’équipe s’est tournée vers la cafetière. On y a fait bouillir de l’eau, on a rempli des bouteilles qui ont été par la suite déposées dans la boîte de carton de sorte que la petite puisse être au chaud au cours de la nuit.
Fatima a connu une forte poussée de fièvre, plus de 40 degrés. « Nous avons vraiment cru la perdre. Mais elle a passé à travers. »
Fatima retrouve son papa
En fait, Fatima n’était pas porteuse de l’Ebola. Elle a retrouvé son père, des retrouvailles teintées d’incertitude. Le père a vu sa fillette dans les bras d’un employé du centre de traitement qui portait des gants et de l’équipement de protection contre la terrible maladie.
Lors de ces retrouvailles, Laura Keegan ne portait pas de vêtements de protection. Pour bien faire passer le message au père que la petite n’était pas contagieuse, elle l’a prise dans ses bras, l’a embrassée sur les deux joues et l’a laissée lui téter le doigt. Le père a compris, sa fille n’était pas porteuse de l’ebola.
« Cette petite est comme de nombreuses femmes de la Sierra Leone que j’ai rencontrées ici. Elle est forte, fougueuse et bagarreuse. »
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