Le 13 septembre 2006, au Collège Dawson, à Montréal, un jeune homme apparemment sans histoire, se nommant Kimveer Gill, tue à bout portant une étudiante de 18 ans, Anastasia De Sousa, et l’atteint de neuf projectiles. Il blesse aussi une vingtaine de personnes avec une arme acquise légalement, puis il se suicide. Huit des victimes étaient jugées le matin du 14 septembre dans un « état critique ».
Un.jeune homme, Hayder Kadhim, devra vivre pour le restant de ses jours avec une balle dans la tête et une autre dans le cou, projectiles tirés par Kimveer Gill.
Le jeune tueur avait affiché sur son blogue du site vampirefreaks.com de nombreuses photos de lui brandissant des armes. Il y exprimait sa haine de la société, des gens normaux, des professeurs, responsables selon lui des nombreux taxages qu’il avait essuyés au secondaire.
Cette tragédie a mené à deux rapports du coroner en 2008, qui recommandaient notamment de prohiber les armes semi-automatiques et aussi toutes celles dont le chargeur se trouve derrière la détente. « C’est un fusil plus léger, plus facile à manoeuvrer, mais qui est quand même très précis, et qui ne devrait pas être accessible aux civils », avait précisé en point de presse le coroner Jacques Ramsay au moment du dévoilement de son rapport.
Gill possédait trois armes à feu dûment enregistrées : une carabine semi-automatique, de marque Beretta, modèle Cx4 Storm, un pistolet de marque Glock de calibre 9 mm Parabellum, ainsi qu’un fusil de chasse chinois, de marque Norinco, modèle HP-9, doté d’un canon de 13 pouces.
Louise De Sousa, mère d’Anastasia De Sousa tuée au Collège Dawson, Suzanne Laplante-Edward et Jim Edward, parents d’Anne-Marie Edward, tuée à la Polytechnique, ont milité en faveur d’un contrôle plus serré des armes à feu au Canada. PHOTO : GRAHAM HUGHES
L’arme principale du tueur est encore plus accessible qu’il y a dix ans
Anastasia de Sousa
L’arme principale de Kimveer Gill, le Beretta CX4 Storm, qui lui a servi à tirer 72 balles au Collège Dawson, était classée dans la catégorie « restreinte » à ce moment-là, ce qui nécessitait un permis spécial de possession, un permis de transport d’arme qui obligeait son détenteur à être membre d’un club de tir, le seul endroit où il pouvait se servir de ce fusil.
Or, l’achat de ce fusil semi-automatique d’aspect militaire est toujours légal dix ans plus tard, malgré les efforts de plusieurs groupes. Et, depuis, une version légèrement modifiée de ce fusil a été mise en vente au Canada, ce qui le rend encore plus accessible.
Le modèle CX4 Storm est maintenant en vente en version « non restreinte ». Seul un permis ordinaire est exigé pour se le procurer. Pour que le fusil puisse entrer dans la catégorie « non restreinte », le manufacturier a augmenté légèrement la longueur du canon (de 40 cm à 48 cm). En deçà de 47 cm, ce type de fusil est classé dans la catégorie « restreinte ».
Cette différence de trois pouces ne changerait absolument rien quant à la puissance de l’arme ou à sa précision, selon Tony Bernardo, directeur de l’Association des sports de tir au Canada. D’après cet expert des armes à feu, le modèle non restreint est vendu depuis quatre ou cinq ans.
L’expert en armes à feu et en balistique Alan Voth explique que les fabricants d’armes étudient les lois de chaque pays et créent une version adaptée à la législation de chacun des marchés, ce qui leur donne plus d’occasions de vente. Car une arme non restreinte se vend plus facilement.
Guy Morin, vice-président du collectif Tous contre un registre québécois des armes à feu, croit de son côté qu’il n’y a pas de problème avec les armes semi-automatiques au Canada : les fusillades sont rares, dit-il, et les meurtres sont le fait de criminels qui acquièrent des armes illégales. Ou encore de gens atteints de troubles mentaux.
Des dates et des chiffres Avant la fusillade au collège Dawson, une dizaine de fusillades avait frappé des écoles au Canada durant les 50 précédentes années
– Le 16 mars 1959, Stan Williamson, 19 ans, ouvre le feu dans un corridor d’une école à Edmonton. Il tue un étudiant de 16 ans et en blesse cinq autres.
– Le 28 mai 1975, à Brampton, en Ontario, Michael Slobodian, un garçon de 16 ans, ouvre le feu sur des étudiants dans les toilettes de l’école. Il tue 2 personnes – un étudiant et un enseignant – et en blesse 13 autres, avant de s’enlever la vie.
– Le 27 octobre 1975, à Ottawa, en Ontario, Robert Poulin, un étudiant de 18 ans, tue une personne et fait cinq blessés, puis s’enlève la vie. Avant de commettre cette fusillade, il viole et tue une autre camarade de classe dans son sous-sol.
– Le 19 octobre 1978, à Winnipeg, au Manitoba, un étudiant de 17 ans tue un étudiant de 16 ans. Il est arrêté, mais il est plus tard acquitté de meurtre au premier degré pour cause de problèmes mentaux.
– Le 6 décembre 1989, Marc Lépine entre dans l’École polytechnique, à Montréal, et tue 14 femmes. Il tire pendant 20 minutes en affirmant que les féministes ont ruiné sa vie. Il se suicide ensuite.
– Le 24 août 1992, Valery Fabrikant, chargé de cours du Département de génie mécanique de l’Université Concordia, abat deux personnes et en blesse trois autres avec une arme dissimulée dans sa mallette (deux blessés mourront par la suite).
– Le 28 avril 1999, à Taber, en Alberta, Todd Cameron Smith, un adolescent de 14 ans, tue une étudiante de 17 ans et fait un blessé. Cette fusillade serait inspirée de la tragédie de Columbine, aux États-Unis, qui est survenue huit jours auparavant.
– Le 10 décembre 2004, un homme de 47 ans tue une enseignante dans le stationnement de l’école secondaire Bramalea, à Brampton, en Ontario.
Les 14 femmes abattues par Marc Lépine le 6 décembre 1989, à l’École polytechnique de Montréal. PHOTO : RADIO-CANADA
Dans cette nouvelle vidéo, l’Université McGill à Montréal montre à ses étudiants comment survivre à une fusillade
RCI avec La Presse canadienne, Radio-Canada et Wikipédia
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