Le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion et son homologue russe Sergeï Lavrov   PHOTO : (PHOTO: MID.RU)

Le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion et son homologue russe Sergeï Lavrov PHOTO : (PHOTO: MID.RU)

Au milieu de déploiements militaires, le Canada tente de défroisser ses relations avec la Russie

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Stéphane Dion, s’est entretenu lundi avec son homologue russe, Sergeï Lavrov, en marge de la rencontre annuelle des nations de l’Asie du Sud-Est, au Laos.

Cette discussion d’une demi-heure au Laos, un terrain neutre pour les deux parties, relance les démarches du gouvernement libéral pour décrisper les relations avec le Kremlin

Lors de la campagne électorale, les libéraux s’étaient engagés à renouer avec la Russie, alors que le gouvernement conservateur avait coupé les ponts.

En mars dernier, le gouvernement canadien de Justin Trudeau a envoyé ses premiers véritables signaux indiquant qu’il était prêt à décongeler ses relations avec la Russie.

Stéphane Dion
Stéphane Dion © (Paul Chiasson)

Devant un public universitaire, le ministre Stéphane Dion avait affirmé que le refus d’engager la conversation avec un régime politique autoritaire ne peut que punir le Canada.

Dans son discours à l’Université d’Ottawa, Stéphane Dion discutait alors de la philosophie qu’il souhaitait voir guider ses choix à la tête des affaires internationales du Canada.

Il affirmait par exemple que le Canada devait tenir à ses principes, mais le faire d’une manière pragmatique, sur des dossiers allant de la guerre contre le groupe armé État islamique au changement climatique.

Aide-mémoire…
Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014, les contacts entre les deux nations se sont limités à des discussions entre bureaucrates.
Le précédent gouvernement canadien de Stephen Harper avait refusé, durant les deux dernières années de son mandat, toute rencontre avec des représentants de Moscou tant que la péninsule de la Crimée n’était pas rendue à l’Ukraine.
Lisez : Combat contre la Russie : le Canada en fait-il trop?

Vladimir Poutine (gauche) et Stephen Harper (droite) lors du sommet du G-20, le 5 septembre 2013 avant le grand froid entre les deux pays.
Vladimir Poutine (gauche) et Stephen Harper (droite) lors du sommet du G-20, le 5 septembre 2013 avant le grand froid entre les deux pays. © PC/Dmitry Lovetsky

Le Canada met ses cartes sur table

Selon le porte-parole du cabinet de Stéphane Dion, Joseph Pickerill, le ministre canadien a exprimé à son homologue russe son inquiétude par rapport à la confrontation entre la Russie et l’OTAN en Europe de l’Est, de même que par rapport aux jeux politiques et militaires de la Russie en Ukraine et en Syrie.

Les deux diplomates ont également discuté d’une coopération potentielle quant à l’Arctique, l’espace et le contre-terrorisme – des enjeux fréquemment soulevés par la Russie pour détourner l’attention de la situation en Ukraine.

La rencontre entre MM. Dion et Lavrov a été saluée par les autorités russes, qui espèrent un nouveau départ dans les relations entre les deux pays. Mais elle a suscité des réactions mitigées du côté de l’opposition au Canada.

Un dialogue, mais pas à n’importe quel prix

James Bezan
James Bezan © Radio-Canada

La Russie doit être mise à l’écart pour son annexion de la Crimée et son soutien persistant aux rebelles séparatistes dans l’est de l’Ukraine, a affirmé le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan.

« Tant que la Russie ne désamorce pas ses activités et ne réduit pas les tensions dans la région, y compris dans les Balkans, nous ne devrions pas discuter avec elle », a soutenu M. Bezan.

Hélène Laverdière
Hélène Laverdière

La porte-parole néo-démocrate en matière d’affaires étrangères, Hélène Laverdière, a dit croire qu’en théorie le dialogue est une bonne chose. Néanmoins, elle a aussi appelé le gouvernement libéral à imposer des sanctions contre deux proches alliés du président russe, Vladimir Poutine, qui ont des liens d’affaires avec le Canada.

Sur fond de rapprochement diplomatique, le Canada maintient ses pressions militaires

Plus tôt cet été, le gouvernement de Justin Trudeau a annoncé qu’il contribuerait au déploiement de forces de l’OTAN afin de dissuader Moscou de tenter des agressions ou des intrusions dans les pays qui longent ses frontières à l’ouest. Tout comme les États-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni, le Canada mènera son propre bataillon en Europe de l’Est – soit un groupement tactique de 1000 soldats, en Lettonie.

Plus tôt ce mois-ci, durant le sommet des dirigeants de l’OTAN à Varsovie, où la mission en Lettonie a été dévoilée, M. Dion avait affirmé à La Presse canadienne qu’il était « terriblement regrettable » que le Canada ait à envoyer des forces militaires en Europe de l’Est. Mais il a aussi affirmé qu’il était dans l’ordre des choses de discuter avec la Russie.

« Le Canada se montrera déterminé tant dans la dissuasion que dans le dialogue. Nous nous devons d’agir [sur les deux fronts], a dit M. Dion. C’est important pour nos alliés, y comprisl’Ukraine. C’est important pour nos propres intérêts. Après tout, la Russie est notre voisin dans l’Arctique. »

Justin Trudeau passe en revue la garde d’honneur à son arrivée à Yavoriv en Ukraine le 15 juillet dernier.
Justin Trudeau passe en revue la garde d’honneur à son arrivée à Yavoriv en Ukraine le 15 juillet dernier. © PC/Adrian Wyld

RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

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Catégories : International, Politique
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