La Banque du Canada, qui est la grande banque centrale canadienne, affirme pour la première fois qu’elle pourrait envisager de faire reculer son taux d’intérêt directeur en deçà de 0 % si jamais le pays était confronté la prochaine fois à une crise économique aussi importante que celle causée par la crise financière de 2008.
Dans un discours prononcé mardi, le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, révèle qu’un taux d’intérêt négatif était un des nombreux outils potentiels non traditionnels que la banque pourrait choisir d’utiliser dans le scénario peu probable d’une nouvelle crise.
Mais l’impact d’une telle décision pourrait être limité, a prévenu M. Poloz : « Nous ne pouvons donc pas nous montrer désinvoltes quant à l’ampleur de la marge de manoeuvre dont nous disposons encore. De plus, certains signes montrent que les consommateurs et les entreprises réagissent moins aux baisses de taux d’intérêt lorsque ceux-ci sont déjà très faibles. »
Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz tient à préciser que le simple fait d’énumérer des mesures de politique monétaire ne devait pas être interprété comme un signe que la Banque du Canada s’apprêtait à y avoir recours. (Nathan Denette/Canadian Press)
Dans un pays où les taux sont négatifs, « les taux d’intérêt ne vont pas en dessous de zéro pour les épargnants », a déclaré Poloz lors d’une séance de questions-réponses après son discours, notant qu’en Suisse et ailleurs, les consommateurs gagnent en intérêt des quantités microscopiques sur leurs épargnes placées dans les banques et qu’ils paient des taux d’intérêt minuscules sur les prêts à la consommation.
Le saviez-vous?
Les consommateurs canadiens ne sont déjà pas très éloignés d’un taux d’intérêt négatif. – La Banque du Canada a, à deux reprises cette année, réduit son taux d’intérêt de référence dans une tentative de stimuler l’économie. – La banque centrale a abaissé la valeur plancher de son taux directeur autour de moins 0,5 %. – Ce taux n’est que marginalement supérieur au taux plancher de 0,25 % précédemment établi en 2009.
Le quartier financier de Toronto est le lieu de résidence de certaines des plus grandes banques du Canada et du monde. (Nathan Denette / Presse canadienne)
Une économie qui pour le moment n’a pas besoin d’un coup de pouce d’intérêt négatif
Le gouverneur a réitéré son optimisme vis-à-vis de l’économie canadienne et réaffirmé sa projection de raffermissement, malgré la faiblesse persistante des prix des ressources naturelles.
« À la lumière de ces perspectives, il peut sembler bizarre que nous ayons décidé maintenant de mettre à jour notre boîte à outils de politiques monétaires non traditionnelles », a-t-il dit.
« J’espère sincèrement que nous n’aurons jamais à nous en servir. Toutefois, dans un monde marqué par l’incertitude, la banque centrale doit être prête à toute éventualité. »
Aide-mémoire… Des pays ont déjà réduit dans le passé leurs taux en dessous de zéro dans une tentative pour encourager les dépenses et les investissements.
– La Suisse, la Suède, le Danemark et la Banque centrale européenne ont tous plongé leur taux de référence en dessous de zéro pour diverses raisons au cours des dernières années.
– Le taux de la banque centrale de la Suisse est maintenant a moins de 0,75 %, par exemple.
– Cela signifie que les banques doivent payer une redevance pour stocker de l’argent à la banque centrale – quelque chose qui les encourage à ne pas le faire, et donc de déployer leur capital vers des entreprises et des consommateurs sous forme d’emprunts ce qui fait croître l’économie.
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