À la veille de la réunion des députés fédéraux conservateurs à Halifax, en Nouvelle-Écosse, ce qui retient l’attention, ce sont les divergences autour de la proposition de l’une des candidates à la direction du parti sur la question de l’immigration.
En prévision de la rentrée parlementaire du 19, les troupes conservatrices ont choisi de se réunir mardi et mercredi dans une région où ils ont été balayés de la carte aux dernières élections.
La chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a dit vouloir profiter de ce passage dans l’est du pays pour tenter de reconquérir les électeurs des provinces de l’Atlantique, qui ont toutes fait confiance au Parti libéral aux élections d’octobre dernier.
Mme Ambrose a dit faire « du rétablissement des liens avec le Canada atlantique une priorité » et échanger « directement avec des leaders communautaires et des affaires à Halifax, et travailler fort pour gagner la confiance des Canadiens de l’Atlantique ».

Front commun contre Kellie Leitch?
Le sujet qui va cependant probablement focaliser l’attention dans les discussions en coulisses, c’est la course à la succession de Stephen Harper. La suggestion de l’une des aspirantes au titre, Kellie Leitch, de filtrer les immigrants en fonction de leurs « valeurs anticanadiennes » a jeté un véritable pavé dans la mare conservatrice.
Ses adversaires déclarés Maxime Bernier, Michael Chong, Deepak Obhrai et Tony Clement se sont dissociés de cette proposition, tout comme l’ont fait d’anciens stratèges conservateurs et des députés comme Michelle Rempel ainsi que la candidate pressentie Lisa Raitt.
Rona Ambrose s’en est aussi mêlée, exprimant son désaccord avec l’idée en entrevue sur les ondes du réseau CTV, la semaine dernière. La candidate Leitch n’a pas apprécié cette ingérence de la part de celle qui tient les rênes de la formation à titre intérimaire.
La députée ontarienne n’a d’ailleurs pas écarté la possibilité de se plaindre auprès des autorités du Parti conservateur, affirmant au cours d’un entretien diffusé dimanche dernier à CTV que son équipe de campagne avait eu des échanges avec le bureau de Mme Ambrose.

La ligne dure fait tache d’huile
Reste la grande interrogation : la ligne dure de Kellie Leitch et la surenchère sécuritaire s’emparent-elles d’autres candidats? En tout cas, à la veille de la réunion d’Halifax, Tony Clement, un adversaire de Mme Leitch, n’exclut pas d’emprisonner indéfiniment les Canadiens qui posent un risque élevé de commettre un attentat terroriste.
L’ancien ministre du cabinet Harper remettrait sur la table la possibilité de révoquer la citoyenneté aux Canadiens condamnés pour terrorisme qui possèdent une double nationalité.
Le député ontarien a même poussé la note en affirmant que ceux qui posent une menace terroriste et qui ont signé un engagement à ne pas troubler l’ordre public devraient être surveillés 24 h par jour ou, si ce n’est pas possible, être emprisonnés « jusqu’à ce qu’ils ne posent plus de menace ».
Il a soutenu qu’il serait possible de déposer un projet de loi en ce sens qui n’irait pas à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. Clement aimerait également la publication d’une liste de terroristes « recherchés », ainsi qu’une liste de sympathisants.
Par ailleurs, M. Clement a dit qu’il aimerait notamment que tous les immigrants subissent une entrevue face à face ou par vidéoconférence avec des agents d’immigration avant de pouvoir fouler le sol canadien. S’il était choisi chef, il proposerait un projet pilote en ce sens.

D’autres candidatures possibles
Bref, la course à la direction semble bel et bien lancée, et elle pourrait prendre un nouveau tournant lorsqu’un ancien député de l’Atlantique lèvera le voile sur ses intentions. L’ex-ministre Peter MacKay, qui avait quitté la vie politique afin de consacrer plus de temps à sa jeune famille, a reconnu qu’il devrait trancher bientôt.
« Évidemment, une décision devra être prise sous peu, parce que je ne veux pas garder les gens dans l’ignorance ni influencer leur décision », a dit le 1er septembre dernier cet ancien poids lourd du gouvernement Harper, qui est favori dans la plupart des sondages menés au cours des derniers mois.
On surveille aussi l’entrée en scène possible d’une autre conservatrice originaire de la région. Lisa Raitt représente une circonscription ontarienne, mais elle est née à l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse.
L’ancienne ministre des Transports a pris sa décision, mais elle n’est pas prête à l’annoncer.
« Je prévois aller au caucus sans avoir dit quoi que ce soit à ce sujet », a-t-elle déclaré vendredi dernier en point de presse au parlement, disant cependant comprendre qu’à deux mois du premier débat entre candidats, certains qui pourraient être tentés par l’aventure ont hâte qu’elle affiche ses couleurs.

Calendrier fixé
La date limite pour déposer une candidature est le 24 février 2017, mais les débats entre candidats débuteront avant cette date.
Le premier, en anglais, aura lieu le 10 novembre à Saskatoon, et le second, bilingue, se tiendra le 6 décembre à Moncton. Le Parti conservateur prévoit organiser un total de cinq joutes oratoires, dont une exclusivement en français, d’ici la date de l’élection du prochain chef, le 27 mai 2017.
Les aspirants au poste de chef ne se bousculent pas au portillon. Pour l’heure, seuls cinq d’entre eux, à savoir Maxime Bernier, Kellie Leitch, Tony Clement, Michael Chong et Deepak Obhrai ont officiellement déposé leur candidature et payé leur dépôt de 25 000 $.
D’autres, comme le représentant de la droite sociale Brad Trost, s’apprêtent à le faire, et plusieurs autres noms circulent, dont ceux des députés Steven Blaney, Andrew Scheer, Erin O’Toole et Pierre Lemieux

(Avec La Presse Canadienne)
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